Une étude récente suggérait que si la consommation d’alcool ne semble pas influer directement sur le risque de suicide, en influant sur les symptômes d’insomnie qui eux-mêmes favorisent le risque de suicide, l’excès d’alcool peut être impliqué dans les tentatives de suicide (TS). Cette nouvelle étude de l’Université Brown alerte contre le cocktail alcool + cocaïne, associé à un risque très accru de suicide, chez des personnes déjà à tendance suicidaire. Un double facteur donc prédictif, chez ces patients déjà fragiles.
Globalement, rappellent les auteurs, la littérature soutient l’association entre la consommation de substances et le risque de suicide. Mais la relation est complexe, du fait que ces 2 facteurs sont chacun associés à d’autres facteurs de confusion. Cette étude a suivi durant plus d’1 an, 874 hommes et femmes accueillis en services d’urgence. Parmi les participants, certains ont reçu des soins standards après avoir fait état d’une récente tentative de suicide ou de pensées suicidaires, d’autres, ont reçu une intervention expérimentale. Sur les 874 participants, 195 ont fait au moins une TS.
Ce suivi confirme l’âge, le sexe et l’ethnie comme des facteurs majeurs, mais révèle surtout, un lien fort entre la combinaison alcool et cocaïne et le risque de suicide. Un cocktail qui doit inciter » à agiter le drapeau rouge « , écrivent les auteurs dans un communiqué. Une découverte inattendue, car ils confirment en effet qu‘il n’y a pas d’association significative démontrée entre la consommation d’alcool et le suicide, et il n’existe qu’une faible association suggérée avec l’usage de cocaïne. Cependant la combinaison des 2 substances est, elle, bien associée, et de manière significative au risque de TS. Globalement, l’usage de substances différentes, est fréquent parmi ces patients. Ces substances comprennent le cannabis, des analgésiques, des tranquillisants et des stimulants normalement sur prescription : ainsi,
· 34% ont consommé de l’alcool,
· 8% de la cocaïne,
· 4% les 2 substances combinées.
ØChez les participants qui utilisent les 2 substances, alcool + cocaïne, le risque de tentative de suicide est 2,4 fois plus élevé que chez les autres participants.
Enfin, si les femmes ne sont pas moins suicidaires, elles rapportent plus de tentatives précédentes. Cependant, chez les femmes la toxicomanie est beaucoup moins associée au risque de suicide. Des données qui contribuent à une meilleure définition épidémiologique du suicide, donc à une meilleure capacité de prédiction. A noter ici, ces tous récents travaux de l’Université d’Indiana, qui développent un outil diagnostic complet du risque de suicide chez les femmes. Des résultats également disparates qui soulignent l’interaction complexe de nombreux facteurs, comme le sexe ou l’usage de drogues. Il serait donc possible de définir des clusters de facteurs de risque, avec un cluster particulier où la toxicomanie serait également prédictive.
Bref, il s’agit de préciser encore et encore les facteurs qui peuvent permettre de mieux évaluer et identifier les personnes à risque de suicide.
Source: Crisis April 4, 2016 DOI: 10.1027/0227-5910/a000380 Substance Use as a Mediator of the Association Between Demographics, Suicide Attempt History, and Future Suicide Attempts in Emergency Department Patients
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