Realite - 3/10

Un film de Quentin Dupieux (2014 - France, Belgique) avec Alain Chabat, Jonathan Lambert, Elodie Bouchez, Jon Glover, Kyla Kenedy, John Glover

Le Richard Kelly français ? 

L'histoire : Réalité est une petite fille de 7/8 ans, très intriguée par la cassette VHS que son père, taxidermiste, a trouvé dans les entrailles du sanglier qu'il veut empailler ; un animateur télé développe une allergie et n'arrête pas de se gratter pendant l'émission ; un cadreur se focalise sur son projet de long-métrage et va voir un producteur un peu à l'ouest...

Mon avis : Je savais bien que ce serait bizarre... Tout le monde le dit. Et les critiques étaient super élogieuses. Il fallait que je voie ça ! Un réalisateur original dans le paysage français, on ne peut pas passer à côté. Pour être étrange, c'est étrange. Pas du tout ma tasse de thé. J'ai rien compris, ni à l'histoire, ni au message subliminal de l'auteur, ni au projet artistique. En gros, je n'ai pas adhéré, quoi.

Cela m'a énormément fait penser aux films de Richard Kelly (Donnie Darko, Southland Tales, The box...) : onirisme, absurde, incompréhensible. Les trois premiers quarts d'heure sont assez séduisants : les histoires sont "normales", on suit donc les personnages avec curiosité car les intrigues sont surprenantes, décalées et assez drôle, et puis soudain, c'est le gros méli-mélo, tout s'embrouille, les personnages sont tout à coup dans X mondes parallèles, car ils deviennent doubles, se regardent se regardant, vivant à la fois leur passé, leur présent et leur futur... vous voyez le topo. J'ai absolument rien compris. C'est comme du David Lynch, sauf que lui a une vraie dimension artistique et que, si on creuse un peu, on peut reconstituer ce qu'il veut nous dire grâce à tous les indices qu'il laisse ici et là. 

Et cette musique... toujours les mêmes notes... lancinant, horripilant, énervant !

Je me suis demandée pourquoi c'était tourné en Californie ? Ce qui nous impose la majeure partie des dialogues en anglais, avec accent français pour Alain Chabat et Elodie Bouchez. Réponse : parce que ça coûtait moins cher à Los Angeles. Bon. OK.

Mais je ne peux pas mettre zéro à ce film, même s'il ne m'a pas plu. Il y a une "intention", une démarche, et même si je ne la comprends pas (comme certains tableaux d'art contemporain), je laisse le bénéfice du doute. J'ai peut-être pas pigé parce que mon intellect n'est pas à la hauteur du bonhomme... On va dire ça.

Voyons voir dans les critiques si je trouve quelques réponses à mes questions. "Creuser les abîmes d'une physique insondable." "C’est, un an après la mort d’Alain Resnais, la meilleure nouvelle pour le cinéma français, que de voir ainsi un réalisateur faire de la bizarrerie la stricte politesse du malaise" "aussi facétieux que délicieux." "Un film totalement halluciné, entre rêve et réalité, mais où tout se met parfaitement en place" (ah bon ?) "Bien que toujours dans sa position de démiurge, Dupieux large assez d’amarres de la rationalité pour créer une illusion de vagabondage sans entraves" "un cadavre exquis d'une belle finesse" Oups...

Bon ben je me prenais pour une intello mais je suis largement battue ! Je ne comprends même pas ce que disent ces messieurs les journalistes !

Voilà qui est plus terre-à-terre : "Quentin Dupieux, qui signe cette galéjade en spirale, avait déjà raconté l'histoire d'un pneu serial killer. Rien de changé, il reste totalement déjanté." Ouf, ce monsieur (Le Parisien) est comme moi, il a rien pigé non plus ; mais garde une certaine tendresse !

84.000 entrées en France. Le film a ses fans (très intello... eux aussi ils racontent des trucs étranges) et beaucoup de détracteurs (les neuneus comme moi). 

Et bien entendu... je serais très très curieuse d'avoir vos avis !