©Dominique Faget / AFP
L’organisation Attac a déposé une demande d’autorisation en préfecture pour occuper la place de la République.L’intendance de cette réunion s’effectue via le Droit Au Logement Opposable (DALO) et le syndicat Sud-solidaires. Le collectif "Nuit Debout", organisateur des assemblées générales sur la place, regroupe des militants d’EELV, du Front de gauche, des syndicalistes. Bref, des citoyens comme vous et moi, pas du tout politisés, loin de là ?!Soit dit en passant comment ne pas s’interroger sur l’autorisation préfectorale d’un tel dispositif en périodes troublés où d’autres manifestations sont interdites sous le prétexte fumeux de risques d’attentats ? L’intelligentsia boboïsante, enflée de vanité reste convaincue qu’elle agit dans une lutte contre le système. Les pauvres. Et les revendications contestataires sont aussi nombreuses qu’hétéroclites : violences policières, OGM, scandale des vaccinations, mort du système, inclusion de la langue des signes dans la Constitution, sens d’une vie désirable, science pour tout le monde, et, bien sûr, l’incontournable régularisation massive des "sans-papiers" réclamée par des clandestins eux-mêmes, mais dont tout le monde se moque au final.
Tous blancs™Parmi les manifestants, on regrette un tant soit peu une uniformité des visages : ces hommes et femmes appartiennent tous à la France d’avant le grand enrichissement. Ces parisiens en manquent de "sensations fortes", qui restent entre blancs™.Où sont donc les électeurs socialistes présents au soir du 6 mai 2012, ceux qui brandissaient les drapeaux de leurs pays respectifs ? Sont-ils d’accord, eux, pour appliquer la loi El-Khomri, celle qui stipule que le voile en entreprise évoque l’émancipation de la femme ? Le porte-parole d’EELV a déploré le manque de diversité du mouvement. "Ni les banlieues ni la classe ouvrière ne sont pour le moment représentées", un constat partagé par Chloé qui, traversée par un éclair de lucidité, a remarqué qu’il s’agissait vraiment d’une "révolution bobo". Philippe, génération soixante-huit bien tapée, justifiait sa présence par un "ras-le-bol après cinq années Hollande". Rien de bien original, même les gauchistes ne peuvent plus voir les socialistes en peinture. L’homme a ajouté que "les gens n’ont pas supporté de se faire confisquer l’émotion d’après les attentats, surtout par des types qui ne nous rassurent pas du tout". On aurait aimé lui demander quand est-ce qu’il comptait joindre l’acte à la parole. L’homme se situe dans un mouvement qui participe, précisément en ce haut lieu symbolique de la place la République, à ce qu’il entend dénoncer. Schizophrénie ?
Tandis que des militants favorables à un monde meilleur entonnent encore et toujours un vivifiant "Je veux vivre ma vie debout, République endormie citoyen réveillé…", une dame cheveux grisonnant a exprimé sa joie et son soulagement de n’avoir pas passé l’arme à gauche, avant de participer à la manifestation de son existence. "J’attends ça depuis 1976". Sans doute, cette année-là, avait-elle manifesté contre une canicule bien trop persistante. JB-M