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Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique I ©Pascal Guittet
Entre les chefs sans parti, les partis sans militants, les mouvements sans leader, les tacticiens sans stratégie et les stratèges sans projets, la politique offre un spectacle parfois surréaliste. Emmanuel Macron, lui, ne s’en inquiète pas. L’homme sait qu’il est, à lui tout seul, une catégorie. Mais on ne sait pas encore de quoi il est le chef, qui sont ses troupes et son calendrier, ni ce que seraient ses chances de jouer un rôle majeur. Une chose est certaine : le ministre de l’Economie, qui se disait prêt à retourner dans le monde des affaires, il n’y a pas si longtemps, semble avoir changer d’avis. L’emploi du 49-3 pour faire passer la loi éponyme au forceps l’a piqué au vif. Oui, le quadragénaire a envie de faire de la politique.Quelques conditions à remplirD’abord, jamais personne, issu de la société civile n’a réussi un grande carrière politique. Souvenons-nous de Luc Ferry, Francis Mer, Thierry Breton : des ministres qui sont tous repartis là d’où ils venaient. La politique a ses codes et ses exigences. Il ne suffit pas d’avoir une solution technique à un problème pour qu’elle soit adoptée dans le grand enthousiasme. Il ne suffit pas de penser avoir raison pour que cette raison s’impose à tous. La politique évoque une construction, un processus, un élan, et surtout un accord sur un diagnostic, une méthode et une réponse.Actuellement les questions citoyennes, identitaires, religieuses pénètrent notre civilisation, et le projet national ne pourra pas se résumer à une réforme fiscale ou du temps de travail. 2017 se jouera autant sur la question de l’inquiétude culturelle que sur le chômage.Dans un deuxième temps, en dehors d’une numérisation de la société qui se veut salutaire, on n’a toujours pas trouvé le moyen de faire de la politique en dehors d’un parti. Faire de la politique nécessite de la logistique, des réseaux, des militants, des moyens. Une telle structure nécessite surtout un projet, économique mais aussi éducatif, culturel, agricole, urbain, européen, diplomatique…Enfin, on a coutume de dire, depuis Valery Giscard d’Estaing, que deux Français sur trois sont d’accord sur ce qu’il convient de faire pour relancer le progrès. A vérifier. 2022 plutôt que 2017 ?Emmanuel Macron n’est pas en odeur de sainteté par une bonne moitié de la gauche. Etre élu serait un bon moyen de le vérifier. Mais comme Dominique Strauss-Kahn, Emmanuel Macron n’a pas très envie de passer par la case législative. Ensuite, cette majorité de centre-droit/centre-gauche ne peut exister que dans le cadre d’une recomposition politique. C’est-à-dire d’un éclatement du bipartisme de gouvernement (PS/LR), d’une reconstruction autour d’une droite protectionniste et conservatrice (Dupont-Aignan, une partie des Républicains), d’une gauche étatiste et dirigiste (des Frondeurs à Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent), et d’un social libéralisme (de Juppé à Macron) capable de conjuguer libertés et solidarités. Gros chantier donc laissant penser que rien de tout cela, sauf accident nucléaire, n’est possible en un an. Ultra brillant, l’homme pense davantage à 2022. JB-M