L'abbaye Santa Maria de Montserrat est une abbaye bénédictine située sur le massif montagneux de Montserrat en Catalogne. Ce lieu de pèlerinage s'impose dès le Moyen-Âge comme le premier sanctuaire marial Catalogne.
La légende fait remonter la fondation de l'abbaye en l'an 880 : un samedi après-midi à la tombée de la nuit, des pâtres voient descendre du ciel une puissante lumière accompagnée d'une mélodie. Le samedi suivant, la vision se répète. Les quatre samedis suivants le recteur d'Olesa les accompagne et peut constater la vision miraculeuse. L'évêque organise alors une montée au Montserrat pendant laquelle est découverte une grotte où se trouve une image de la Sainte Vierge. L'évêque propose alors de la transférer à Manrèse, mais quand ils essaient de la bouger, elle est si lourde qu'ils n'y parviennent pas. L'homme d'Église interprète ce fait comme la volonté de la Sainte Vierge de rester en ce lieu et décide de faire construire une chapelle sur le site.
La légende raconte veut également que ce soient des anges qui ont découpé le massif de Montserrat avec une scie en or (d'où l'étymologie de Montserrat, « mont-scié ») pour abriter la statue de la Vierge et l'abbaye. C'est l'origine du symbole héraldique de Montserrat : une scie, tantôt tenue par des anges et tantôt seule, mais toujours au-dessus d'un dessin de rochers stylisés
Depuis, Montserrat est considéré comme un haut lieu du catholicisme tant espagnol que catalan. En dehors du monastère et de la Sainte Grotte, le massif compte un bon nombre de petites églises et d'ermitages abandonnés.
Histoire
La première mention de Monserrat date de 888. Au IXe siècle, on y trouve quatre chapelles, Sainte-Marie, Saint-Iscle (la seule qui subsiste aujourd'hui), Saint-Pierre et Saint-Martin. C'est en 945 que la fondation du monastère Sainte Cécile est attestée. Quant au monastère de Monserrat, il est fondé par Abat Oliba, évêque de Vic, en 1025.
Au XIIe siècle, une nouvelle église romane est construite. C'est également à cette époque qu'est fabriquée la vierge noire, installée dans la basilique. Les pèlerinages deviennent de plus en plus nombreux. La confrérie de la Vierge de Monserrat est fondée en 1223 grâce à l'épouse de Pierre II d'Aragon. Elle a pour pour fonction de prier pour que les âmes des confrères morts accèdent à la patrie céleste.
En 1476, on construit un cloître gothique. La réputation de Monserrat commence à se répandre. Ignace de Loyola y vient en pèlerinage.
L'abbaye est détruite par les troupes napoléoniennes en 1811. Les bâtiments actuels datent du XIXe siècle, initiés par l'abbé Muntadas et rénovés par Josep Puig i Cadafalch. La nouvelle façade de la basilique est inaugurée en 1901.
Durant la Guerre civile espagnole, les moines doivent quitter le monastère. Vingt-trois trouveront la mort. Le monastère de Monserrat est épargné de justesse du pillage et de la destruction. Les moines y retournent en 1939.
Depuis 1942, le monastère profite d'une expansion continue : nouvelle façade du monastère, ensemble de services d'accueil, musée de la peinture catalane moderne, restauration de la basilique et de la sainte grotte, etc.
La communauté monastique actuelle est composée d'une vingtaine de moines qui suivent la règle de Saint Benoît dont l'objectif principal est de conserver le Montserrat en tant que lieu de prière et de recueillement. Les moines assurent également le bon fonctionnement de l'hôtellerie et de l'accueil des pèlerins, en plus d'activités de recherche et d'édition.
Parmi les divers édifices du monastère bénédictin, la salle capitulaire, le cloître et le réfectoire sont remarquables par leur architecture. Sur le site, on retrouve également plusieurs aménagements et la basilique.
Initialement inaugurée en 1592, la basilique elle a fait l'objet d'importants travaux de restauration à la fin du XIXe siècle, puis entre 1991 et 1995. Elle est formée d'une seule longue nef de 58 m de long, 15 m de large et 23 m de haut. La nef est bordée d'une série de chapelles entre les contreforts et de tribunes dans la partie supérieure. Au fond de la nef, au-dessus du chœur des moines, une niche est aménagée pour recevoir, sur un trône en argent, la Vierge de Montserrat, à laquelle les pèlerins et les visiteurs accèdent par un escalier latéral.
L'autel est fait d'un bloc de pierre de huit tonnes et repose sur une dalle provenant de l'ancien autel de la basilique. Au-dessus, un imposant baldaquin est suspendu auquel sont accrochés une croix en or avec un Christ en ivoire, attribués à Lorenzo Ghiberti.
La réalisation de la chapelle a débuté en 1876 et s'est terminée en 1885, sous la direction de Paula del Villar i Lozano, aidé par Antoni Gaudi. Devant le vitrail central de la chapelle, une statue en bois polychrome d'Agapit Vallmitjana représente saint Georges, patron de la Catalogne. Une fresque de Joan Llimona est peinte sur la coupole.
La Santa Cova ou Sainte Grotte est située à l'endroit présumé où la Vierge est apparue aux bergers. Sur le site, une chapelle construite au XVIIe siècle, abrite la Santa Cova. Endommagée lors des guerres napoléoniennes, des travaux de restauration seront menés en 1859. Grandement abîmée par un incendie et de fortes tempêtes, la chapelle a été une nouvelle fois restaurée en 1997.
Parvis de la basilique
La culture est un élément important de Montserrat, la bibliothèque du monastère compte environ 300.000 volumes.
La manécanterie (l'Escolania) considérée comme l'un des conservatoires pour enfants parmi les plus vieux d'Europe, est l'une des plus célèbres du monde et est réputée pour son répertoire de musique baroque religieuse. L'école assure l'éducation d'une cinquantaine d'élèves qui prennent part aux office religieux.
Au point de vue musical, le monastère est également connu pour avoir renfermé dès le XIVe, le fameux Livre Vermeil, recueil de chants profanes et religieux, mondialement connu par les spécialistes de musique médiévale.
Le musée a subi d'importants réaménagements entre 1980 et 1982. Les collections comprennent des œuvres de Caravage, du Gréco, de Tiepolo, Monet, Degas, Sisley, Picasso, Dali, Miro et de surcroît des trésors d'Egypte antique. On y retrouve également plusieurs objets du Moyen-Orient, des objets liturgiques de Montserrat entre le XVe siècle et le XXe siècle et un important échantillon de peinture catalane.
C'est à Monserrat que furent fondées en 1950 les Publicacions de l'Abadia de Montserrat, publications prestigieuses relatives à la culture catalane, dont par exemple la revue Serra d'Or.
D'après Wikipédia