Fanfiction Divergente 4 - Résurgence : Chapitres 2 et 3

Par Les Griffonneuses

Salut tout le monde !

Vacances obligent, on s'est dit que vous aimeriez avoir la suite de cette fanfiction, entamée dimanche dernier. Il est vrai que nous avions annoncé un chapitre par semaine mais n'y tenant plus de connaître votre avis, nous avons décidé exceptionnellement de vous donner deux chapitres supplémentaires en milieu de semaine. Je vous laisse donc découvrir, et revenir dimanche pour la suite !

Le chapitre 2 étant très court, nous vous donnons les chapitres 2 et 3 ! De quoi satisfaire votre curiosité et vous faire patienter ! :)

Si vous avez raté le premier chapitre, vous pourrez le retrouver ici !

Si vous souhaitez lire l'histoire sur Wattpad, retrouvez l'histoire ici !

CHAPITRE DEUX

-   Qu’en penses-tu, Tobias ?

Johanna patiente quelques secondes en regardant le jeune homme. Celui-ci, perdu dans ses pensées, n’a pas entendu la question.

-   Tobias, tu n’es pas avec moi.

-   Pardon ? Oh, désolé Johanna. Oui c’est une bonne idée.

-   Laquelle ?

-   Toutes tes idées sont bonnes, répond-il avec un sourire.

-   Tu n’as pas la moindre idée de ce que je t’ai dit, je crois, réplique doucement Johanna.

-   Désolé, j’étais ailleurs. Si, j’ai entendu, je vais contacter les autres cités, je vais travailler à la mise en place des échanges dont tu parles. La mise en réseau des systèmes informatiques va prendre un peu de temps, mais elle nous fera gagner beaucoup d’énergie par la suite.

Johanna penche un peu la tête en silence et dévisage Tobias.

-   Laisse le projet pour l’instant Tobias. Ne veux-tu pas me dire ce qui te préoccupe ? Cela fait plusieurs semaines que tu es absent, absorbé, renfermé.

Tobias adresse à Johanna un de ses petits sourires désarmants qui lui évitent souvent d’avoir à expliquer quoi que ce soit. Mais Johanna ne semble pas sensible à ce charme.

-   Tu te ronges, Tobias. Il faut que tu parles à quelqu’un. A quoi penses-tu donc si fort ?

-   A Tris, ment-il à demi.

-   Personne ne l’a oubliée. Il faut que tu cultives l’espoir plutôt que les regrets, Tobias.

-   Je sais, je m’y efforce.

-   Caleb et toi devez vous serrer les coudes, et avancer ensemble, glisse Johanna. Tu l’as vu récemment ?

Tobias lève un regard direct et inquisiteur sur la femme qu’il assiste dans ses travaux à la gouvernance de Chicago, en croisant les bras et en s’appuyant sur la table.

-   Non. Il a essayé de me contacter. Mais je ne recherche pas sa compagnie particulièrement. Pourquoi me dis-tu ça ?

-   Comme ça. C’est logique de se regrouper quand on partage des points communs. Il faut pardonner, Tobias, et s’entraider.

-   Il n’a pas besoin de moi. Il est entouré.

-   Et toi ? L’es-tu suffisamment ? Par les gens que tu voudrais ?

-   Je te l’ai dit, je m’y efforce.

-   Comme tu voudras.

Johanna marque une pause, soupire, et conclut :

-   Je te laisse réfléchir aux projets que je t’ai présentés et me dire ceux que tu penses réalisables, sur le plan informatique dans un premier temps.

Tobias se lève, dépose une bise affectueuse sur la joue de Johanna et se dirige vers la porte.

-   Oui, je te dirai, je vais prendre quelques contacts. A bientôt.

La porte se referme, Johanna soupire encore en secouant la tête.

***

Tobias rentre chez lui. En ouvrant la porte, il tombe sur sa mère, enroulée dans une large serviette, sortant juste de la douche.

-   Oh, désolée, je ne t’attendais pas si tôt. Je vais m’habiller, lui dit-elle.

-   C’est pas grave, prend ton temps, je vais aussi y aller, à la douche, ça me fera du bien, répond son fils.

-   Comment ça, « ça te fera du bien » ? Qu’y-a-t-il Tobias, tu as l’air si sombre depuis près de deux mois ! Qu’est-ce-qu’il y a ?

-   Je vais bien, j’ai besoin de réfléchir, c’est tout. Johanna me confie de lourdes responsabilités, je ne sais pas si je peux toutes les assumer, ment-il encore.

-   Dis ça à quelqu’un d’autre que ta mère, mon fils.

Tobias sourit.

-   Ne t’inquiète pas, je suis un grand garçon. Mais j’aurai quelque chose à te proposer. Mère…

-   Avant que tu ne me dises ce que tu veux me proposer, coupe Evelyn, j’ai une grande nouvelle. Je suis impatiente de te l’apprendre.

-   Vas-y, dit Tobias sur un ton conciliant.

-   J’ai trouvé un travail. On m’a proposé la création d’un centre de formation pour adultes. Beaucoup de gens ont tout perdu pendant la guerre civile, y compris la mémoire de leur ancien travail. Ceux qui ont des savoir-faire vont proposer des ateliers à ceux qui veulent les apprendre. J’ai encore beaucoup de connaissances parmi les anciens sans-faction. Nous étions les rois de la débrouille. Je peux peut-être coordonner tout ça.

-   C’est un beau projet, je suis content pour toi, mais c’est curieux, Johanna ne m’en a pas parlé.

-   Ce n’est pas encore remonté aussi haut, c’est un projet associatif récent. Mais je vais avoir besoin de temps, de matériel, et de place. Tobias, je vais chercher un logement indépendant. Et te rendre ta liberté.

Le jeune homme regarde sa mère d’un air mi-méfiant, mi-souriant.

-   Dis ça à quelqu’un d’autre que ton fils, rétorqua malicieusement Tobias en copiant sa mère.

Evelyn sourit en prenant entre ses mains la tête de son grand garçon.

-   Tu as raison, dit-elle en riant. Je vais travailler à ce projet, c’est vrai, mais peut-être aussi que j’ai un bel homme en vue ?

Tobias rit. Sa mère est belle, charismatique et encore jeune. A la quarantaine à peine, elle pouvait sans problème attirer beaucoup d’hommes.

-   Ne te donne pas cette peine. Reste ici, lui dit-il en jetant un regard circulaire, la plupart des affaires qui sont ici sont les tiennes. C’est moi qui vais changer de logement.

-   Tu es sûr ? C’est chez toi ici.

-   Pas vraiment, la contredit Tobias. Ce ne sont que des murs. Et j’ai une opportunité, je sais déjà où aller. Je vais aussi avoir besoin d’installer chez moi des ordinateurs pour travailler à un projet que me confie Johanna. Je n’ai pas assez de place ici.

-   Où vas-tu ?

-   Laisse-moi un jour où deux. Dès que je trouve une ou deux personnes pour m’aider à porter mes quelques affaires, je les transfère et je t’informe, répond Tobias en louvoyant.

-   Cela m’ennuie de te chasser comme ça. Prends ton temps, réfléchis.

-   Cela fait un moment que j’y réfléchis, il n’y a pas de problème, je t’assure. Je m’occupe de tout ça dès demain, la rassure Tobias. Je vais à la douche.

-   Comme tu voudras. Dis-moi maintenant, que voulais-tu me proposer ?

-   Rien d’important, une opportunité de travail peut-être, mais ce n’est plus d’actualité, répond Tobias.

Evelyn sourit avec une pointe de tristesse au beau jeune homme à l’air mélancolique qui la regarde. Ses cheveux bruns frisottent sur le dessus, ses yeux semblent fatigués, malgré leur intensité. Elle se met sur la pointe des pieds pour poser un baiser sur sa joue, puis le suit des yeux tandis qu’il s’éloigne vers sa chambre, à nouveau refermé sur lui-même.

Dès que Tobias est hors de sa vue, elle reprend un visage soucieux. Cela fait maintenant des semaines que son fils dort mal, s’agite la nuit, et marmonne des mots incompréhensibles d’un ton angoissé en dormant. Inutile de le questionner. Si Tobias a décidé de ne pas lui en parler, il ne le fera pas. Elle n’est donc pas la personne à qui il a besoin de se confier. Retrouver la solitude lui permettra peut-être de faire des projets personnels et recevoir des visiteurs à qui il pourrait parler de ce qui le torture ainsi.

Dans la salle de bain, Tobias laisse quelques minutes l’eau couler sur ses cheveux, tête baissée, les yeux fermés. Le ruissellement l’apaise un peu, comme un massage doux et patient. L’annonce d’Evelyn le soulage, il voulait justement lui demander si cela la peinerait qu’il déménage. Avec un petit sourire, il se dit qu’elle avait sans doute deviné son besoin, et anticipé sa demande, avec tact, et en retournant la demande comme si elle venait d’elle.

En séchant sa peau, il décide que dès demain, il contactera la directrice de l’orphelinat pour savoir si son offre tenait toujours. Peut-être que l’animation régnant dans le bâtiment lui permettrait d’avoir un dérivatif à ses pensées obsédantes. Malgré son désir buté d’occulter la réalité, il devra peut-être l’affronter un jour. Johanna avait raison : comme elle l’avait dit un jour à Beatrice, chez les Fraternels, se laisser ronger par la haine ou la peur ne résout pas les problèmes et n’en fait pas disparaître l’origine.

Il n’était plus capable de se concentrer, de travailler efficacement depuis qu’il avait reçu, un mois et demi plus tôt, un message de Caleb qui lui annonçait : « Elle est réveillée ».

                               

CHAPITRE TROIS

Le lendemain, il n’aura fallu à Tobias qu’un contact avec Christina, au bureau de reclassement où elle travaille, et à Johanna, pour obtenir de l’aide et un véhicule pour transporter ses quelques affaires. Le transfert est prévu pour le jour suivant.

Il a rendez-vous avec la directrice de l’orphelinat, Donna. A son arrivée dans le bâtiment, celle-ci, tout sourire, l’accueille avec grand cœur.

-   Je suis heureuse de vous voir, Tobias, venez, j’ai préparé du café, ça vous tente ?

-   Du café ? Je ne connais pas. Oui, merci.

Elle guide Tobias vers la salle de repos, qui contient une table, quelques chaises, et une bouilloire commune. Partout, des dessins colorés égayent des pans de murs entiers. D’autres sont ornés des ouvrages d’adultes : peintures, tentures, des créations qui, à elles seules, transpirent l’espoir et la renaissance de la ville.

Donna présente à Tobias une tasse et verse l’eau sur le café. Immédiatement, un parfum chaud et odorant se répand dans la pièce.

-   Savez-vous que nous utilisons l’odeur du café pour apaiser les personnes qui souffrent de stress ? commente la directrice.

-   Non, répond Tobias en souriant, c’est efficace ?

-   Oui, très, l’odeur du café est décontractante, c’est un parfum qui ravit les sens, dès le matin, et nous l’utilisons même sur des bébés qui ont du mal à se calmer. Ils n’en boivent pas bien sûr, mais juste l’odeur, cela fait des miracles !

-   Je vais essayer cette thérapie naturelle ! acquiesce Tobias en souriant. Il trempe les lèvres dans le breuvage et juge : c’est délicieux, vraiment ! Meilleur que la chicorée que nous pouvions obtenir jusqu’à présent.

-   Ça me fait plaisir ! Alors Tobias, j’espère que vous venez me dire que vous avez reconsidéré mon offre ? s’enquiert Donna en sirotant sa boisson brûlante.

Tobias hume la fumée parfumée qui s’élève gracieusement de sa tasse. Le café a été réintroduit depuis quelques mois dans le quotidien à Chicago, l’autarcie ayant fait long feu, même si elle reste encore le principal moyen de subsistance. Mais un grand nombre de citoyens ne l’ont pas encore dégusté, le changement se glisse avec discrétion dans les foyers concentrés sur leur liberté retrouvée et sur les recompositions de groupes familiaux disloqués par le système aboli des factions.

-   Si vous voulez bien de moi. Ma mère a besoin d’indépendance, il est temps que je coupe à nouveau le cordon, argumente Tobias.

-   Et vous, Tobias, de quoi avez-vous besoin ?

-   De chasser mes démons, je suppose, murmure Tobias comme pour lui-même, le regard perdu au fond de sa tasse.

Puis fixant à nouveau la directrice, il ajoute avec un petit sourire navré :

-   Il me faut aussi un espace calme et rien qu’à moi pour travailler, Johanna entend que je sois Altruiste avec mes concitoyens, et Audacieux dans ma vie personnelle. Par contre, que puis-je faire en échange de cet accueil ?

-   Je n’ai aucune inquiétude, nous avons tant de besoins dans des domaines variés, et vous savez faire tant de choses. Une aide informatique, et même un coach sportif pour les enfants, c’est dans vos cordes j’en suis sûre.

-   Ça peut s’arranger sans problème, accepte Tobias avec reconnaissance.

-   Les enfants vont vous adorer, s’émerveille Donna, les mains jointes.

-   Je les adore aussi. J’avais beaucoup de plaisir, chez les Fraternels, quand j’y ai trouvé refuge, à passer du temps avec eux, leur joie de vivre communicative était un bol d’air pour nous tous, répond Tobias avec un pincement nostalgique dans la voix.

-   Ils vous apporteront le même bonheur aujourd’hui, je pense que vous en avez besoin, mon cher petit, autant qu’ils ont besoin d’un guide et d’un modèle.

Tobias lui sourit modestement.

-   Je n’ai pas beaucoup d’affaires, je viendrai demain avec. Par contre, je vais devoir apporter un peu de matériel informatique. Je vais travailler une partie du temps ici.

-   Vous êtes chez vous, faites comme il vous plaît.

Donna et Tobias échangent quelques minutes sur les règles de sécurité dans le bâtiment, les codes d’accès et le quotidien. Puis le jeune homme prend congé et repart, sans être sûr le moins du monde d’avoir fait le bon choix, ni de pouvoir l’assumer. Mais si Tris lui avait appris quelque chose dont il devait se souvenir, et s’inspirer chaque jour, c’est de ne jamais abandonner, et que même si on partait de très loin, on pouvait faire des miracles avec de la persévérance, de la bienveillance et… de l’audace.

Le lendemain soir, Christina a recruté un collègue, et Johanna envoyé un de ses anciens co-factionnaires Fraternel au volant de son véhicule. Tous se rendent au domicile de Tobias sur la rive droite du fleuve. En quelques minutes, ses maigres affaires – vêtements, un peu de matériel professionnel, et son précieux bibelot en verre bleu, sa cascade –  sont chargées.

Evelyn serre son fils dans ses bras. Tobias, les mains sur la taille de sa mère, accepte l’étreinte, dépose une bise sur sa joue et lui dit en souriant :

-   A bientôt, je ne vais pas loin.

-   Tu me diras ?

-   Oui, dès que je suis installé, je t’appelle en visio, tu viendras me voir, si tu as envie. De ton côté, si tu as besoin de quelque chose, dis-le.

-   Merci. Tobias, je t’aime fort, lui souffle-telle avant de relâcher son fils.

Tobias lui sourit. Il n’a jamais réussi à vraiment accepter ces déclarations d’amour maternel. La première personne, dont il ait le souvenir qui lui ait exprimé cet amour, c’est Tris. Ces mots sont devenus, et restés, sa propriété, son privilège. Comme il s’y était engagé, il a mis de côté les anciennes rancœurs contre sa mère, et ce qui les avait séparés. Accepter son retour, sa proximité, c’était déjà un grand pas pour lui. Il y a des plaies qui refusent de guérir.

Il saisit les deux derniers sacs de vêtements prêts à partir, et sort de l’appartement, avec plus de soulagement qu’il ne l’aurait cru. Une marche de plus vient d’être gravie vers sa réparation : cette fois, il n’est pas abandonné, c’est lui qui part, sans haine, sans violence, et sans regrets.

Dans l’orphelinat, ses quelques caisses chargées sur un diable, Tobias guide ses amis vers son nouvel appartement. Il ouvre la porte et il sent immédiatement l’effluve embaumé du café. Il sourit, Donna est venue déposer du café chaud pour l’accueillir.

-   C’est aussi triste que toi ici ! s’exclame Christina en entrant dans le logement de Tobias, avec sa sincérité brutale habituelle.

-   Toujours aussi diplomate, rétorque Tobias en souriant.

-   Ben quoi : du blanc sur les murs, du noir sur toi, on dirait un Sincère !

-   Je viens d’arriver, laisse-moi le temps, s’amuse Tobias. Tiens, voilà du bleu déjà, dit-il en posant son bibelot fétiche sur la table.

-   Super, on se croirait dans un parc d’attractions maintenant ! commente Christina, sarcastique.

En deux pas, Tobias l’a agrippée, jetée sur son épaule. Christina hurle de rire, en lui martelant le dos des poings. En une puissante détente du jeune homme, la jeune fille est projetée sur le grand lit comme il aurait soufflé sur un fétu de paille. Le souffle coupé, Christina rit à s’étouffer.

-   Qui êtes-vous ? ricane-t-elle. Qu’avez-vous fait de mon ami mort-vivant ?

-   Je ne suis pas mort-vivant, conteste Tobias en fusillant Christina.

Elle a vraiment le don de le faire sortir de ses gongs.

-   Ah ! Le revoilà ! insiste Christina d’une voix sardonique.

-   Tu es impossible ! jette Tobias.

Christina éclate de rire, Tobias ne peut garder son sérieux. Dans un sens, il est reconnaissant à la pétillante ancienne Audacieuse, c’est un boute-en-train, un exemple à suivre. Après tout, elle aussi a souffert et affronté le deuil.

Deux allers-retours plus tard, le matériel informatique fourni par Johanna est posé sur une longue console placée sous les fenêtres.

-   On t’aide à brancher tout ça ? demande Christina.

-   Non, merci. Ça m’occupera ce soir. Venez, je vais vous faire visiter l’orphelinat et vous présenter à Donna, la directrice. Si je dois recevoir des visites, il vous faudra montrer patte blanche, sécurité oblige.

Le petit groupe, joyeux et bruyant, retraverse le bâtiment sous l’œil étonné de quelques personnes âgées peu habituées à ce tintamarre. Quelques enfants, attirés par l’animation, les rejoignent en courant. La directrice les attend dans le hall d’entrée, elle les a entendus arriver de loin…

Le petit groupe la suit dans son bureau, chacun est attiré par les dessins multicolores tapissant l’arrière du bureau, et bien sûr par le portrait de Beatrice, sur le mur, à côté de la fenêtre. Tobias, lui, reste planté devant le bureau, en évitant de regarder sur sa gauche, discutant de tout et de rien avec la directrice. Christina lui donne un grand coup de coude dans les côtes.

-   Quoi, dit-il en la repoussant.

-   Fais pas l’innocent, tacle Christina.

-   Lâche-moi, Christina, tu veux, grogne Tobias.

-   La cicatrisation ne prend pas le même temps chez tout le monde, vous savez jeunes gens, dit Donna en souriant. J’ai bien noté, Tobias, que vous alliez drainer ici toute cette jeunesse, je m’en réjouis. J’ai parlé du sport aux enfants, ils ont hâte.

-   Tu vas faire quoi ? demande Christina.

-   Animer quelques activités sportives pour les gens ici, explique Tobias.

-   Super, je viendrai m’entraîner, s’emballe son amie, on s’encroûte derrière un bureau !

-   C’est une bonne idée, ouvrir ce lieu à tous, ça nous permettra d’obtenir de l’aide, on peut espérer que le Bureau nous donnera plus de moyens, réfléchit la directrice à voix haute.

-   Allez, crie Tobias à ses compagnons, on a assez fait de bazar dans le bureau, on sort.

La troupe salue Donna, se fraye un chemin à travers le groupe de gamins qui s’étaient attroupés devant la porte, poussés par la curiosité et se dirige vers la sortie. Tobias remercie ses amis à la porte pour leur aide, et prétexte son rangement pour ne pas se joindre à la sortie qu’ils lui proposent.

Tobias retourne dans son appartement et s’assied sur le lit, penché en avant, les avant bras posés sur ses genoux. Il est soucieux. Chacun de ses regards se pose sur un meuble, et plus qu’un meuble, sur un souvenir. Presque tous le ramènent à Tris. Il n’a pas ouvert la porte de la chambre voisine. Mais il a fait un premier choix : assumer les souvenirs plutôt que les fuir, en intégrant ce logement où sont installés les accessoires issus de son passé d’Audacieux.

Pour ne pas ruminer d’idées noires, il entreprend d’installer tout son matériel informatique. Il lui reste à déterminer s’il va réussir à ouvrir les vidéos que Caleb lui a envoyées depuis un mois et demi, sur la naissance inédite et l’entrée dans la vie de la sœur jumelle clonée de Beatrice.