Donc c’est non, correspondance d’Henri Michaux, Gallimard, mars 2016, 192 pages, 19€50.
En mars dernier a paru une correspondance pour le moins étonnante. Jean-Luc Outers vient de réunir un certain nombre de lettres — avec l’accord des ayants droit évidemment — des refus d’Henri Michaux. Il était connu pour avoir un certain regard sur son œuvre. Il tenait son image, ses livres, ses publications, avec beaucoup d’exigence.
Dans ce livre, l’angle est inattendu : réunir tous les « non » d’Henri Michaux. Il interdit les nouvelles publications de ses anciens ouvrages, refuse que son nom apparaisse dans certaines revues, refuse les prix littéraires quels qu’ils soient — même les plus prestigieux —, refuse d’appartenir à un comité de rédaction, renvoie à Gallimard des contrats non signés parce que certaines clauses ne lui conviennent pas, refuse toute adaptation de ses livres, interdit la diffusion de photographie le représentant, ne se rend jamais dans les médias, refuse même la lecture publique de ses textes.
Ce recueil de correspondance nous propose donc des lettres d’Henri Michaux à Jean Paulien, Gaston Gallimard, Jean de Boschère, Jean-Jacques Pauvret, Bruno Roy, Jean-Claude Perrier, Edouard Glissant, Claude Gallimard et j’en passe. Ce livre nous plonge dans la pensée d’Henri Michaux, dans sa volonté de tout contrôler. Il nous montre également une facette du milieu éditorial de l’époque qui souhaite des adaptations, des créations d’œuvres complètes, des demandes de textes, des lectures… Le lecteur de cette correspondance comprendra à quel point les demandes fusent autour d’un auteur aussi reconnu.
La seule question que l’on se pose à la fin, après avoir réfléchi sur le milieu éditorial, et après avoir souri de tous ces « non » : mais qu’aurait bien pu dire Henri Michaux d’un tel livre ? Il aurait sûrement dit non…