Depuis quelques années maintenant, les allemands n'en finissent plus de revenir, par leurs œuvres cinématographiques sur les blessures de leurs passés.
Après Hanna Arendt en 2013 et le Labyrinthe du silence l'an passé, « Fritz Bauer, un héros allemand », présenté en compétition au festival de Beaune 2016 ( tout dernier film que j'ai vu lors de mon séjour beaunois), et qui est sorti mercredi dernier sur les écrans, continue à insister sur le nécessaire devoir de mémoire du cinéma allemand, plus que jamais indispensable, à l’heure où des idées extrémistes continuent de germer, eton est heureux de voir combien la difficile et douloureuse dénazification de l’Allemagne est un tabou historique qui tombe de plus en plus en Allemagne.
Alors que Labyrinthe du silence mettait en lumière le procès de Francfort, dans les années 60, un tournant dans l'histoire de la RFA qui en finissait avec des années d'amnésie volontaire, "Fritz Bauer un héros allemand " est une sorte de prequel en finissant là ou le Labyrinthe du silence commence avant le procès en question.
Avant que le cinéma ne se penche dessus, on ignorait que dans les années 60, étaient à la tête des institutions des anciens nazis pas vraiment envahis par le remords et ces œuvres en question ont le grand mérite d’insister sur cet aspect des choses.
A travers l’œuvre et l’action de ce procureur qui a tant fait pour la dénazification de l'Allemagne après la seconde guerre mondiale et qui a notamment permis l'arrestation d'Eichmann, afin que celui ci réponde de ses crimes devant la justice, le film montre le combat d’un homme seul ou presque pour affronter une société politique d'après guerre qui cherche à évoluer sans changer ses acteurs.
Si la mise en scène peut sembler un peu classique, cela n’est en rien gênant tant le scénario est passionnant : le cinéaste Lars Kraume et son Co scénariste Olivier Guez, touche à tout particulièrement brillant ont décidé de se centrer l’action de Bauer sur la traque d’Adolf Eichmann qui montre bien ce qu'il cherchait et en quoi sa personnalité était hors du commun.
Admirablement incarné par Burghart Klaussner qui lui ressemble énormément, ce Fritz bauer de fiction est un vieux procureur roué mais aussi un citoyen résolu et courageux, prêt à se compromettre pour que justice soit faite et également être humain énigmatique aux mœurs décriées qui, a dû étouffer ses préférences sexuelles et renier son identité, ce que le film montre avec beaucoup de subtilité, sans que cela n’entrave en rien le thriller politique ( grâce au beau personnage de Karl, un de ses collaborateurs, s dont la fidélité à son patron va le conduire à commettre un acte digne et émouvant.
Ainsi, parallèlement au contexte historique parfaitement reconstitué, le film parvient à consacrer une belle place à l’intime faisant de ce "Fritz Bauer, un héros allemand" un film tout à fait captivant et recommandable.