Après Martin Scorsese, la Cinémathèque française rend hommage à un autre réalisateur américain de grand talent, emblème d’un cinéma anticonformiste, radical et osé : Gus Van Sant.
Tête de proue du renouveau du cinéma outre-atlantique dit indépendant, que le public français découvre en 1989 avec la sortie en salles de Drugstore Cowboy, il est l’instigateur et le défenseur, en secret, en douceur, d’une liberté artistique qui irradie depuis les marges.
Pris ensemble comme un tout, ses seize longs métrages, de par leur extrême diversité, créent une profonde sidération. Comme si, film après film, Van Sant réinventait sans cesse tout son cinéma. On se demande alors si c’est le même metteur en scène qui a arrêté le temps du massacre d’Elephant (inspiré de Columbine) et accéléré la vie du militant gay Harvey Milk. Si c’est le même metteur en scène qui a filmé la jeunesse avec gravité (Elephant, Paranoid Park) et les Pères de la Beat Generation comme des enfants terribles. Fils assumé de ce mouvement poétique contestataire, Van Sant en a gardé le goût d’un anticonformisme esthétique, où se mêlent des revendications politiques, sexuelles et spirituelles. Ainsi, William Burroughs interprète-t-il dans Drugstore Cowboy un prêtre toxicomane, dont les répliques ont été écrites par ses soins.
Burroughs, tout comme Ed Ruscha, William Eggleston, Bruce Weber et Marcel Duchamp sont quelques uns des artistes dont l’on retrouve la trace dans la constellation Van Santienne mise à nu dans cette exposition. L’on découvre aussi les talents de peintre et de photographe de ce cinéaste protéiforme, à travers une formidable galerie de portraits pris au polaroid et d’aquarelles inédites exposées au sein de la Galerie Gagosian de Los Angeles en 2011.
Outre les extraits de films et d’entretiens projetés en divers endroits de l’exposition, le parcours s’achève par une exploration du lien profond qu’entretient le travail de Gus Van Sant avec la musique : bandes originales spécialement composées ; utilisation de classiques (la Sonate au clair de lune de Beethoven illuminant le ciel gris d’Elephant) ; musiques réalisées par le cinéaste lui-même, qui performe dans Mala Noche ou Restless, mais aussi vidéo clips réalisés pour David Bowie, les Red Hot Chili Peppers ou les Hanson. Une exposition passionnante qui explore l’univers riche et hétérogène d’un réalisateur culte.
– MASTERCLASS Gus Van Sant par Gus Van Sant
Rencontre animée par Matthieu Orléan. Jeudi 14 avril, 19h. COMPLET
– CYCLE DE PROJECTION des films de Gus Van Sant à la Cinémathèque, jusqu’au 28 mai. Voir le programme en cliquant ICI.
– CONFÉRENCES Salle Henri Langlois :
Dreamachine cinéma : l’art de Gus Van Sant Conférence de Matthieu Orléan. Jeudi 21 avril 2016, 19h River Phoenix : un ange engourdi Conférence de Jean-Marc Lalanne. Jeudi 5 mai 2016, 19h Gus Van Sant : le chant des pistes Conférence de Cyril Béghin. Jeudi 12 mai 2016, 19hGus Van Sant, l’exposition
Du 13 avril au 31 juillet 2016
La Cinémathèque française
51, rue de Bercy 75012 Paris
M° Bercy (6, 14)
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