Pierre-Yves Soucy publie Neiges, On ne voit que dehors, aux éditions de La Lettre Volée.
Se laisser tel à proximité du corps
de l’autre du corps
– en avant des mots –
qu’en lui on ne voit rien
que si à l’étroit on ne voit que dehors
et s’il s’ouvre et reste ouvert
il ne signale que son parcours
comme il renouvelle la nuit
qu’il convoite
/
ce que la nuit gagne le jour l’efface
qu’être là petite
juste au milieu des mots
lorsque s’éveille
au plus proche un feu enseveli
au hasard d’une débâcle nos traces
milles brèches marées bourrasques
tout nous incline
étions neiges illisibles déracinées
livrées au fond d’un ciel
déclinant son avance
la peau de l’air nous retenait captifs
ouvrait des lisières inconciliables
et tremblait au jeu des formes
au vif de l’éphémère
/
neiges plus rien d’une quiétude
à la naissance de leur chute
elles effleurent le monde
murmurent une apparente tranquillité
et le laissent sans visage
contre la peau des paupières
la tranchée d’une rue combien d’autres
nous accompagnent
leur miroirs s’abîment
suppriment l’étreinte de nos convictions
suggèrent un enchaînement
nous allons d’un instant à l’autre
que l’innocence épuise à marche forcée
avec le blanc l’ombre se refroidit
nos rêves sont des obstacles
que nous ne franchirons pas
Pierre-Yves Soucy, Neiges, On ne voit que dehors, La Lettre volée, 2016, pp. 7 à 9
Bio-bibliographie de Pierre-Yves Soucy