Cette étude du Columbia University Medical Center, menée chez la souris, contribue à décrypter les facteurs favorisant l’anorexie. Ses conclusions, exposées dans la revue Translational Psychiatry, en apportant une image plus précise de ce trouble du comportement alimentaire (TCA), ouvrent également des fenêtres thérapeutiques et de prévention.
L’anorexie est la troisième maladie chronique la plus fréquente chez les adolescents, avec une prévalence à vie allant de 0,3 à 0,9% chez les femmes et de 0,1 à 0,3% chez les hommes. Le trouble est associé à un taux de mortalité de 8 à 15%, le plus élevé de toutes les maladies psychiatriques.
On soupçonne depuis longtemps que c’est une combinaison de variables génétiques, biologiques, psychologiques et socioculturelles qui déclenche le développement de l’anorexie. Des modèles animaux précédents de recherche sur l’anorexie ont inclus certaines de ces variables, mais aucun n’avait reproduit les facteurs de stress social et la susceptibilité génétique à l’anxiété qui semblent contribuer au développement du TCA chez l’Homme. Les chercheurs de la Columbia décrivent ici un nouveau modèle de souris présentant une combinaison de facteurs de risque génétiques et environnementaux capables de déclencher une restriction compulsive de la prise alimentaire, comparable à ce qui est observé chez les patients souffrant d’anorexie mentale.
» Nous pensons que, pour la première fois, nous avons un modèle de souris de l’anorexie qui reproduit fidèlement les conditions qui conduisent à la maladie chez les humains « , explique l’auteur principal, le Dr Lori Zeltser, professeur agrégé de pathologie et de biologie cellulaire. » Et ce modèle non seulement nous montre les facteurs les plus importants qui contribuent à l’apparition de l’anorexie, mais il nous aide aussi à identifier les voies de signalisation dans le cerveau qui conduisent à ce trouble alimentaire mortel « .
Pour développer ce nouveau modèle de souris, les chercheurs ont exposé des souris adolescentes avec au moins une copie d’une variante du gène BDNF, une variante associée à l’anorexie et à l’anxiété, au stress social et à la restriction calorique, également chez les humains. Ces souris ont ensuite été soumises à un régime hypocalorique, qui précède habituellement le développement de l’anorexie chez les adolescents et peut agir comme un déclencheur pour les TCA. L’impact d’un régime amaigrissant a été simulé en réduisant l’apport calorique des souris de 20 à 30% à peu près équivalent de la réduction calorique d’un régime de perte de poids. Finalement, le modèle reproduit fidèlement les facteurs qui provoquent le comportement anorexique chez l’homme.
Des facteurs qui entraîne des comportements anorexie-like : Les chercheurs constatent que ces souris, exposées à la fois au stress de l’isolement social et à la restriction calorique réduisent de manière considérable leur apport alimentaire mais que sans ces facteurs environnementaux, la seule présence du génotype à risque ne suffit pas à provoquer un comportement anorexie-like. La démontration qu’il faut que toutes ces variables soient réunies pour constater cet effet sur le comportement alimentaire.
Il est donc clair qu’en réduisant ces facteurs environnementaux, il est possible de réduire considérablement le risque d’anorexie chez l’adolescent. L’équipe étudie également actuellement les voies de signalisation dans le cerveau qui conduisent au comportement anorexique afin d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques.
Source: Translational Psychiatry 2015 BDNF-Val66Met variant and adolescent stress interact to promote susceptibility to anorexic behavior in mice
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