Cela est sale. La musique de Sida, ma foi, est assez glauque. Plutôt morne. Sans envie. Assez sombre. C'est-à-dire que l'on a vraiment l'impression de se traîner, de se lester d'un lourd fardeau, de porter en soi une impure boule d'angoisse. L'ambiance est particulière : pas de vice, pas de mystère, pas de mensonge, juste une parfaite allure de désoeuvrement, l'expression d'une interminable période d'errement. Il faudrait presque s'imaginer une mauvaise cuite, par un mois de juin, par une chaleur suante, crasse et aliénante. Une transpirante chape de plomb, de celles qui annihilent le doigt levé tout effort de volonté. Un égarement sans évidence. Ce que j'apprécie, chez Sida, c'est cette façon de rentrer dans cette espèce de salace tourmente sans y mettre une réelle violence, en exposant de la manière la plus obscène une absence totale de tout sens d'entreprise.
Cette licencieuse opération - qui se partage entre Marseille, Lyon et Strasbourg, et dont le tout premier LP ne devrait pas tarder à voir le jour - ouvrira la dernière période du Sonic Protest, au Petit Bain, le 13 avril prochain, en compagnie des légendaires Warum Joe et des incroyables finlandais de Pertti Kurikan Nimipäivät. On vous conseille de rapidement choper votre place, on en fait d'ailleurs gagner par ici.