Quoi de plus serein, de plus reposant qu’un paysage avec
palmiers ? Mais celui que Bernard Wallet a connu à Beyrouth était agité de
soubresauts fort peu pacifiques et portait, chaque jour, son lot d’images
fortes, insoutenables pour certaines.
Tout est terrible et vrai. Terrible parce que vrai. Dans son
premier récit, Bernard Wallet n’a pas eu besoin de forcer les effets. Au
contraire : il met la réalité à plat, simplement, en disant cette présence
obsédante de la mort toujours possible, à chaque instant, avec la peur qui lui
est liée mais qui n’empêche pas de marcher dignement, « d’un pas égal ».
Sans que cela soit exprimé ainsi, ce livre est un « Je
me souviens » très particulier, le regard fixé sur ces instantanés qui
datent d’il y a quelques années et qui semblent d’aujourd’hui, peut-être parce
que Bernard Wallet arrive à écrire, malgré tout : Beyrouth me manque, avec
un naturel saisissant.
Le texte est constitué d’éclats, comme si c’était des éclats
d’obus qui traversent rapidement le champ de vision, frappant au hasard mais
toujours avec une dureté exemplaire, parce que le mal est partout et que la
douleur est silencieuse.
Paysage avec palmiers blesse
souvent. Ce sont des blessures salutaires qui nous empêchent de rester étrangers
à l’horreur, trop souvent aseptisée à force d’être placée sur le même pied que
des émissions de divertissement. Vous avez dit guerre propre ? Ici, même
les palmiers finissent par être décapités…