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La nuit debout est en marche

Publié le 11 avril 2016 par Fabianus

LA NUIT DEBOUT EST EN MARCHE
Lille, ma ville, à l’image de Paris, a connu sa première nuit debout, place de la République, ce samedi 9 avril 2016.

Sur le modèle parisien, les participants de ce mouvement spontané, proche de l’esprit des indignés et empreints de l’âme de Stéphane Hessel, se réapproprient l’espace public, réinventent l’agora grecque.

Sur place la ruche bourdonne. Des tonnelles sont dressées et font office de dortoirs, de centre de secours, de cantine… Des lits de fortune (pour gens d’infortune) s’alignent en ballots de paille, comme un clin d’œil aux miséreux, régulièrement sur la paille, et qui s’avouent que "c’est ballot".

Les apôtres de la décroissance, les déçus du socialisme à la sauce hollandaise, les « qui veulent avoir leur propre mai 68 » se rassemblent, spontanément.

On fustige le projet de loi El Khomri, annonciateur de déréglementation du code du travail, exécuteur de flexibilité au service du patron et d’insécurité vis-à-vis du salarié kleenex.

On refait le monde. On raille le Ministre Macron qui vient de lancer son propre mouvement  «En marche ». On glose sur ses intentions. Le jeune prétentieux issu du monde bancaire se dit de gauche mais l’annonce de son mouvement a fait sauter de joie Pierre Gattaz, le patron des patrons, qui a trouvé le concept « rafraîchissant » !

On s’attaque aux bourgeois, à la mondialisation, aux donneurs de leçon qui se font prendre la main dans le pot de confiture panaméenne ! Une ruche, je vous dis ! Mais pas encore de reine !

Le miel abonde ! Il se joue de l’état d’urgence, s’émancipe des codes de l’urbanité et regarde vers des lendemains encore flous mais qu’on veut débordant d’humanité.

Une nuit est « en marche ».

Pas sûr que Macron puisse dormir sur ses deux oreilles.



Et tandis que Macron nous abjure d’être en marche

Pour contrer son patron d’indolente démarche

Ils se lèvent, debout, dans l’éclat de la nuit

En rêvant du grand soir par l’espoir qui reluit

Pendant qu’Emmanuel de sa voix de banquier

Pousse la ritournelle de l’argent libéré

Ils sont la sous la pluie, sur les ballots de paille

Place de la République, hors des feux du travail

Le Prince de Bercy veut libérer les flots

L’énergie novatrice échappée des enclos

Mais ne voit liberté qu’en ses appâts vénaux

Eux la rêvent habillée de généreux signaux

L’ambitieux que la gauche n’a que très peu nourri

Rêve, tout en couleur, de jeunesses fleuries

Au printemps des Start up, de l'entrepreneuriat

Eux, caressent la nuit de dociles mantras

L’homme décomplexé de sa rose droitière

Veut glaner des patrons de branches ouvrières

Imaginant un monde d’opulence épanoui

Eux tournoient, folle ronde ouverte aux utopies

En dehors des partis, c’est du moins ce qu’il clame

Mais l’esprit envahi de pécuniaires flammes

Le marquis cravaté prône les bénéfices

Aux essences privées ; ils y voient maléfice !

La dérégulation coule encore en ses veines

Quand il ose avouer sans empreintes de gêne

Son amour de la rose, dans les pas de Jaurès

Eux finissent de croire,  au bout de la détresse.

Et la nuit les blottit dans ses bras de velours

Qu’importe les rivières de ces nuages lourds

Ils sont là, rassemblés, cœurs vaillants,  solidaires

Loin de l’état d’urgence et des peurs militaires.

Et la nuit les ravit de sa noire plénitude

La parole échangée brise les solitudes

Un combat qui s’ébauche, indécises esquisses

On recherche un ressort, en voix fédératrices.

Une nuit tient debout, en marche est le Nocturne

Sous les doigts de  Chopin, sous l’anneau de Saturne

Loin des lunes d’argent du Seigneur de la Bourse

Dans la pensée d'Hessel, au cœur de la grande Ourse... 



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