Titre : Silas Corey, T1 : Le réseau Aquila 1/2
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Pierre Alary
Parution : Janvier 2013
« Silas Corey » est une série dont le premier tome est apparu dans les rayons de librairie le seize janvier dernier. La couverture nous présentait un jeune homme au style vestimentaire british. Associé à au visage de jeune femme au second plan, il nous immergé dans la première partie du siècle dernier. Les tons rouges et blanc sont réussis mais n’auraient pas réussi à attirer mon regard s’ils n’avaient pas été accompagnés d’une étiquette dorée indiquant que cet ouvrage était le fruit du travail de l’auteur de « Il était une fois en France ». Cette grande saga composée de six épisodes est une des œuvres majeures de la dernière décennie du neuvième art. Fabien Nury est un scénariste que j’affectionne particulièrement. « W.E.S.T. » ou « Je suis légion » sont deux autres de ses petits bijoux. Pour « Silas Corey », il s’est associé à Pierre Alary pour les dessins. Il s’agit de ma première rencontre avec son univers.
Cet album s’intitule « Le Réseau Aquila 1/2 ». Il est d’un format classique. Edité chez Glénat dans la collection Caractère, il se compose d’une soixantaine de pages. Son prix avoisine quatorze euros. Le titre indique de manière claire que cette histoire sera un diptyque. Il fallait donc m’attendre à terminer ma lecture accompagnée de la frustration de ne pas connaitre le dénouement de l’intrigue.
Comme le laissait supposer la couverture, la narration se déroule durant la première guerre mondiale. Elle ne nous plonge pas dans les tranchées mais au milieu d’une lutte politique. Le gouvernement de Jacques Caillaux est en conflit avec l’opposition menée par George Clémenceau. Tout ce beau monde cherche à mettre la main sur un journaliste, Hector Rusella. Il a disparu récemment avec des informations touchant à la sécurité nationale. Silas Corey est détective privé et a donc comme mission de mettre la main sur le reporter. A priori, il n’est pas le seul…
Un Sherlock Holmes français
Comment souvent, Nury construit sa trame au beau milieu de la grande Histoire. Cette particularité a effet de dépayser tant sur le plan chronologique que spatiale. Nous n’avons aucun mal à nous croire dans les rues parisiennes à la fin des années dix. Le travail sur les décors de Pierre Alary est sur ce plan remarquable. Les costumes, les rues, le mobilier… Tout sonne juste. De plus, les scènes nocturnes dégagent une atmosphère particulière qui envahit la lecture. Le plaisir de découvrir cet univers est évident. Le personnage de Silas Corey est rapidement associé à un Sherlock Holmes français. Son métier, son style, l’époque, son caractère irrévérencieux… Nombreuses sont les raisons qui nous font faire le lien avec le célèbre enquêteur londonien.
La recherche de Rusella est intéressante. La mise en place de sa disparition est efficace. Elle arrive rapidement et maintient suffisamment de zones d’ombre pour attiser la curiosité. L’entrée dans l’histoire est réussie. Dans la continuité, l’apparition du personnage principal est habilement construite. Sa personnalité se dégage de chaque réplique et chaque posture. On s’intéresse à lui sans le connaitre réellement. Il nous apparaît familier. Son côté impertinent le rend attachant. Les événements qu’il va vivre au fur et à mesure de ses pérégrinations sont bien dosés. Leur densité est bonne sans pourtant que le lecteur soit noyé sous les informations et les rebondissements. De plus, la dernière page conclut parfaitement ce premier opus. Nury confirme sa capacité à écrire des aventures prenantes.
Le trait d’Altury accompagne remarquablement le rythme soutenu de la narration. Il correspond parfaitement à l’ambiance que dégagent cette enquête et le détective qui la mène.
« Détective. Espion. Tueur. Héros ou escroc, ça dépend de l’employeur… » La quatrième de couverture est alléchante. Son protagoniste central a tout pour attirer le lecteur. Il est appréciable de découvrir qu’une fois l’ouvrage refermé, nos attentes ont trouvé leur réponse. Silas Corey est un individu qui ne laisse pas indifférent.