Tourisme responsable en Amazonie péruvienne
L'Amazonie n'est pas une région comme les autres. Si elle est fascinante, elle peut représenter tout un défi, avec sa chaleur parfois accablante, ses pluies, son rythme et sa vision de la vie uniques. Alors, passer d'une vie en France à une vie en Amazonie, c'est comment?
Lucie Morandet, 26 ans, originaire d'Aix en Provence, a quitté la France après une licence en Écologie et une licence en tourisme durable. Elle est aujourd'hui responsable tourisme au sein de l'ONG Latitud Sur, à Iquitos, en Amazonie péruvienne et a bien voulu répondre à nos questions sur sa nouvelle vie.
Qu'est-ce qui t'as d'abord amenée à Iquitos?
Je cherchais du travail dans un pays hispanophone qui me permettrait de m'épanouir dans le domaine du tourisme. J'ai trouvé l'offre de Latitud Sur sur Internet proposant un poste à Iquitos et j'ai de suite postulé. Réponse positive, le billet d'avion était réservé pour septembre 2015.
Pourquoi avoir décidé de t'y installer?
J'ai décidé de venir à Iquitos car vivre si près de la forêt amazonienne est une opportunité pour tous ceux qui sont intéressés par la faune et la flore. Je voulais aussi découvrir et comprendre la culture indigène, très présente dans cette région. C'est une occasion pour moi d'appréhender une autre mentalité, loin des schémas occidentaux.
Quelle a été la réaction de ton entourage?
Très positive, ma famille et mes amis sont habitués à me voir arriver et repartir. Cela leur donne l'occasion de venir me voir.
Tu travailles maintenant pour Latitud Sur, une ONG qui propose des voyages responsables dans la région d'Iquitos, quelles sont les activités proposées?
Les projets de Latitud Sur visent avant tout à renforcer l'autonomie des communautés natives de l'Amazonie péruvienne, en proposant des alternatives qui mettent en valeur leurs savoirs et connaissances.
Nos actions visent à soutenir les initiatives productives des communautés en zone rurale et d'améliorer leurs conditions de vie au travers de divers domaines d'actions. En plus de s'investir dans la reconnaissance des droits des populations indigènes (soutien dans le processus de remise de titres de propriété des communautés natives), nous proposons des séjours dans une famille péruvienne et des croisières sur l'Amazone.
Je suis en charge de la vente et de la commercialisation de ces voyages solidaires. Je travaille en collaboration avec les acteurs locaux afin de promouvoir notre travail sur le terrain et les projets de développement que nous menons dans ces différentes communautés. Je m'occupe aussi d'accompagner les croisières et de faire découvrir aux passagers l'incroyable diversité et les menaces qui pèsent sur l'Amazonie.
Ceux qui connaissent un peu l'Amazonie le savent : la région ne se laisse pas apprivoiser facilement. La vie sur place est-elle comme tu l'avais imaginée?
Effectivement, j'ai rencontré quelques difficultés au début, concernant le machisme encore très présent ici et le rôle des femmes reléguées à la cuisine et à l'éducation des enfants. La chaleur et l'humidité constante sont aussi des facteurs qu'il est difficile d'expérimenter avant d'arriver.
Comment se passe l'interaction avec les locaux lorsqu'on est étranger?
La plupart des gens ici sont très ouverts et aiment bien discuter avec les "gringos" comme ils nous appellent. Le contact a été relativement facile car à Iquitos tout le monde se connaît, c'est un peu comme une île.
Selon toi, quels sont les plus grands défis pour un entrepreneur au Pérou?
À propos d'Iquitos je suis toujours impressionnée par la créativité et l'échange d'idées qui existent ici. Néanmoins je dirais qu'il est difficile de faire respecter les délais et parfois certains projets peuvent durer beaucoup, la lenteur des procédures administratives représentent un réel frein à ceux qui veulent entreprendre des projets. Et aussi étrange que cela puisse paraitre la pluie peut vous faire manquer des rendez-vous à Iquitos.
Il y a-t-il des avantages par rapport à la France?
Oui bien sûr ! La vision de la médecine est très différente de la nôtre et la jungle à proximité nous offre une pharmacie incroyable avec cette approche chamanique de la vie et de nos souffrances en plus. Chacun prend son temps, et si ce n'est pas aujourd'hui ce sera demain, on apprend à relativiser et apprécier les choses sans courir. Il règne une ambiance très pacifique, même les manifestations sont faites dans la tranquillité. Ce que j'aime aussi beaucoup c'est de pouvoir manger à n'importe quel moment dans la rue, chacun cuisine et tout se vend dans la rue.
Quels sont tes endroits préférés à Iquitos?
J'aime bien me balader sur le boulevard appelé Malecon, il borde le fleuve et il y a toujours de l'animation, pleins d'artisans qui exposent et la possibilité de déguster un bon jus de fruits frais.
Pour ça le marché central est un endroit que j'apprécie beaucoup également avec la diversité des produits exotiques qu'on ne voie nulle part ailleurs.
Qu'est-ce que la vie à Iquitos t'a appris?
J'ai appris à prendre mon temps et à relativiser, en ne cherchant pas à tout prix à forcer les choses. Il faut savoir aborder la culture avec un œil nouveau et s'adapter aux situations qui nous parfois nous échappent. Travailler pour une ONG est un travail passionnant et dévorant, j'ai appris à respecter des temps de pause pour moi-même et aller à la rencontre des gens pour échanger sur nos idées.
Quels conseils donnerais-tu à ceux qui veulent tenter leur chance au Pérou, et particulièrement dans la région d'Iquitos?
S'armer d'un bon anti-moustique et de patience! non blague à part, il est important de bien s'intégrer afin de maintenir un bon contact avec les populations. On peut ainsi profiter de bons conseils et créer de belles amitiés également. Il me paraît important de prendre en compte la situation géographique qui fait d'Iquitos une île à part entière, cela a des avantages comme des inconvénients.
Latitud Sur
Site web : www.latitudsur.org
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Photo d'entête Ivan Wong Rodenas