Merci pour cette interview, ça me fait plaisir aussi même si j’ai encore besoin d’entraînement !
Pourriez vous vous présenter en quelques mots pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas?
Maude Okyo auteure, voire auteure érotique les trois quarts du temps. Ma première nouvelle est sortie l’an dernier chez Collection Paulette. Depuis peu, je suis publiée chez HQN pour le premier tome d’une romance teintée d’érotisme.
Depuis quand écrivez vous?
Je me suis remise réellement à l’écriture de nouvelles érotiques l’an dernier. J’avais essayé quelques textes sans trouver un style qui me motive vraiment, c’est chose faite maintenant !
Avez vous un rituel d'écriture?
Pas vraiment, je dois m’adapter à mes autres obligations donc je fais selon le moment, souvent en musique et toujours sur un ordinateur… Voire avec une boisson chaude, en ce moment du capuccino… Comment ça tout le monde se fiche de ce genre de détail ?!
Je vous ai connu en lisant votre novella La doublure. Est ce plus simple d'écrire un récit court ou un un roman?
Plus simple, pas sûr. Sur un format court vous devez condenser et choisir vos scènes avec précision pour que la situation soit éclairée presque immédiatement, que les gens saisissent les aspects de l’histoire que vous souhaitez évoquer. En général, il y a peu de personnages, ils doivent donc intéresser le lecteur. Après je trouve ça fascinant : avoir une idée, la développer avec une économie de mots demande un vrai travail. Mes deux prochaines nouvelles à paraître répondent à des appels à textes : il y a donc une thématique précise, une longueur imposée… On sait que des inconnus partent sur les mêmes éléments, il faut traquer le bon angle d’approche, celui qui fera la différence au milieu de tous les textes reçus... J’aime bien ce challenge. L’érotique peut vraiment se prêter au format court si on veut juste raconter une rencontre fortuite, une étreinte à la sauvette ou un dimanche soir qui dérape ! Le dernier vrai avantage : le temps ! Je sais que je vais être débordée par ailleurs et que ça me permet d’écrire d’une traite par exemple. Contrairement à un roman qu’on peut difficilement faire d’une traite, on ne risque pas de perdre le ton particulier et ça donne un élan différent au texte, une cohérence interne.
Quelles sont les scènes qui vous posent en général le plus de souci à écrire?
… Bonne question… Je n’ai pas encore été jusque-là dans mon travail. Je prends l’écriture comme quelque chose de ludique, donc j’ai du recul par rapport à mes textes, je tourne longtemps autour avant de les écrire et je les relis pour voir tout ce qui ne marche pas et le reprendre. Jusqu’à présent je n’ai pas encore fait de scène insurmontable, il fallait juste reprendre les réglages ou revoir la forme, la longueur… J’ai un projet érotique long au ton totalement différent de « Sexy coach », bien plus érotique, qui me donne du mal mais plus pour avoir le temps de le faire. Y travailler tous les deux mois n’aide pas vraiment ! Bref, juste du travail mais rien qui ne fasse penser à l’artiste maudit qui souffre sur sa feuille.
Parlons à présent de Sexy Coach. Pourriez vous décrire ce roman en quelques mots?
C’est une romance contemporaine, je l’espère, dans l’air du temps. Donc avec une héroïne qui ne joue pas à la potiche de service à attendre le prince charmant en soupirant. Il y a un peu de sexe, de l’humour, des amis et une jeune femme qui cherche à se débrouiller dans sa vie de tous les jours entre histoires d’un soir, copines, fêtes et imprévus. Mon héroïne ne rencontre pas un milliardaire ou n’évolue pas dans la jet-set… elle est normale et possède une vie plutôt classique en banlieue parisienne avec des factures à payer, et une reconversion professionnelle pour faire face à la crise. Donc Mila devient « coach en séduction », boulot dont elle se sort honorablement jusqu’à ce qu’elle rencontre Soren, bien loin de ses clients habituels. À première vue ce genre d’apollon n’a absolument pas besoin de coach et c’est plutôt Mila qui va ramer à cause de lui…
Quels sont les points forts et les faiblesses de vos personnages?
Mila est une fonceuse, elle est têtue, méfiante et échaudée en amour. Elle vit donc sa vie dans l’optique de ne pas s’attacher aux hommes, préférant réserver son cœur à l’amitié, bien loin du sexe et des mecs. Elle a la répartie facile et s’en sert pour éviter de montrer ce qu’elle ressent vraiment… Donc une femme bien d’aujourd’hui, je me répète ! Avec ses moments de délire, le juron facile… Avez-vous pensé à l’une de vos amies ou vous-même en lisant tout ça ? En tout cas, c’était mon but ;) Elle n’est pas top model, elle se décrit comme normale et sait se mettre en valeur, elle n’est donc pas complexée non plus à outrance et ça me semble important, c’est le genre de personnage auquel je m’identifie plus facilement qu’une blonde parfaite, avocate et qui parade en Louboutin et sac Prada.
Soren, le héros, là c’est un peu plus complexe. Si les héros de romance ressemblaient trop aux hommes de notre quotidien, il manquerait une dose de rêve, non ? J’ai voulu travailler un personnage ambigu, qui ne soit pas mâle alpha ++, car il y en a eu beaucoup ces dernières années. Pas particulièrement « bad boy » non plus du genre : « éloigne-toi de moi, je vais te faire souffrir, poupée ». Je pense qu’il est au fond assez positif, j’ai un peu une overdose des héros sombres, brisés, qui sont des coucheurs invétérés, puis, d’un claquement de doigt rencontrent la bonne et s’assagissent. Soren est plutôt poli, il tient ses engagements et ne se comporte pas spécialement comme un gros dragueur. Évidemment, je ne voulais pas d’un personnage mou ou trop simple à vivre, il lui fallait un peu des défauts, donc il est très cash jusqu’à la maladresse, il sait imposer son point de vue et se montrer aussi têtu que l’héroïne (surtout que Mila a du caractère !). Bref vu mon héroïne, je lui ai proposé un mec à la carrure XXL de 2 mètres pour mieux encaisser les coups ;) … d’où le passif de rugbyman ! Et comme je suis sympa avec mes lectrices, c’est juste une bombe !
J'ai adoré toutes les références à la culture pop. Est ce que c'était important pour vous d'en mettre?
Oui, je pense que c’est le reflet de notre société. Les pubs, les références « geeks » ou de séries télés, c’est notre quotidien. Ça permet au lecteur de juger de l’âge d’un personnage, de ses goûts et quelque part ça définit bien son histoire. Ça me permet aussi des petits clins d’œil sympa : pas obligatoires mais qui apportent un plus à l’histoire à mon sens.
Vous abordez le thème des coachs de séduction. Pensez vous que ce soit le reflet de notre société actuelle?
J’ai vu ça pour la première fois dans un film, Mila y fait référence dans le livre. J’ai ensuite vu un reportage avec un homme qui en avait fait son métier en Belgique, je crois. Je me suis immédiatement demandé pourquoi un homme ? Qui de mieux qu’une femme pouvait parler de ce qu’elle aimait qu’on fasse pour la séduire ? Après on le voit de plus en plus à la télé, le « coaching » en général a le vent en poupe, pour organiser sa vie perso ou professionnelle… tout y passe.
Pour Mila pas vraiment, j’ai fait une liste de traits de caractères, réfléchi au ton, au mordant que je voulais lui donner. Sans perdre une certaine fragilité, même si on ne la voit pas de prime abord. Après physiquement, j’ai cherché comme beaucoup d’auteurs une représentation physique pour me donner des grandes lignes et Mila ressemblerait un peu (en plus petite cette actrice est grande) à une Liv Tyler jeune. Soren, c’est plus simple, j’ai de suite vu la « masse », le gars qui vous laisse sur le… et ce genre de carrure m’a immédiatement fait penser à Jason Momoa dans GAME OF THRONES. Pour le caractère, non, Soren sort uniquement de mon imagination.
Soie et Fleuret m'a forcément fait pensé à l'adaptation cinéma de Cinquante Nuances de Grey. Est ce une bonne comparaison ou suis je complétement à côté de la plaque?
C’était ça ! Un clin d’œil à mes lectrices avec l’adaptation en film qui fait beaucoup parler d’elle depuis quelques années. J’ai mis le côté « historique », car imaginer un Grey qui abandonne l’accessoire de sex-shop pour le fleuret d’antan m’a fait sourire… Je n’ai jamais dit ne pas avoir le sens de l’humour un peu douteux !
Quelle est votre scène préférée dans Sexy Coach?
Je n’y avais jamais réfléchi ! Peut-être celle de l’air guitar. Parce que c’est ce que j’aimerais lire dans une romance plutôt que des dîners aux chandelles, des scènes totalement improbables loin de la réalité tout droit sorties d’une émission à la Bachelor : « Viens, je t’emmène sur mon yatch puis on ira t’acheter une rivière de diamants… » ; vous voyez le genre. Je préfère des scènes quotidiennes, réalistes mais un peu atypiques en un sens. Sinon, ça serait vraiment celle du réveil vers la fin du roman, quand Mila, un peu alcoolisée, se réveille dans son lit avec… Celles qui ont lu la scène vont reconnaître et les autres… vous savez ce qu’il vous reste à faire ! Parce qu’il y a de la tendresse, un peu d’humour et la scène qui suit avec Paule. J’ai presque vu mes personnages quand j’ai écrit ça. C’était très clair dans ma tête, très « réel » et que c’était une belle expérience en tant qu’auteure. Je serais ravie d’avoir votre opinion sur le sujet ou celle de mes lectrices ;)
Celle qui vous a posé le plus de problème d'écriture?
… Les scènes en voiture sont en fait celles que j’ai le plus reprises. Trop de dialogues, positionnement pas clair… on s’attend peut-être à ce que je dise « scène de sexe » mais comme j’écris plus dans ce style, c’est en fait plus simple pour moi à l’heure actuelle.
Pourra t-on découvrir plus amplement les dessous du monde du cinéma dans le prochain tome?
Oui ! L’intrigue se déroulera en grande partie autour du tournage du film ;) mais je n’en dis pas plus.
La suite de Sexy coach doit passer en priorité si je veux vous offrir ça rapidement avec les délais éditoriaux qui sont toujours à prendre en compte. ClimaX, une nouvelle courte écrite pour l’appel à texte de B-Sensory qui a développé un sex-toy relié à vos lectures érotiques. ClimaX parle d’une jeune femme qui découvre un sex-toy dernière génération très sélect ; avec, elle va aller au-devant d’inconnus pour découvrir de nouveaux jeux érotiques… C’est un texte érotique très court et assez cru ! Qu’on se le dise, plus que „La doublure“ je crois. Sinon je travaille sur les corrections éditoriales avec mon éditrice Julie Derussy, bien connue dans le milieu de l’érotique, sur une novella qui sera d’un format intermédiaire entre « La doublure » et « Sexy coach », intitulée pour l’instant « La gamine »… En fait, je vois un peu mon héroïne comme la petite sœur spirituelle de Mila… en pire ! Car plus jeune et immature. J’ai osé me lâcher et créer une jeune femme sexuellement très active, qui appelle un chat un chat et… je vous laisse imaginer la suite. Et qui ose tout, il y a donc des scènes de sexe un peu plus hot que dans « Sexy coach » La prochaine nouvelle sera plus tard, peut-être vers mai ou juin ? À sortir chez La Musardine, éditeur érotique bien connu, dans le prochain recueil « Osez 20 histoires de sexe dans les vestiaires ». Là encore, « Entre les lames » sera cash : à réserver aux amateurs d’érotisme !
Quel est le dernier livre que vous avez lu?
Un roman original, un peu ovni « Les Bébés de la consigne automatique » de Ryu Murakami. Déroutant, particulier au possible, mais pour tout ça, je suis ravie de l’avoir lu.
Si vous ne deviez emmener qu'un seul livre avec vous sur une île déserte, quel livre choisiriez vous?
… Mon livre électronique plein à craquer ? Et si je n’ai pas le droit de tricher, je regarderais attentivement quel est le plus lonnnnng roman écrit, en me disant que ça me tiendra en haleine quelque temps, je ne suis pas sûre de pouvoir relire indéfiniment l’un de mes romans préférés. Enfin, il me restera l’option d’en écrire pour les lire mais le suspense sera moindre ;)
Pour terminer, je vous laisse vous adresser à vos lecteurs.
J’espère en avoir ni trop dit ni pas assez, à défaut de vous avoir charmé pas trop ennuyé, et vous souhaite de merveilleuses lectures à venir, que ça soit ou pas mes romans ;)