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L’histoire du Géant

Publié le 12 avril 2016 par Adtraviata

L’histoire du Géant

Présentation de l’éditeur :

Que je vous conte l’histoire, l’épopée du Géant! Si vous voulez l’entendre, ce que l’on dit de lui, ce qui par vint des halliers. Elle est si vraie, l’histoire du Géant Tombé, que la forêt garde encore dans ses troncs et ses branches la plainte-mélopée. Qui sait l’entendre, cette  parabole du Colosse éconduit, a connu l’amour et le chagrin. A dansé par-dessus les feux une nuit de Saint-Jean, a pleuré des larmes de plaisir, d’allégresse, de détresse. A mordu le suc sucré et amer des amants. Mais que je vous conte l’histoire, plutôt! Elle est fort belle.
Écoutez donc ! Oyez ! L’épopée du Géant…

D’emblée le ton est donné, il s’agit bien d’une épopée à la langue riche et soignée qui emmène les petits et les grands au fond de la forêt à la recherche d’un être gigantesque. Tout le monde en parle, tout le monde sait qu’il est là, mais personne ne l’a jamais vraiment vu… Asseyez-vous, écoutez donc, laissez-vous bercer par le rythme des mots et entrez dans cette forêt-personnage qui enveloppe tout.

Le texte d’Anne Herbauts coule comme une plainte et ses peintures à l’huile envahissent les pages. Le livre progresse du noir au doré et le conte, à la fois poétique, lumineux et grandiose, nous dit qu’il est possible de tomber d’amour et de se relever dans la lumière, plus grand, peut-être, heureux, sûrement.

Je connaissais Anne Herbauts dans des albums plus enfantins, où ses illustrations, plus accessibles au jeune public, mélangeaient les techniques. Ici, dans cette Histoire du Géant, elle investit le conte, dans une langue poétique, musicale, qui bruisse d’échos, un peu comme dans une grande forêt, et elle utilise une seule technique picturale (je croyais que c’est de l’aquarelle, mais la présentation de l’éditeur parle de peinture à l’huile, admettons) qui fait de chaque page ou double page un tableau à la fois riche de sens et mystérieux.

La polysémie vaut aussi pour l’histoire de ce Géant, dont on ne sait finalement si c’est un arbre tombé, brûlé lors des feux de la Saint-Jean (sens le plus évident de prime abord) ou un homme abattu par les chagrins. Ce géant, tout le monde le connaît, tout le monde le devine, mais on ne sait pas exactement où il est, perdu au fond de la forêt. On n’ose l’approcher, on ne sait comment le consoler. Il faudra le temps d’une année, le passage des quatre saisons pour que le géant reprenne vie, se redresse peu à peu.

Une histoire de mort de vie, de deuil et de résilience, dont les couleurs illustrent le passage de l’obscurité à la lumière retrouvée. Une belle histoire que les grands aideront les petits à apprivoiser.

Anne HERBAUTS, L’histoire du Géant, Esperluète, 2015

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