Marc-Édouard est un professeur d'histoire contemporaine qui a eu son moment de gloire lors de la publication de son ouvrage sur l'homosexualité et la guerre. Mais, les jalousies et convoitises du milieu universitaire l'ont rapidement fait passer au statut de professeur moqué et de second plan. Il n'a pas su se défendre face aux critiques car Marc-Édouard est quelqu'un de profondément angoissé, marqué par la peur depuis son adolescence. Je dois avouer que je ne me suis pas tout de suite attachée au personnage. Pour lui, l'origine de cette peur, c'est le massacre de Basse-Misère. Sur les conseils d'un thérapeute, il entreprend de raconter l'histoire de Basse-Misère et le lent mais inexorable déclin de la région touchée, autant que lui, par le drame.
Le lecteur est totalement plongé dans la tête de Marc-Édouard et de son long travail introspectif sur son enfance, son travail, ses relations avec les autres. J'ai trouvé le début de ce roman assez lent et il m'a fallu du temps pour y entrer vraiment. Le narrateur entreprend un vrai travail d'historien ou de journaliste, à la recherche des sources, et son enquête fourmille de détails. Le massacre ayant lieu trente quatre ans plus tôt, ne vous attendez pas à un suspense de fou et à des fins de chapitre qui vous tiennent en haleine. Non, Un souffle une ombre n'est pas un thriller ordinaire, on a affaire à quelque chose de plus complexe, de plus profond, et le parallèle entre la vie de l'auteur et le drame de Basse-Misère m'a convaincue. Les derniers chapitres prennent quand même une tournure plus classique de thriller et la surprise est là et rondement bien menée par l'auteur.