A la question « citez un auteur qui vous a fait aimer la lecture », René Barjavel fait parti des noms que j’évoquerai sans hésiter. J’avais 18 ans quand j’ai lu La nuit des temps, j’en ai été émue, bouleversée… Avant ça, j’aimais déjà beaucoup lire, après cette lecture, j’ai fait de la lecture une véritable passion. Même que je m’étais promis de lire toute la bibliographie de René Barjavel. Et même que je ne l’ai pas fait du tout, puisque depuis, je n’ai lu aucun autre livre de l’auteur. Jusqu’à ce que l’envie de lire L’enchanteur me prenne…
Synopsis
Qui ne connaît Merlin ? Il se joue du temps qui passe, reste jeune et beau, vif et moqueur, tendre, pour tout dire Enchanteur. Et Viviane, la seule femme qui ne l’ait pas jugé inaccessible, et l’aime ? Galaad, dit Lancelot du Lac? Guenièvre, son amour mais sa reine, la femme du roi Arthur ? Elween, sa mère, qui le conduit au Graal voilé ? Perceval et Bénie ? Les chevaliers de la Table Ronde ? Personne comme Barjavel, qui fait le récit de leurs amours, des exploits chevaleresques et des quêtes impossibles, à la frontière du rêve, de la légende et de l’Histoire. Dans une Bretagne mythique, il y a plus de mille ans, vivait un Enchanteur. Quand il quitta le royaume des hommes, il laissa un regret qui n’a jamais guéri. Le voici revenu.
Mon avis
Vous connaissez l’histoire des chevaliers de la table ronde, d’Arthur, Lancelot, Perceval, Merlin et tous ces personnages qui ont fait et font encore la gloire des légendes bretonnes ? Bien ! Mais connaissez-vous cette histoire racontée par la plume poétique et facétieuse de René Barjavel ? Car il y a des histoires, on a beau les connaître, les avoir lues et entendues maintes fois, elles arrivent toujours à nous émouvoir, à nous surprendre, nous émerveiller. Et puis, il y a ces conteurs, capables de vous sublimer n’importe quelle histoire, capables de vous faire redécouvrir cette légende que vous avez pourtant entendues tant de fois.Alors, quand René Barjavel me conte l’histoire de Merlin, de son amour impossible pour Viviane, de la quête de Graal, des prouesses aux armes du jeune et naïf Perceval, de la jalousie qui ronge Morgane, je ne peux que me délecter d’une telle lecture. L’enchanteur, ce n’est pas une histoire, mais une multitudes de récits dont le fil conducteur serait la fameuse quête du graal. Ici, les personnages de la légende Arthurienne prennent place tour à tour dans l’histoire, à commencer par Merlin, dont les facultés d’enchanteur donnent le titre à ce livre. Si au début je m’attendais à ce qu’il soit le personnage principal du récit, j’ai peu à peu découvert que ce n’était pas tout à fait exact. Il a bien sûr les moments où il est mis en avant, notamment lorsque l’auteur nous narre cet amour impossible avec Viviane. Mais pour le reste du récit, si Merlin intervient, il m’a plus semblé apparaître comme un faire-valoir des autres personnages, aidant ainsi à les mettre en avant, à découvrir leurs qualités ou leurs défauts. Merlin est partout et nulle part en même temps. Sa présence se fait sentir à chaque instant, et pourtant, il ne se fait pas envahissant. Il intervient lorsque cela est nécessaire, mais se fait discret si les actions d’un autre personnage méritent de passer au premier plan. Et rien que pour cela, il mérite bien son nom d’enchanteur. Mais L’enchanteur, c’est aussi un roman qui parle d’amour. Avec juste ce qu’il faut de romantisme, de naïveté, d’innocence et de sensualité. Sous la plume de Barjavel, on découvre des héros dont le courage des armes n’a d’égal que leur naïveté face à certains sentiments bien humains. De ce fait, Perceval, Gauvain ou Lancelot nous apparaissent comme de preux chevaliers, aptes à accomplit des hauts faits de chevalerie, mais des chevaliers bien humains, proches de nous. D’ailleurs, l’auteur ne s’y est pas trompé, en insérant dans cette légende ancienne des éléments qui la rendent radicalement moderne. Quand la modernité technique du 20ème siècle s’allie aux légende de Camaalot…
Dès les premières pages, j’ai été émerveillée par la plume poétique de René Barjavel. Je me suis laissée emportée par la beauté de ses phrases. Mais quel plaisir aussi ai-je pris de découvrir un auteur qui fait si bon usage de l’humour, qui n’hésite pas à appuyer sur l’innocence d’un personnage de manière si facétieuse ! Il se fait gentiment moqueur envers ces héros de la légende Arthurienne.
C’est touchant, c’est émouvant, c’est beau ! C’est L’enchanteur de René Barjavel.