Oliv, l'homme qui suit toute l'activité "vins" dans ce monde, depuis les humbles petits crus du Poitou jusqu'aux rares communications des vins de Patagonie, sans oublier les informations sur tout ce qui tourne autour du vin, nous annonce des précisions sur le projet de Dame Lister. Ce fut commenté chez nous ICI.
Et voilà le lien du nouvel article de Dame Lister : ICI
Que faut-il en déduire de cette mise à jour ?
A : qu'il s'agit bien d'un outil nouveau, performant, se voulant complet par...
....à la fois la qualité de ses sources d'informations subjectives sur les vins en s'associant à 3 noms majeurs : Galloni aux USA, Jancis Robinson en UK et B+D en France. Alors qu'on pressent que les vins autrichiens et allemands vont monter en puissance (ça, c'est mon information totalement confidentielle et gratuite), il est dommage que personne de langue espagnole ou teutonne n'ait été approchée (Victor de la Serna, David Rayer, Joël Payne, Peter Moser ?)....
B : ... et à la fois financier (n'ayons pas honte des mots) en utilisant un algorithme pointu qui a coûté bonbon afin de donner aux souscripteurs des informations de valorisation qu'ils n'auraient jamais trouvées tout seul.
L'amateur qui suit ce type de réflexion et d'information a déjà comme outil des sites comme Winsearcher ou des outils tels ceux proposés confidentiellement par Jean-Jérôme Carre. S'il sait lire l'anglais, les sites de Galloni ou de Jancis Robinson sont une mine d'informations et bien sûr Bettane et ses guides ou rapports sont disponibles aussi sur le web.
Bref : comme ce nouvel outil va coûter probablement cher pour nos petites bourses, gageons qu'il sera limité au haut de la pyramide des acheteurs, car, quoiqu'on en dise, ce sera bien un outil de décision pour acheter intelligemment, c'est-à-dire pour pouvoir faire autant que possible une plus-value. Je ne vois pas pour quelle raison ce serait honteux de le dire.
Bref : nous avions raison de souligner qu'on était en train de créer, plutôt d'alimenter un marché spéculatif du vin avec des outils n'ayant pas honte d'être là pour ça.
DES PROBLEMES ?
D'abord, si on sait que des critiques comme Galloni, Jancis Robinson et B+D ont une certaine politique d'indépendance financière ± évidente selon leur mode de fonctionnement, si on sait qu'ils sont chatouilleux sur leur liberté d'expression, il n'empêche qu'on est face à un système où on est payé pour donner des critiques... qui seront refacturées aux zombies que nous sommes dans un nouvel outil sensé tirer la substantifique moëlle des critiques de ces 3 ténors. Là, ça devient un peu lourd, non ?
Ensuite comment va t'on protéger sur le web cette extraordinaire capacité du copier-coller et de l'anonymat qui peut permettre des copies "volages" de ces informations confidentielles ?
On a bien assisté, et pendant des années à Bordeaux au fait que les notes du Wine Advocate de Parker "transitaient" par des photocopies que quelques généreux donateurs envoyaient si facilement à des entités qui attrapaient le bacille de la honte à devoir payer pour savoir si leur vin était jugé bon ou nul.
Et on voit déjà s'épanouir quelques audacieux qui vont prendre plaisir à chercher ailleurs des vins pouvant à la fois offrir à des amateurs moins fortunés de belles qualités gustatives, un prix correct et, pourquoi pas, une possibilité de devenir une future étoile ? On osera, soyez en certain !
Ceux qui ont lu mon premier papier à ce sujet ne seront pas étonnés que je conclue celui-ci de la même façon :
c'est une triste évolution dans le monde du vin.
Comme les sommes mises au départ sont conséquentes (on parle de millions), il est évident que, à l'instar de la boîte qui a racheté Parker en Asie, ces investisseurs vont suivre de près la rentabilité d'une telle chose. Mais restons correct : tant que nous ne connaissons pas le prix de l'abonnement, le type d'informations que l'abonné recevra avant tout le monde (ça reste à sacrément être démontré), et la fréquence des informations communiquées, ne jetons pas l‘opprobre contre ce cristal de transparence que sera cette hiérarchie des bonnes affaires réservée à des cognoscenti acceptant de payer deux fois : une fois l'abonnement au blog de Galloni ensuite une seconde fois au traitement que Dame Lister donnera à ses notes en les fondant avec celle de B+D et Jancis Robinson.
Bref : je confirme mon premier jugement : tout cela est bien triste et si loin du vin tel que nous le concevons : un produit de convivialité où la spéculation ne peut qu'entacher ses buts premiers : générosité, partage, absence de calcul.
Allons plus loin :
il est utile de rappeler que les cours financiers peuvent se « travailler ». L'exemple est bien connu et c'est une spécialité anglo-saxonne.
A : vous avez un stock de grands crus classés bordelais qui s'incruste dans votre cave. Cela devient agaçant.
B : avec un ami complice, vous mettez une caisse de ce stock en vente aux enchères, et bien sûr, le marteau-complice laisse monter jusqu'à la valeur que va payer cet ami. Et cela peut être deux à trois fois le prix réel de cette marchandise ne trouvant pas preneur.
C : vous arrosez suffisamment d'outils de communication pour dire l'émerveillement de la chose ! Oui, oui, telle boîte a encore plein de ce vin ! Courrez y ! Voyez le prix atteint aux enchères !
D : et hop, l'affaire est dans le sac. Un peu comme ces châtelains rachetant à haut prix leurs propres vins pour qu'ils ne connaissent pas une chute sévère de valeur.
Bon, là, je deviens méchante langue.
Bref : si j'étais Dame Lister, j'aurais choisi, et de loin, de ne pas parler, de ne pas expliquer mon produit au grand public qui va, de toutes façons, chercher la petite bête... à commencer par le coût de l'abonnement. Je choisirai la voie royale de le facturer à € 10.000 par an en le réservant à un maximum de 1.000 cabinets d'affaires qui auront la charge, eux, de le revendre à profit à des zèbres ne sachant que faire de leur excédent monétaire.
Mais bon : là, ce n'est qu'un humble avis !
Mine de rien, comme le dirait Nicolas, je ne vais pas me faire que des amis avec ce billet !
VOUS ME PERMETTEZ ?
Petit moment personnel et belle émotion à lire un article du 7 avril d'Hugh Johnson qui explique plus que bien l'esprit que nous voulons donner au VDEWS à Villa d'Este. ICI