Critique du Cabaret Léo Ferré, vu le 2 avril 2016 au Studio-Théâtre
Avec Martine Chevallier, Véronique Vella, Alexandre Pavloff, Julie Sicard, Serge Bagdassarian, Christophe Montenez et Pauline Clément, dirigés par Claude Mathieu, et les musiciens Benoît Urbain, Paul Abirached, Olivier Moret, Alain Grange
Les Cabarets du Français sont ancrés dans la programmation maintenant. Cela fait 4 ans que chaque année, c’est ravie que je me rends au Français pour voir certains acteurs de la Troupe chanter. C’est toujours un plaisir car ces comédiens parviennent à ajouter une âme, une vie supplémentaire, aux chansons. Mais depuis l’année dernière, une légère baisse de régime me chagrine un peu : peut-être est-ce d’avoir confié la direction artistique à des comédiens moins concernés par le monde musical ?
Disons-le, le summum du Cabaret fut du temps où Philippe Meyer les mettaient en scène. On n’était alors pas au Studio Théâtre mais bien dans la grande salle du Théâtre Éphémère et les chansons proposées, variées, autour d’un thème ou totalement libres, me ravissaient. Mais depuis la reprise du Cabaret chaque année par des comédiens autour d’un seul compositeur, mon enthousiasme est moindre : seul Serge Bagdassarian avait réellement mis en scène son spectacle, mais ni Béatrice Agenin (et son Cabaret Barbara) ni Claude Mathieu ne sont parvenues à réellement mettre en lumière le compositeur qu’elles avaient choisi.
Je dois avouer que Léo Ferré n’est pas forcément mon auteur favori, et que les chansons choisies, pour la plupart véritables poésies de fin de carrière, pas forcément les grands tubes de Ferré, ne m’ont pas toutes emballées. Elles regroupaient un vocabulaire daté, des références qui ne me parlaient pas forcément, ce qui donnait m’éloignait des textes et créait une distance entre le spectacle et moi.
Heureusement, les acteurs sont là. Serge Bagdassarian est au sommet dans ce Cabaret, dépassant ses camarades par sa possession intime des textes et sa voix superbe. La découverte de Pavloff en tant que chanteur est une jolie surprise, car la sensibilité qu’on connaît à l’acteur renaît transcendée sur la scène du Studio-Théâtre. Jolie découverte également que Christophe Montenez qui lui aussi fait preuve d’une douce humanité à travers les textes de Ferré. Julie Sicard, habituée des Cabarets, livre également une délicate prestation. Pauline Clément, jeune pensionnaire de la Maison à la voix haut perchée parfois légèrement désagréable, s’en tire plutôt pas mal mais ce n’est pas le type de voix que je préfère écouter. Mais Martine Chevallier et Véronique Vella m’ont déçue dans ce spectacle : la première, qui déjà dans le Cabaret Barbara m’avait paru à la limite de ses capacités vocales, renouvelle ici sa prestation. Ces morceaux ont paru bien longs à mes oreilles… Le problème est tout autre pour Véronique Vella, dont la voix sait pourtant si bien m’enchanter d’habitude : on connaît tous la puissance de sa voix, mais je ne comprends pas pourquoi, dans ce spectacle, elle la pousse à ce point : pourquoi crier ainsi continument ? Le contraste est fort lorsqu’elle entonne la même chanson de Pavloff à sa suite : l’un est doux et émouvant, l’autre criard déçoit singulièrement. Dommage.
C’est un cabaret quelque peu décevant qui nous est donc présenté au Studio-Théâtre. J’espère que la belle tradition des Cabarets va perdurer et se reprendre, et je serai quand même là l’année prochaine si la proposition est renouvelée ! ♥ ♥