Quatrième de Couverture
2e Vague : Déferlante
3e Vague : Pandémie
4e Vague : Silence
À l’aube de la 5e Vague, sur une bretelle d’autoroute désertée, Cassie tente de Leur échapper…Eux, ces êtres qui ressemblent trait pour trait aux humains et qui écument la campagne, exécutant quiconque a le malheur de croiser Leur chemin. Eux, qui ont balayé les dernières poches de résistance et dispersé les quelques rescapés…
Pour Cassie, rester en vie signifie rester seule. Elle se raccroche à cette règle jusqu’à ce qu’elle rencontre Evan Walker. Mystérieux et envoûtant, ce garçon pourrait bien être son seul espoir de sauver son petit frère, voire elle-même. Du moins, si Evan est bien celui qu’il prétend…
Ils savent comment nous exterminer.
Ils nous ont enlevé toute raison de vivre.
Ils viennent maintenant nous arracher
ce pour quoi nous sommes prêts à mourir…
Mon avis
Les Extra-Terrestres débarquent. Tout est mis en place pour établir le contact avec eux mais seul le silence répond à l’humanité… Puis c’est le blackout. Et les catastrophe s’enchaînent, anéantissant plus de quatre-vingt-dix-sept pour cent de l’humanité. Ce n’est pas fini. Les morts s’enchaînent encore, conduisant l’humanité à une fin qui semble certaine… Et, au milieu de toute cette horreur, ce sont les enfants et les adolescents qui tiennent le rôle principal.
La 5e Vague est un phénomène mondial, un livre qui a si bien fonctionné qu’il a été adapté sur les écrans. Que d’éloges sur cette saga… Heureusement, mon ancienne colocataire avait lu le premier tome et m’avait plutôt bien décrit la chose : une histoire sympa, mais rien de nouveau sous le soleil, de quoi passer le temps mais sans émerveillement. Du coup, je n’attendais pas grand-chose de ce livre, tout en ayant envie de le lire, et heureusement : j’ai ainsi pu le prendre tel qu’il est.
La trame n’a rien de novateur mais elle est très bien gérée : une invasion à distance, sans avoir besoin de sortir l’artillerie lourde, juste en abolissant les privilèges techniques, en secouant un peu la Terre et en laissant une terrible pandémie finir le travail. On déblaie le terrain sans trop se salir et ça, c’est bien. Replacer l’être humain plus bas dans l’échelle permet de s’interroger sur l’humanité, ses forces et ses faiblesses. Ensuite, commence la partie la plus terrible pour l’espèce (si si, c’est possible) : savoir à qui se fier et ne pas sombrer dans une folie paranoïaque mortelle. Là est tout l’intérêt du livre selon moi : voir comment les personnages réfléchissent quand ils ne peuvent plus se fier à rien… Et voir comment ils capitulent quand on leur donne un nouveau repère, qu’il soit réel ou complètement distordu.
Là où la trame principale apporte quelque chose de nouveau dans le genre, c’est dans le choix des personnages : enfants et adolescents sont les héros de ce roman. Pourquoi ? Premièrement parce que ce livre s’adresse à un public jeune et deuxièmement parce que, finalement, quoi de plus logique que de ne garder que les humains qui n’ont pas encore atteint l’aboutissement réflexif de l’âge adulte ? Il est plus facile de bousculer les convictions des jeunes que des moins jeunes. Seulement, je me suis rendu compte que j’aurais aimé avoir au moins un point de vue adulte dans ce livre, avoir une opposition entre ces jeunes encore malléables et les plus vieux, plus campés sur leurs positions.
Concernant les personnages, Rock Yancey nous permet d’en suivre plusieurs. Au départ, je pensais ne suivre que Cassie, notre héroïne, la première partie lui étant consacrée et très dense, et j’ai été surprise de passer ensuite à d’autres personnages… J’ai eu du mal au début, puis je m’y suis faite et heureusement !
Nous rencontrons Cassie lorsqu’elle est seule et tente de survivre. Elle s’accroche à un but pour continuer : retrouver son petit frère, emmené par l’armée. Ses réflexions, son évolution, ses craintes m’ont permis de me plonger totalement dans l’ambiance de chaos et de survie. Cassie est très intéressante, elle se construit superbement au fil des pages puis… Tout retombe comme un soufflet quand elle rencontre Evan. Parce qu’elle redevient une adolescente « normale ». Evidemment, cela permet de rappeler qu’elle est humaine et surtout qu’elle est encore jeune, mais toute cette partie avec Evan m’a coupée dans mon élan. J’ai levé les yeux au ciel je ne sais combien de fois et j’ai regretté la partie où elle est seule. Si je comprends qu’elle ne pouvait rester seule et atteindre son but, je reste déçue du résultat.
Comme je le disais, heureusement, on suit d’autres personnages à travers les aventures de Sammy, le petit frère de Cassie, emmené dans un camp d’entraînement où des enfants et des adolescents sont conditionnés pour tuer les Autres. A cinq ans à peine, on vous apprend à tuer. A sept/huit ans, on vous envoie en mission suicide. C’est complètement surréaliste mais, finalement, ça colle avec la logique de l’histoire. Bon, le fait de coller n’a pas suffi à me plaire : voir des gosses de dix ans se transformer en machines de guerre n’a pas complètement atteint son objectif avec moi. Mais ça se défend plutôt bien.
Entre personnages et trame de fond, La 5e Vague est plutôt pas mal. Ce n’est pas le livre du siècle mais la recette permet d’obtenir un plat qui fonctionne plutôt bien en bouche. Maintenant, il faut aimer le genre : personnellement, je pense qu’un livre avec des héros plus âgés me correspondrait plus mais j’ai su apprécié ce que celui-ci avait à m’offrir. Et puis, au fil des pages, l’histoire se complique pour s’éclaircir ensuite, et les choix scénaristiques de l’auteur s’avèrent cohérents et même intéressants.
Le gros bémol au-delà de la nécessaire histoire amoureuse d’adolescents (oui, là où Cassie devient chiante) ? L’écriture. Je ne dirais pas que c’est mal écrit… Juste mal coordonné. On est dans un style narrateur interne et c’est là que le bât blesse. Si au départ, notamment avec Cassie, tout file bien, la fin devient étrange. Cassie est une adolescente drôle, mais à travers son cynisme (cynisme que l’on comprend vue la situation). En tant que narrateur, elle utilise un langage adolescent, peu classieux, mais qui colle. Puis, finalement, je me suis rendu compte que l’auteur avait perdu l’authenticité de ce langage en l’adoucissant. Et il a fait l’erreur de caler des « m’occuper de son cul me prend un max de temps » à côté d’expressions d’un langage plus courant dans les descriptions. Cela m’a donné l’impression d’un énorme faux raccord. Le style fluide du départ s’est mis à sonner faux et a suffi à m’agacer dans les deux cents dernières pages. Peut-être que cela vient de la traduction mais, dans tous les cas, il y a un vrai problème avec l’écriture. Je ne suis pas tatillonne sur le sujet en général, mais là, ça a vraiment cassé le rythme de ma lecture et je le regrette. Surtout quand je vois des chroniques vantant le style d’écriture de l’auteur : quand on fait ce genre d’erreur, on a quand même besoin de se recentrer un peu.
Bref, ce livre est sympathique, bien pensé, plutôt bien ficelé sans pour autant être une pépite de réflexion scénaristique. J’ai pu apprécier ma lecture parce que je n’attendais rien d’exceptionnel. Si je n’avais eu que des retours enchantés, je crois que je serais tombée de bien haut. La 5e Vague n’a rien de révolutionnaire mais il permet d’étendre la science-fiction à un nouveau public, un public qui vit au rythme du Young Adult adaptable au cinéma. On aime ou on déteste cette mode, elle atteint tout de même ses objectifs : il y avait longtemps que je n’avais pas lu de science-fiction et ce livre m’a donné envie de retourner un peu vers ce genre. En tapant dans des romans bien meilleurs, évidemment.
Je lirai la suite parce que malgré ses défauts, le livre donne envie de poursuivre. Il donne envie de savoir comment les personnages vont réussir à affronter la fin de l’espèce. Ce n’est pas le nirvana mais plutôt une balade agréable : on s’en souviendra comme d’une promenade sympa mais on gardera en mémoire le mal de pieds qui va avec, et le temps un peu pourri. Un bon moment mais qui ne suffit pas à oublier les défauts qui vont avec.
Je le conseille à ceux qui aiment la Science-Fiction grand public et le Young Adult.