Après le très bon Dallas Buyers Club et le sympathique Wild, Jean-Marc Vallée nous revient en ce mois d’avril avec Demolition, un drame aigre-doux qui doit beaucoup à la prestation solaire de Jake Gyllenhaal. En orbite depuis maintenant plusieurs années, l’acteur américain livre à nouveau une prestation remarquée dans la peau de ce mari loufoque, dépourvu de toute émotion à la mort de sa femme. Une situation pour le moins surprenante qui est le point de départ d’une renaissance aussi intense que fascinante. A grand coup de métaphores, pas toujours très subtiles, le film nous décrit en effet la reconstruction d’un homme condamné à démolir ce qui l’entoure pour en comprendre le sens. Une approche inédite qui donne lieu à un intéressant mélange d’humour et d’émotion. Pour autant, le rythme lent laisse tout de même occasionnellement place à quelques longueurs, et la belle naïveté qui émane de l’ensemble n’est jamais très loin de basculer dans la banalité. Deux défauts réels qui n’altèrent, fort heureusement, jamais vraiment l’équilibre du long-métrage.
A travers le parcours atypique de Davis, le film nous montre à quel point la société peut facilement nous enfermer dans un conformisme usant si l’on n’est pas attentif à toutes les jolies choses qui nous entourent (l’amour, la famille…). Ces choses, elles lui apparaissent au contact de Karen et Chris, formidablement interprétés par Naomi Watts et Judah Lewis, une mère et un fils quelque peu dysfonctionnels qui contribuent, sans véritablement le vouloir, à la reconstruction de Davis. Chacun à leur façon, ils lui offrent effectivement une opportunité en or pour exprimer ses sentiments. Alors bien sûr, le regard critique porté sur notre société n’est jamais vraiment approfondi, et le cynisme dont fait preuve l’histoire s’avère finalement bien inoffensif, mais le propos reste malgré tout louable et le film se laisse suivre sans déplaisir. On aurait néanmoins voulu que celui-ci décolle vraiment. D’autant plus que la mise en scène du cinéaste s’avère particulièrement enlevée, tout comme la photographie d’Yves Bélanger s’avère particulièrement soignée.En définitive, sans jamais atteindre des sommets, Demolition se révèle donc tout de même intéressant. Porté par un Jake Gyllenhaal au charisme dingue, le film saupoudre avec brio son histoire, fondamentalement dramatique, d’une bonne dose de légèreté. Dommage cependant que l’ensemble paraisse un peu vain au final.