L'AG interne de la FNAB a porté sur 2 jours de débats sur les grands enjeux de l'agriculture biologique dans le contexte d'un changement d'échelle avec de très nombreuses conversions (enjeux de la disponibilité des aides PAC à la bio, du processus de révision du règlement européen, de la structuration de filières durables etc.). La thématique principale, "L'agriculture biologique en France et en Europe, une solution aux crises actuelles ?", a passionné un auditorium comble. "Il est maintenant nécessaire de changer la PAC pour rémunérer vraiment les efforts des agriculteurs pour recouvrer la qualité et la fertilité des sols avant que l'on ne puisse plus produire en France" a expliqué Jean-Christophe Bureau (Agroparistech).
Durant cette assemblée, les agriculteurs bio de la FNAB ont adopté une Charte des valeurs qui inscrit la bio dans une démarche de progrès humain. Un document fédérateur que tous les acteurs de la bio sont invités à signer : agriculteurs mais aussi transformateurs, distributeurs, mouvements citoyens....
"La transition de l'agriculture vers le bio est en marche et doit être accompagnée. Elle doit être soutenue dans toutes les politiques publiques. Les budgets sont aujourd'hui insuffisants alors que jamais nous n'avons connu une vague de conversions en bio si grande et si rapide. Nous devons redonner du sens au métier d'agriculteur, leur donner la fierté de travailler avec la vie et non contre elle" a déclaré lors du discours de clôture Stéphanie Pageot, présidente de la FNAB, en faisant référence à l'utilisation des pesticides.
"Au nom des paysannes et paysans bio, je réaffirme aujourd'hui que nous souhaitons construire, avec les transformateurs, les distributeurs, les consom 'acteurs, les citoyens un véritable projet de société qui dépasse largement la sphère agricole" a-t-elle rajouté tout en regrettant qu'aucun acteur de la grande distribution n'ai daigné participer à l'assemblée malgré "les grosses ambitions pour la bio" affichées par le secteur. "Nous resterons attentifs à ce que les grosses pratiques commerciales utilisées en conventionnel ne se reproduisent pas pour la bio" a-t-elle averti. Stephanie Pageot a également abordé le sujet épineux de l'accompagnement des animaux à l'abattage suite aux différents scandales de maltraitance des animaux révélés par l'association L214. "C'est un sujet qui nous tient de plus en plus à coeur" a-t-elle expliqué.
La présidente de la FNAB a ensuite regretté la décision du Sénat de ne pas valider l'intégration de 20% de produits bio en alimentation collective alors que ce projet "avait toute sa place au regard des vagues de conversions et de la poursuite de la structuration des filières bio locales". "Ce texte doit revenir à l'Assemblée Nationale. Le ministre de l'Agriculture doit le soutenir ! " a-t-elle demandé avec fermeté sous les applaudissements du public.
Autre point important abordé par Stephanie Pageot : "Il faut que le Sénat confirme l'interdiction des néonicotinoïdes dans la loi Biodiversité" précisant que la FNAB a fait de nombreuses propositions aux agriculteurs conventionnels pour leur montrer comment se passer des pesticides.
"Nous attendons maintenant des choix politiques à la hauteur des enjeux environnementaux et sociaux présents et à venir" a-t-elle conclu.
Voir le discours complet en vidéo de Stéphanie Pageot lors de l'AG 2016 de la FNAB
En parallèle de cette AG, le débat public qui s'est tenu mardi 5 avril après-midi, à l'issue de l'Assemblée générale, a été l'occasion d'entendre des experts, qui ont souligné le coût exorbitant de l'agriculture intensive pour l'environnement, la santé et l'impérieuse nécessité de changer de modèle. Luc Maurer, conseiller du Ministre de l'agriculture, s'est voulu rassurant sur le maintien des aides à la bio sans annoncer de nouveaux engagements de l'Etat. Il a aussi évoqué l'action du gouvernement pour la reconnaissance par la PAC des services écologiques rendus par l'agriculture biologique. "Deux points sur lesquels le réseau FNAB restera fortement mobilisé" précise Stéphanie Pageot
Suite à cette assemblée, les agriculteurs bio de la FNAB se sont ensuite rendus tous ensemble Place de la République pour manifester leur soutien au mouvement démocratique et citoyen "Nuit debout" qui compte de plus en plus d'agriculteurs bio. "Nous sommes ici pour soutenir le développement d'une société plus démocratique et solidaire" ont-ils déclarés.
Les agriculteurs bio, de plus en plus nombreux, s'affirment ainsi aujourd'hui plus que jamais, et c'est tant mieux ! Ils sont les acteurs premiers de la métamorphose de nos sociétés vers un développement écologique, durable et solidaire qui replace l'humain et les valeurs au coeur du système économique et sociétal.
"L'agriculture biologique participe à un projet de société. Il a pour but, à travers les moyens qu'il préconise, de redonner un sens aux actions quotidiennes de chacun, de relocaliser l'économie et de faire en sorte que l'humain en soit le coeur et non l'outil, de recréer un lien fort entre les villes et les campagnes, et de tisser un lien durable entre l'environnement, la santé et l'alimentation. Nous devons oeuvrer ensemble à une société plus juste, plus harmonieuse et plus équitable. En un mot : solidaire" explique la Charte des valeurs de la FNAB.
Un beau programme qui donne envie d'être optimiste pour l'avenir et de voir la vie en bio !
Christina Vieira