Les animaux, je ne les aime vraiment qu’en liberté. Totale. En d’autres mots : à l’état sauvage. Le concept d’animal domestique me semble en soi incongru, même si je peux comprendre qu’un animal puisse aider l’homme à faire des travaux durs, en étant alors son « domestique ». Au-delà de cette domesticité, il y a aussi les animaux dits « de compagnie ». Ne désirant pas me créer inutilement des ennemis, je ne dirai rien contre ceux-ci. J’ai d’ailleurs vécu avec des chiens et des chats. Je ne dirai rien, ce qui ne m’empêche pas de penser ce que je pense.
Un animal en liberté est et demeure pour moi un mystère tout autant incommensurable que merveilleux. Il y a là une beauté intrinsèque et fondamentale dans cette « sauvagité » constitutionnelle. Se trouver soudain, au détour du chemin, face à un animal qui ne se laisse pas apprivoiser, qui d’ailleurs s’empressera de s’en aller pour ne pas même se laisser enfermer dans une relation par définition à la fois fortuite et aliénante, est un de ces plaisirs qui n’est sans doute donné qu’à celui qui peut se réjouir de le saisir aussi vite que de le voir disparaître.
J’ai beaucoup de chance. Voilà près de 30 ans que je vis, à 30 km de Bruxelles, dans un endroit ouvert et sauvage. Des animaux en liberté, j’en ai vu plus de trente ! De manière non exhaustive et dans un ordre alphabétique : abeilles, araignées, campagnols, cerfs, chats, chevreuils, chiens, daims, écureuils, fouines, guêpes, hérissons, lapins, libellules, lièvres, mouches, moustiques, mouton, oiseaux divers (corneilles, mésanges, moineaux, pic-vert, pies, rouges-gorges…), papillons, renards, singe, taupes, tiques, vers de terre…
Je suis chaque fois ébloui. Comment ces animaux font-ils pour survivre ? Comment assument-ils avec une telle force leur liberté totale ? Qu’est-ce qui leur donne cette force éblouissante et cette fierté altière ?
Savoir qu’à quelques kilomètres d’une ville telle que Bruxelles, des animaux – parfois même de taille importante – peuvent vivre de manière indépendante et totalement assumée reste pour moi – fondamentalement – une source d’énergie et d’émerveillement. Quelque part, il y a là la vraie vie.