an arrête tes conn', je me barre pas dans le cosmos, calme-toi.
Caaaaalme.
Je vais pas me barrer dans le cosmos, déjà ça me fait chier d'aller à la boulangerie, t'imagines.
Nan c'est parce que j'ai vu un truc sur les gens qui vont se barrer sur Mars un de ces jours. Je les envie pas du tout.
Pas du tout pas du tout.
Hein déjà je sais pas si tu vois le paradoxe, c'est un voyage aller simple, ils ne reviendront pas les gus, et ils le savent en plus, ces cons, mais ils y vont quand même. On leur a pas caché la vérité, mais non, tout va bien.
-Bon Robert, écoute-moi, tu vas aller faire un petit tour sur Mars. On a planifié Mars parce que la Baule c'est déjà bien plein, y a tout ce qu'il faut, des crêpes, des moules, du caramel au beurre salé, y a tout chte dis, on a vérifié des dizaines de fois, on a refait les calculs des milliers de fois, le supercalculateur est formel, la Baule c'est complet. Alors écoute, tu vas aller sur Mars mais seulement, tu pourras pas revenir, c'est la condition sine qua non. Tu sais, sine qua non. Sine qua non, comme tempus fugit, cave canem, alea jacta est et tout le bordel. Oui bon non mais c'est pas ça que je voulais dire à la base, ha ha ha t'es con. Donc oui alors oui, vous ne pourrez pas revenir disais-je, non pas parce que vous êtes des brêles, mais si un peu quand même, mais accessoirement parce que y aura pas assez d'essence pour revenir, et surtout ça coûterait bonbon, donc on préfère vous laisser là-bas. Mais rassurez-vous, vous aurez droit à une place ou un square à votre nom, le square à Robert ou la place à Robert, comme tu veux, même un rond-point si tu veux, c'est toi qui dis. Et ta femme tu t'en fous, si ça se trouve de toutes façons t'es cocu. Et tes enfants c'est pas grave, si ça se trouve ta fille va finir sur le trottoir et ton gars va vendre de la drogue, c'est ça que tu veux pour tes gosses? Réfléchis bien Robert!
Merci tonton pow wow!
Le paradoxe disais-je.
Oui le paradoxe, un voyage sans retour. Ça veut dire quoi, concrètement, pour ceux et celles qu'on recrute? Ça veut dire, bien sûr, une dimension suicidaire, forcément, enfouie, quelque part, tapie dans l'ombre, au minimum. L'aller simple, vers une destination à 75 millions de milliards de trilliards de kilomètres tout ce que tu veux, c'est un suicide. Or bon lémecques je voudrais pas jouer les trouble-fête, mais envoyer une bande de suicidaires comme ça tout seuls, je vois bien le truc dégénérer rien qu'en cours de route, dans un espace si exigu. Ils vont prendre les gens les plus psychologiquement à même de tenir le coup, hein et en même temps y a un petit parfum de suicide collectif qui va flotter dans l'air, en toute promiscuité, en toute route vers l'inconnu complet, en toute angoisse probable, dans le noir et le vide sidéral (plus jamais un bout de ciel bleu, plus jamais un cuicui, plus jamais un étang ou une rivière à contempler, plus jamais d'odeur de terre après la pluie, être soumis jusqu'à la fin de sa vie à une gravité différente alors qu'on est faits pour la gravité terrestre, c'est chaud putain), hein on peut pas s'extraire si facilement des doutes et des peurs humains, je crois pas, hein toi non plus hein.
Moi j'ai les nerfs solides, mais je pourrais pas, parce que finalement j'ai pas les nerfs si solides. Petit, j'ai été traumatisé par le suicide d'un puceron, juste sous mes yeux. Il était sur une branche de rosier, il a sauté en criant Banzaïïï et s'est empalé sur une épine située plus bas. Je l'ai décroché et j'ai essayé de lui faire un massage cardiaque avec le pouce mais je l'ai écrasé.
75 millions de kilomètres, rien que d'y penser, ouh la la. Bon 75 millions de km c'est une moyenne, je vous fais pas chier avec les détails, le périhélie (Semoun) et l'aphélie (Winter), ça c'est des trucs qui n'intéressent que ces cons de scientifiques. Toi t'es comme moi, t'es pas scientifique donc tu t'en fous.
Bon à mon avis leur mission elle est morte d'avance. On est des terriens, point. On est trop émotifs, trop sentimentaux, trop exaltés, trop égoïstes, trop fiers, trop orgueilleux, bon et puis j'arrête là parce que je pourrais faire encore plein de trop ceci trop cela. Découvrir l'univers, y a que des robots et des sondes qui peuvent faire ça pour nous, faut pas d'aléas humains, de conscience ni de caractère, ni d'émotions ni rien, pas un cheveu qui dépasse, sinon tout de suite c'est le bordel. Chuck Norris pourrait y aller par contre. Quoique lui il en revient, ça fait quatre fois qu'il a fait le tour de l'univers, il est déjà parti en vacances, il a lancé une chiée de roquettes sur le big bang pour voir si on pouvait le faire péter encore plus fort. Chuck Norris a fait un deuxième big bang.
Avec les robots, y a les allemands aussi qui pourraient. Ils sont forts les allemands, ils sont disciplinés et ont le sens de l'organisation, et quand ils organisent un truc ça chôme pas. Et bon j'arrête là tout de suite sur les allemands avant de m'enfoncer sur des terrains glissants, des blagues douteuses et des sujets polémiques.
Non je parlais de leurs petit-déjeuners à base de saucisses et autres charcutailles, qu'on se rassure.
Le cosmos.
J'ai pas envie d'aller dans le cosmos, putain, j'ai jamais eu envie d'y aller. Si un jour j'ai les moyens, jamais j'irai dans le cosmos. Il est pas né celui qui me fera jamais avoir envie d'aller dans le cosmos si j'ai les moyens, crois-le bien.
Tous les gosses de mon âge (50 ans aux prunes) ont un jour rêvé d'être astronaute paraît-il. Mon cul oui. Moi jamais.
Jamais jamais jamais.
À tel point que je rêvais, tellement j'avais pas envie d'aller dans l'espace, non pas de faire un métier les pieds sur terre - pour rendre un hommage strictement contextuel à ma condition intrinsèque d'être humain - mais dans la terre, carrément, faire des trous, descendre dans des trous, des grottes, moi je voulais m'enfouir, pas m'envoler! Je voulais être archéologue. Bon t'es au courant, j'ai pas fait archéologue, pour tout un tas de raisons, et notamment aussi, concrètement parlant. Mais bon, faire des trous, le rêve. Faire des trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous.
La terraformation soit-disant? Même pas en rêve les gars!
D'ailleurs il doit y avoir un foutu climat sur Mars, ça se ressent jusqu'ici lorsqu'elle nous envoie ses giboulées. On en prend plein la gueule sans broncher, je voudrais pas dire, mais l'intention me paraît clairement hostile. Est-ce qu'on la fait chier avec des giboulées de Terre nous? Non bien sûr, car nous savons vivre une coexistence pacifique avec les autres planètes. Jupiter nous emmerde pas avec ses gaz, Saturne nous laisse tranquille avec ses anneaux, Uranus a presque le nom d'un trou du cul donc elle ne la ramène pas, Vénus c'est une chaudasse mais assez discrète quand même, Mercure on s'en fout, donc bref. Y a que Mars qui nous cherche.
Oui mais bon, encore une fois, pourquoi le cosmos?
C'est tellement loin, c'est tellement froid, pourquoi se faire chier, alors qu'il y a Saint-Tropez et la Grande Motte, tu peux me le dire, est-ce qu'on ne chercherait pas à se compliquer la vie des fois?
Bon le truc aussi, et ça à ma connaissance personne ne s'en est rendu compte, c'est que les filles c'est visiblement pas fait pour le cosmos. Les gars oui, peut-être, sûrement, mais pas les filles. Désolé. Pourquoi? C'est pas sexiste, c'est juste que voilà, on n'y peut rien, mais on voit que les filles c'est manifestement pas fait pour le cosmos, y a des limites purement physionomiques, une simple photo parle d'elle-même:
Eh oui.
À cause des cheveux.
Y a que Diana Ross, la reine Diana Ross, Ze Couine Daillana comme on dit dans notre jargon professionnel, qui était en avance sur les autres, qui a découvert comment faire la femme astronaute sur Terre:
Et heureusement qu'elle est restée sur Terre, sinon avec l'apesanteur elle aurait bouché les issues de la station spatiale internationale ou toute autre fusée utilisée
-Allo Houston, on a un problème! Comment vous dire, vous allez jamais le croire, y a Diana Ross qui bouche les sas des modules de la station, mais bon en même temps on peut s'en servir comme tête de loup pour les toiles d'araignée c'est vrai, y a ça qu'est bien sinon, mais bon elle nous fait pas mal d'ombre quand même:
Y a qu'une seule solution pour faire voyager les femmes dans le cosmos - du moins celles qui veulent, on ne poussera personne -, c'est de n'y envoyer que les femmes qui se font tondre à la libération, ou alors les cancéreuses après la chimio.
Nan mais je cherche des solutions moi.
Tonton pow wow se démène pour pousser l'Humanité à se dépasser, à franchir les barrières, à repousser les limites, et voilà comment on le traite! Si c'est comme ça je vous préviens, devant l'ingratitude de mes pairs, je vais faire l'ermite dans une caverne, vous m'appellerez Frère pow wow et vous serez bien avancés!
Bon sinon, si je trouve un(e) mécène généreux, je peux aussi me retirer dans ce genre de caverne, certes un peu spartiate, pour y méditer tout mon saoul. C'est vous qui voyez, je force personne.