Magazine Culture
Katarina Bivald, La bibliothèque des cœurs cabossés, 2015.
Une bibliothèque dont les livres sont comme des pansements sur les âmes.
Une fille qui quitte sa Suède natale pour venir s'enterrer dans une bourgade de l'Iowa.
Des citations et des titres de bouquins par dizaines.
De quoi me faire saliver. J'ai adoré ce bouquin. Je donne certains livres, je les offre une fois que je les ai lus, parce que, même si je les ai bien aimés, je sais que je ne les relirai pas. Au contraire, j'en conserve d'autres et leur attribue une place méritée dans ma bibliothèque débordante (vivement que j'en ai une plus grande !). Parfois, je les relis, quelquefois juste une phrase, un passage, ou en entier, c'est selon. Ils sont comme des amis sur qui on peut compter, dont on sait qu'il ne nous feront jamais défaut. Sara, le personnage du roman dont on parle aujourd'hui, est complètement comme ça. Elle préfère même les livres aux gens et a fait de la lecture une activité vitale. Pourquoi Sara se retrouve-t-elle perdue à Broken Wheel ? Depuis plusieurs semaines, elle s'échange des lettres et des livres avec Amy, une habitante de la petite ville. La librairie dans laquelle Sara travaille en Suède va fermer. Elle n'a plus de travail et se décide à franchir le pas pour aller rendre visite à son amie épistolaire. Seulement, quand elle arrive, Amy est morte. Ce n'est pas de chance ! Enfin, oui et non : Sara se demande comment elle va bien pouvoir dédommager les habitants de Broken Wheel qui sont si généreux envers elle. Elle vit dans la maison d'Amy, entourée de ses nombreux livres et c'est là que germe l'idée : elle va ouvrir une librairie. De plus, chaque habitant semble traîner de lourdes casseroles de déceptions amoureuses et d'échecs en tous genres. Sara est convaincue qu'en leur collant de gré ou de force un livre entre les mains, leur existence va briller sous un nouveau jour.
A plusieurs reprises, dans ce village sonné par la crise et vidé de toutes ses ambitions, au-milieu des champs de maïs qui forment comme un grand désert vert, je me suis replongée dans l'atmosphère flottante et le temps immobile de Bagdad Café, l'un de mes films préférés. Comme dans le film, on croise dans le roman de Katarina Bivald des personnages abîmés par la vie, entourés de non-dits et d'un halo de pessimisme qui les suit comme leur ombre. Et, au lieu de prendre l'ancien alcoolique et la vendeuse de burgers insupportable en grippe, on se prend d'amitié pour ces loosers au cœur cabossé. Et alors, quand toute la ville commence à lire, c'est aussi bouleversant qu'amusant ! On assiste à des changements profonds, à la naissance d'interrogations existentielles et à des quiproquos inattendus.
Comme quoi, beaucoup de réponses se trouvent dans les livres, c'est une évidence. Et, comme quoi, elle a beau être fictionnelle, la littérature est à la fois une belle thérapie et un onguent miraculeux sur nos plaies.
La bibliothèque des cœurs cabossés ne vous donne rien d'autre qu'une furieuse envie de dévorer du livre et de vivre.