MONDE / SANTÉ > Les eurodéputés de droite veulent sauver le Round-Up

Publié le 14 avril 2016 par Fab @fabrice_gil
Les eurodéputés de droite sont d’accord pour autoriser à nouveau et durant 7 ans le glyphosate, produit chimique probablement cancérigène présent dans le Round-Up. Une erreur nocive qui, selon la gauche et les ONG, serait irréversible.

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Le Parlement européen n’a pas proprement voté l’interdiction du glyphosate, mais demande de réduire à sept ans le renouvellement de son autorisation, prévu à l'origine pour 15 ans par la Commission, et d’en limiter l’utilisation. Un revers inquiétant pour la France, qui soutenait son interdiction. Malgré les études nombreuses qui dénoncent la dangerosité du produit, fabriqué par le géant américain Monsanto, présent dans 750 désherbants environs, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a jugé "improbable" le risque cancérigène du glyphosate. La Commission européenne a donc recommandé, via un acte d’exécution, le renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché du produit pour 15 ans, soit jusqu’en 2031. Les groupes Socialistes & Démocrates (S&D), Verts, Gauche Unitaire Européenne (GUE) et Europe of Freedom and Direct Democracy (EFDD) ainsi que certains députés du Parti Polpulaire Européen (PPE) et de l’Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe (ALDE) ont déposé une résolution contre le renouvellement de l’autorisation du glyphosate proposé par la Commission. Le 22 mars, cette résolution a été largement adoptée par la commission Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire ENVI.Les auteurs de cette résolution ont dénoncé le manque de transparence de l’évaluation de l'European Food Safety Authority (EFSA), qui se repose sur des études non publiques, "au mieux sponsorisées par l’industrie agrochimique, au pire rédigées par cette dernière". Ils demandaient donc que la Commission fasse marche arrière sur le renouvellement d’autorisation et mène une évaluation indépendante des effets du pesticide sur la santé et l’environnement. Ils souhaitent également que les études sur lesquelles ont été fondées les conclusions de l’EFSA soient rendues publique, et que la présence de la substance dans l’alimentation soit évaluée.La gauche furieuseDans un communiqué, les eurodéputés socialistes français regrettent que le Parlement n’ait pas suivi la position de sa commission environnement, santé publique et sécurité alimentaire, qui avait voté en faveur de l’interdiction du glyphosate. "Depuis plus de 30 ans, Monsanto empoisonne la planète avec son herbicide, plus connu sous le nom de Round up. Déclaré ‘cancérigène probable’ par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en mars 2015, le glyphosate reste l’herbicide le plus vendu au monde. Présent dans plus de 750 désherbants, ce produit dangereux a récemment été détecté chez 44 % des citoyens européens n’ayant jamais été en contact direct avec l’herbicide : c’est simple, une bonne partie de notre chaîne alimentaire est contaminée". Les socialistes appellent également à un durcissement des règles concernant tous les perturbateurs endocriniens. Même incompréhension chez les Verts/ALE, qui dénoncent l’attitude "scandaleuse" de la Commission.La santé publique passe au second rang pour la droiteCe sont les eurodéputés du Parti Populaire Européen qui ont affaibli la résolution contre le glyphosate. Dans un communiqué de presse qu’ils qualifient de "courageux", ils expliquent leur réticence à interdire la substance pour des raisons… économiques. Oui, économiques ! "Le débat sur la substance glyphosate suscite des inquiétudes chez les citoyens, c’est évident. Néanmoins, le secteur agricole est en grande partie dépendant de celle-ci. Or, à ce jour, il n’y a pas d’alternative économiquement viable garantissant la santé humaine à proposer aux agriculteurs", déclarait Angélique Delahaye, rapporteuse pour le Groupe PPE, en amont du vote. Une position trompeuse : le centre fédéral de recherche allemand sur les plantes cultivées a étudié la question et conclu en 2015 que les agriculteurs pouvaient se passer du glyphosate. Pour l’eurodéputée PPE la proposition de résolution initiale n’est qu’une "opposition de forme […] une simple incantation sans conséquences juridiques puisqu’il s’agit d’un acte d’exécution mené par la gauche et les extrêmes au Parlement européen. Ils nous empêchent de réfléchir à des solutions concrètes".Malgré les doutes du S&D sur l’agence, les Conservateurs européens s’inquiètent du précédent que représenterait le fait d’ignorer l’évaluation de l'European Food Safety Authority. FG