réalisé par Fabienne Berthaud
avec Diane Kruger, Norman Reedus, Gilles Lellouche, Lena Dunham, Q'Orianka Kilcher, Joshua Jackson...
Drame français, allemand. 1h43. 2015.sortie française : 6 avril 2016
En vacances avec son mari dans l'Ouest américain, Romy décide de mettre fin à cette relation toxique et de reprendre sa vie en main. De Las Vegas aux plaines du Nevada, la route sera jalonnée de rencontres improbables, intenses et toutes porteuses d'un nouvel espoir...
Sky est le troisième long-métrage de Fabienne Berthaud, après Frankie et Pieds nus sur les limaces dans lesquels elle dirigeait déjà la plus française des actrices allemandes du moment, Diane Kruger. Sky a aussi su attirer la curiosité de certains spectateurs qui regardent un peu trop le petit écran (j'en fais partie) : en effet, nous trouvons dans le rôle principal masculin Norman Reedus alias Daryl Dixon de The Walking Dead, et dans un rôle plus secondaire on notera la présence de Lena Dunham (la créatrice et la Hannah de Girls). Sky raconte alors l'histoire d'une franco-allemande qui part en vacances avec son mari aux Etats-Unis admirer les magnifiques paysages et surtout espère sauver son mariage qui bat sérieusement de l'aile (le mari n'étant pas la personne la plus intelligente du monde et le couple a traversé beaucoup d'épreuves, madame ayant eu plusieurs fausses couches). Face aux tensions, Romy (donc notre héroïne) décide de continuer son voyage seule en quête de liberté. Elle va alors rencontrer à Las Vegas Diego, un ranger qui aime bien s'envoyer des prostituées et ne tient pas à s'attacher. Génial, les deux loulous veulent juste passer du bon temps ensemble et ne refusent l'amour. Romy va continuer son périple en allant à la rencontre d'une Amérique pauvre. A partir de ce récit, Fabienne Berthaud a su poser des questions intéressantes en les mêlant à des paradoxes : qu'est-ce que la liberté ? La liberté, est-ce réellement synonyme de solitude ? Peut-on être libre tout en gardant des désirs très terre-à-terre et communs à beaucoup de mortels (être amoureux, fonder une famille) ? Je sais que certains spectateurs prendront ces interrogations plus comme des contradictions que des paradoxes (même si la frontière entre ces deux termes restent floues). Les interrogations en elles-mêmes me paraissent pourtant pertinentes parce que l'être humain est paradoxal et doit affronter ces interrogations. Le film est construit aussi sur d'autres paradoxes : il y a d'un côté l'Européenne Romy qui semble vivre son rêve américain en étant dépaysée et en voyant certains désirs se concrétiser. De l'autre, les figures typiques américaines (notamment des Indiens) vivent dans une réalité effrayante, c'est-à-dire dans la pauvreté, en vivant dans des mobile home avec parfois une ribambelle d'enfants à élever et nourrir, et malades, en étant des victimes de guerre et plus généralement de la politique américaine.
Hélas, si le propos derrière est intéressant à défendre, j'ai tout de même trouvé à ce Sky quelques défauts. En effet, si je trouve les espaces américains bien mis en avant - même si dans un exercice similaire, Guillaume Nicloux s'en sortait largement mieux avec son Valley of Love - en revanche, Fabienne Berthaud maîtrise moins les notions de temps et ça gâche vraiment toutes les bonnes choses qu'elle a mis en place, qui passent notamment par la mise en scène et le scénario. C'est dommage car du coup on ne croit pas totalement à l'histoire de cette femme qui refait sa vie ailleurs. On a l'impression que tout a l'air trop facile pour Romy, que ce soit pour l'amour, les rencontres en général, le travail (alors qu'elle est censée être une touriste et qu'il y a très peu d'offres d'emploi !) etc... Je comprends encore une fois la signification, j'aurais juste aimé plus de crédibilité. J'ai même trouvé que ça manquait même un peu de subtilité par moments. Je pense par exemple à cette opposition un poil lourde entre Billie qui, elle, a des gosses alors qu'elle vit dans la pauvreté tandis que Romy vient probablement d'un bon milieu social, a l'air responsable mais n'arrive pas à avoir d'enfants. Sky bénéficie heureusement d'un très bon casting. Diane Kruger (même si je n'ai rien contre elle à la base, loin de là) m'a agréablement surprise. Je l'ai trouvée très l'aise dans ce rôle assez complexe et réussit à montrer une gamme d'émotions tout en restant juste. Son partenaire Norman Reedus s'en sort également bien. Certes, on ne peut pas s'empêcher de faire le lien avec Daryl dans The Walking Dead (dans le genre " j'ai des cheveux improbables et je suis peu causant ") mais il parvient tout de même à sortir de ce qu'on connait déjà en livrant une interprétation sensible. Lena Dunham apparaît peu mais elle est très différente de ce qu'elle fait dans Girls et ça fait du bien ! Je sens vraiment qu'elle a un énorme potentiel et j'espère qu'elle va vraiment l'exploiter. J'étais aussi contente de retrouver la Pocahontas de Malick, Q'Orianka Kilcher et l'apparition de Joshua Jackson (le compagnon de Kruger depuis des années maintenant) m'a évidemment fait sourire. Je suis par contre plus réservée sur Gilles Lellouche qu'on ne voit que dix minutes pourtant. Il ne joue pas mal mais je trouve qu'il partage de plus en plus les mimiques de son ami Dujardin, c'est très perturbant !