Titre : Le Cycle de Cyann, T3 : Aïeïa d’Aldaal
Scénariste : Claude Lacroix
Dessinateur : François Bourgeon
Parution : Février 2005
Les deux premiers tomes du « Cycle de Cyann » possédaient une certaine indépendance et des différences notables. Etant donné la fin de « Six saisons sur ilO », on était en droit de voir la série partir de nouveau dans un autre sens. Et en effet, « Aïeïa d’Aldaal » est un ouvrage quasiment indépendant des autres. Alors que le premier opus nous faisait découvrir la planète Olh, le deuxième ilO, le troisième se passe donc sur Aldaal. Cette série, dessinée par François Bourgeon et scénarisée par Claude Lacroix est publiée chez Vents d’Ouest. Ce tome fait 76 pages, soit moins que les précédents (qui dépassaient la centaine de pages).
Cyann, héritière des riches Olsimar, a rejeté ses responsabilités au profit de sa jeune sœur. Elle est désormais une clé essentielle pour les voyages aux travers des portails, seul moyen de travers l’espace en un rien de temps. Véritable tête brûlée, elle va faire une grave erreur : voulant se rendre sur Aldalarann, elle écorche le nom plutôt que de le rechercher dans les bases de données du portail. Résultat : elle atterrit dans un marais de la planète d’Aldaal et ne doit son salut qu’à Aïeïa (dont le nom est imprononçable).
Moins politique, mais plus touchant.
Le point fort du « Cycle de Cyann » est de reconstituer des sociétés et de mondes crédibles. Faune, flore, saisons, systèmes politiques… Tout est exploité de fond en comble. Ici, Aldaal n’est vivable que pendant le jour. Si bien que les habitants passent leur temps à migrer pour éviter la nuit. Cyann se retrouve donc sur le bateau d’Aïeïa, qui a acheté la belle avant tout pour la mettre dans son lit…
C’était déjà le cas auparavant mais ce troisième tome marque par sa dureté. Dès les premières pages, un enfant est tué, transpercé par Aïeïa… Et ce ne sera pas le dernier. Cependant, cela n’est pas gratuit. Le monde d’Aldaal est particulièrement hostile et justifie pleinement les relations implacables qu’ont les autochtones entre eux. Sur Aldaal, rien n’est gratuit.
Au niveau du dessin, Bourgeon possède une patte indéniable. C’est du très beau travail et le monde d’Aldaal semble exister tant les détails sont nombreux dans les planches. Cela va jusqu’aux tendances capillaires des personnages. Cette minutie dans la reconstitution d’un univers force le respect. On regrettera peut-être que Cyann dégage sans cesse une sensualité presque érotique…
Il est certain que l’un des défauts que l’on pourra trouver à cet ouvrage est qu’il ne fait pas vraiment avancer la trame principale. Cependant, « Le Cycle de Cyann » se construit avant tout sur des tomes différents, à la personnalité marquée, et ce n’est pas plus mal. « Aïeïa d’Aldaal » n’a peut-être pas la finesse politique du premiers opus, mais il est certainement beaucoup plus touchant. Une vraie réussite.