American sniper - 7/10

Un film de Clint Eastwood (2014 - USA) avec Bradley Cooper, Sienna Miller, Luke Grimes, Kyle Gallner, Jake McDorman

Un soldat comme les autres, en somme...

L'histoire : Chris Kyle est élevé dans une famille très conservatrice. Son père lui apprend à tirer... et aussi à protéger son petit frère, plus fluet, plus vulnérable que lui. Il grandit, il devient champion de rodéo. Puis viennent les attentats islamiques contre les Américains. Alors Kyle décide de devenir soldat pour défendre son pays de ceux qui le menacent. Il suit un entraînement intensif. Parallèlement il épouse la jolie Taya. Et puis vient le 11 septembre. Ils regardent avec effroi et stupéfaction les tours qui s'écroulent. Chris le sait, il va partir en Irak. Vu ses talents au tir, il est vite repéré pour être sniper. Celui qui, isolé, invisible, protège l'avancement de ses collègues.

Mon avis : Bien qu'inconditionnelle du cinéma de Clint, les films de guerre ne sont pas mon genre préféré, vous le savez... Nous avons pourtant ici, encore une fois, un excellent opus qui m'a intéressée de bout en bout et c'est rare quand il s'agit de crime organisé. Ben oui, c'est quoi d'autre, la guerre ? 

Mais là, je m'attendais à plus fort parce que la promo parlait d'une personnalité ambiguë, d'un type qui tuait sans scrupule, presque avec fierté ; on parlait de moralité, de déontologie, de cruauté, le tout retombant, comme d'habitude sur les épaules de Clint, tant il est vrai qu'on a l'habitude d'attribuer aux réalisateurs (et aux écrivains) les opinions de leurs personnages. Et bien de ce côté-là, j'ai été vraiment déçue. Je n'ai trouvé aucune perversion dans ce soldat ! Il fait son job, un point c'est tout. Ils pigent quoi les critiques, bon sang ? Ils pensent que les soldats sont des bisounours ? 

Bien sûr, la première scène est terrible... mais le gamin porte une grenade qui va exploser dix marines. Si vous êtes soldat, vous choisissez forcément de défendre vos camarades, votre nation. Cette séquence n'est pas là pour provoquer les pacifistes (la preuve, moi-même je ne peux blamer Kyle), elle raconte juste un truc : ça s'appelle la guerre. 

En fait ce qui m'a le plus marquée, c'est une autre scène du début, où le père explique à ses enfants : "Dans la vie, il y a les loups, les moutons, et les chiens de berger. Les loups seront toujours des loups. Les moutons sont des naïfs qui croient le contraire. Les chiens de berger sont là pour les protéger." Ca m'a beaucoup plu. C'est un résumé très réaliste de la société humaine. Certes... ça évoque un peu la légitime défense et ses dérives, la vengeance, le sécuritaire. Mais il ne faut pas se leurrer, c'est la stricte réalité. Et nous, les moutons, avouons que nous sommes contents de trouver les chiens de berger...

Donc au final, nous avons le (beau) portrait d'un militaire, dévoué à son pays, dévoué à ses compagnons de cordée... au détriment de sa famille, peut-être. Mais quand on épouse un soldat, on sait à quoi s'en tenir, non ?

C'est un beau film, mais je ne comprends absolument pas la polémique qui a suivi. Et du coup, c'est - selon moi - un peu du vu et revu. Heureusement, Clint filme magnifiquement, met du sentiment et de l'authentique dans ses oeuvres. Mais ça reste pour moi un film de guerre lambda.

Pour l'anecdote, Brad Coopley a subi un régime à 6000 calories par mois pour obtenir de la masse musculaire. C'est vrai qu'il a l'air... bien dodu.

A noter que Chris Kyle est mort en 2013 - ironie du sort - assassiné par un ex-marine...

Les critiques, très enthousiastes, parlent tous de drame psychologique, d'ambiguité, de controverse, le "personnage le plus meurtrier de l'histoire des Etats-Unis" (ils ont des stats ? ils ont comparé avec qui ?)... mais n'oublient pas la qualité du film, de la réalisation, de l'interprétation. Pour ça on est d'accord. Mais moi je n'ai rien vu "d'insoutenable"... Y a aussi Télérama qui nous verse son refrain cliché : "On ressort de ce film belliciste avec l'impression très désagréable d'avoir vu et entendu quelqu'un nous dire que Chris Kyle est un p... de héros au service d'un p... de grand pays. Cela s'appelle un film de propagande patriotique". Dès qu'on parle de la guerre, c'est de la propagande. Chez les Américains. Parce que nous, nos films de guerre, c'est bien connu, sont parfaitement objectifs et empreints du plus grand respect des droits de l'homme...

2.900.000 entrées ! Sacré Clint ! Il serait capable de battre Dany Boon, un jour, si ça se trouve !