La première féministe moderne a les yeux brillants. Elle est vive et allumée. L'intelligence transperce son regard. Elle étonne par sa vivacité et sa présence d'esprit.
On ne lui trouve que des qualités.
En 1943, son roman L'Invitée, où elle y déguise un amour récent partagé avec Sartre, est publié par Gallimard. Avec ses thèmes libertins, ses réflexions philosophiques et ses propos sur la conscience et les possibilités de la réciprocité, le livre est un immédiat succès.
À la Libération en 1945, Sartre, Boris Vian, Raymond Aron, Maurice Merleau-Ponty et Michel Leiris lancent la revue Les Temps Modernes. La revue a pour but de faire comprendre l'existentialisme et l'athéisme duquel ces gens se réclament. Elle publie des essais, du théâtre, et un brillant roman de guerre que Chabrol adaptera en film en 1984.
Elle a une liaison avec l'écrivain étatsunien Nelson Algren et en parlera, déguisé en fiction, dans son roman de 1954, Les Mandarins. Ce roman lui vaudra le Prix Goncourt et elle devient l'une des écrivaines les plus lues dans le monde. Algren n'endure pas le lien qui unit encore Sartre et De Beauvoir et la relation prend fin. De Beauvoir passe de 1952 à 1959 en compagnie de Claude Lanzmann. En 1958, elle commence à rédiger un premier récit autobiographique. Elle en rédigera 6 entre 1958 et 1981. En 1964, elle écrit même sur la mort de sa mère. On estime que c'est un de ses meilleurs écrits, puisque très très intime.
Elle développe au même moment une relation avec une jeune étudiante en philosphie. Sylvie Le Bon. Celle-ci deviendra sa fille adoptive et l'héritière légale de ses écrits et de ses biens.
Dans les années 60, elle publie deux autres romans, Mais surtout trois récits autobiographiques. En 1970, elle lance un essai sur ce qui s'en vient et sur ce qui fût. L'année suivante, elle rédige le manifeste des 343 en soutien à l'avortement. Elle co-fonde aussi le mouvement Choisir. Elle lance en 1972 un autre récit autobio, cette fois expliquant que sa relation avec sa fille adoptive (car les rumeurs courent) son semblables à celles qu'elle avait avec son amie Zaza, il y a 50 ans. La même année, elle lance un essai sur Sade. Ses essais sont très très courus. En 1979, elle retravaille et retitre le roman qui lui avait été refusé la toute première fois, il y a 30 ans.
Associée à l'oeuvre de Sartre, celle de de Beauvoir s'en différencie dans la mesure où elle aborde le caractère concret des problèmes existentiels soulevés et les applique plus souvent qu'autrement aux conditions de la femme et aux attitudes des hommes. Faisant ainsi réfléchir les deux sexes.
"La femme libre est seulement en train de naître" dira-t-elle alors. Ce qui est encore vrai à bien des endroits dans le monde. Même en France.
Elle s'éteint à l'âge de 86 ans à Paris, où elle logeait depuis 1955. Entourée de Sylvie Le Bon et de Claude Lanzmann. Elle sera enterrée auprès de Jean-Paul Sastre au cimetière de Montparnasse.
"On ne nait pas femme, on le devient" sera l'une de ses citations les plus célèbres.
Et l'une des plus indiscutables.