Les Républicains ont eu la bonne idée de rendre public leur programme pour l'Éducation (cliquer sur ce lien). J'ai vu que Jean-Paul Brighelli en avait fait une critique dans Le Point.
Comme beaucoup de programmes, il a le défaut de survoler le sujet et n'évoque pas en chiffres clairs les intentions du parti. Toutefois, j'y lis avec satisfaction qu'il prévoit d'abroger la scandaleuse réforme du collège et de restituer à l'allemand et aux langues anciennes leur place. Il y a un certain nombre de principes qui sont réaffirmés sur l'autorité des maîtres, la sécurité, et cetera. Bon, ça ne mange pas de pain, et de mon point de vue, ce ne sont que des mots, donc, ce n'est pas ce qui m'intéresse en priorité.
J'ai vu que les Républicains veulent revoir la formation des enseignants, dégager les délires pédagogiques et confier leur formation aux universités. Je ne vais pas m'en plaindre, mais je trouve que ce point justifierait une réflexion d'une autre ampleur. Je ne comprends pas pourquoi ni la psychologie, ni l'orthophonie ne font leur entrée dans le corpus du cursus des enseignants. Cela me semble central d'en avoir plus que des notions quand on enseigne. Et je ne parle pas de stages-bidon à la petite semaine mais d'une formation sur l'ensemble de l'année. Je vais le suggérer au MoDem.
Les Républicains s'inquiètent des enfants qui sont le plus en difficulté à l'arrivée en CP. Très bien, mais il faudrait peut-être songer à ce qu'il se passe avant, c'est à dire en Maternelle. Tous les partis ne jurent que par les fondamentaux de la lecture, mais, pour ma part, je pense que le problème de fond, c'est le vocabulaire. C'est sur ce point, plus encore que sur le graphisme, qu'il faudrait se concentrer en maternelle. L'objectif est de donner à tous les enfants les moyens de comprendre ce qu'ils entendent.
Je vois qu'il y a un souci de laisser une certaine autonomie au collège. Il faudrait voir en quoi elle consiste exactement. Je juge sage de ne pas imposer de méthodes pédagogiques et de privilégier l'efficacité. A voir à la pratique du pouvoir, les mots, c'est toujours facile de les semer.
Bonne initiative, cependant, de laisser aux écoles, aux communes et, peut-être aux collèges, le pouvoir d'organiser leurs rythmes scolaires. Sage décision. Principe de subsidiarité, il faut toujours faire confiance à l'échelon le plus pertinent.
Accroître le temps de présence des enseignants, voilà qui me fait doucement rire. Avec quel argent ? La seule solution, c'est d'augmenter les volants d'heures supplémentaires et de proposer aux enseignants qui le veulent de participer à des dispositifs de suivi des élèves. 25% de temps en plus pour tous les enseignants, cela me semble irréaliste ; si déjà les Républicains parvenaient à organiser des études dignes de ce nom, à des horaires décents et pertinents, sur l'ensemble du territoire, ce serait déjà très beau.
Il y a quelques autres propositions qui m'ont doucement fait rigoler. Pauvres militaires. Ils ont peut-être autre chose à faire que de s'occuper des adolescents pré-délinquants, ce que méditent les Républicains. C'est une idée qui revient souvent. Désolé, mais ce n'est pas leur job. La question de l'impunité est liée intimement au fonctionnement de la justice et aux moyens qu'on lui donne. Pas la peine de chercher midi à quatorze heures, il faut commencer par cela. Je n'ai pas encore étudié le projet des Républicains sur la sécurité, mais je fais le faire.
Il existe un dispositif qui fonctionne bien pour les élèves perturbateurs du secondaire : on les appelle les classe-relais. Puisque les Républicains de veulent pas faire d'idéologie, qu'ils les étendent. Leur projet de créer des établissements de réinsertion scolaire, genre centres éducatifs fermés, me laisse sceptique.
Penchons-nous sur les Universités. C'est clair, les Républicains veulent la peau du bac, qui ne doit plus être qu'un simple diplôme de fin d'études du secondaire. Ce que je retiens de leurs propositions, c'est que les Républicains veulent laisser les Universités augmenter leurs droits d'inscription et effectuer une sélection. Je lis notamment que les Universités exigeraient la validation de pré-requis. Au moins, ça a le mérite d'être clair.
Je trouve une bonne chose l'idée d'un Open Data du supérieur qui permettrait aux étudiants d'examiner les taux de satisfaction des étudiants ainsi que l'insertion professionnelle des filières. Pour le reste, je trouve qu'il n'y a pas grand chose de neuf dans leur projet.
Conclusion, pas mal, et nettement mieux que les idées d'Alain Juppé cet été, mais sans génie. J'espère que le MoDem fera nettement mieux, surtout après l'horrifiant programme des jeunes de l'UDI...