Giant Sand and Jason Lytle - Orangerie du Botanique - Bruxelles - le 9 avril 2016
Florian Hexagen
Soirée tout simplement magique hier au Botanique, pour la rencontre/le partage scénique tant attendus entre le leader des Grandaddy, Jason Lytle, et le groupe d'Howe Gelb, Giant Sand.
Rien de plus normal d'ailleurs que ces deux-là copinent ensemble, car c'était déjà Howe Gelb qui avait permis aux Grandaddy d'avoir une meilleure exposition pour la sortie de leur premier album "Under the Western Freeway".
20 ans plus tard, la complicité semble toujours là, et une tournée commune n'est rien d'autre que la suite logique de leur aventure.
On a démarré émotionnellement (très) fort la soirée, avec un Jason Lytle qui nous gratifie dès le début de son set d'un magnifique "Now It's On" en duo, titre d'ouverture idéal du troisième album des Californiens, le génial "Sumday".
D'ailleurs, on va en écouter des tubes du groupe de Modesto ce soir, tellement que l'ancien skater, au bonnet toujours vissé sur la tête, ira même jusqu'à nous donner la primeur d'un nouveau morceau de leur album à paraître d'ici la fin de l'année, qui n'annonce que du très bon, parlant notamment de blonde hitchcockienne et de soirée cannabique.
Le sourire souvent aux lèvres malgré la fatigue du jet lag (première date de la tournée), quelques blagues potaches, et l'assemblée a eu droit à un enchaînement de tubes pop indé lofi juste désarmants de beauté.
Un "El Caminos In The West" tout en douceur, un "The Crystal Lake" déchirant de simplicité, un "Somewhere There's A Someone" mélancolique à souhait, bref, le Jason sait y faire, et a tout donné pour nous faire frissonner de plaisir durant une petite heure qui sera passée très vite.
Lui a succédé sur scène 30 minutes plus tard Giant Sand, soit LA créature du fantastique Howe Gelb, chanteur à la voix divine et homme à tout jouer baladin devant l'éternel. 30 ans de carrière, des dizaines et dizaines d'enregistrements, 60 ans au compteur pour le génie de Tucson, et le temps ne semble avoir juste aucune prise sur lui. Giant Sand, que l'on n'avait encore jamais vu, nous a gratifiés d'un voyage magnifique au sein d'une discographie gigantesque, passant d'envolées chicanos à la Calexico à des touches arty-noise sans oublier quelques passages jazzy, le tout enveloppé dans de l'alternative country à la Wovenhand / Neil Young avec des réminiscences urbaines et électriques à la Bob Dylan / Bruce Springsteen / Lou Reed, nous décontenançant parfois, mais surtout nous enthousiasmant devant tant de variété, de maîtrise, de classe et même parfois d'espièglerie.
Après 1h20 de bonheur passée dans les remous et les espoirs de l'Amérique éternelle, Howe invite Jason à les rejoindre sur scène, pour un mix Giant Sand / Grandaddy du feu de Dieu, et notamment un "Transponder" dont on espère qu'il fera beaucoup de petits à l'avenir.
Conclusion, un voyage de 2h30 dans l'univers de deux des artistes les plus cools et intelligents de la scène rock indé US, celle qui ne triche pas, se fout des modes, et qui continuera jusqu'au bout à nous enchanter par la grâce d'albums et de concerts d'une classe inouïe (quand je pense que l'Orangerie n'était pas même pas sold out, mais en même temps, tant mieux pour nous
.. Bref, vous l'aurez compris, soirée exceptionnelle, pas sûr qu'on aura l'occasion de revivre un tel pic musical avant longtemps, mais fichtre, quel bonheur