SOCIÉTÉ > "Il faut protéger les lanceurs d’alerte" a clamé François Hollande, Edouard Snowden : "Vraiment ?"

Publié le 08 avril 2016 par Fab @fabrice_gil
La liste continue de s’allonger. Nos confrères du quotidien Le Monde ont révélé que l’ex-fonds d’investissement de Dominique Strauss-Kahn figure parmi les "Panama Papers". Cette affaire, que l’on désigne déjà comme le plus gros scandale d’évasion fiscale de l’histoire, n’aurait jamais éclaté au grand jour sans l’impulsion d’un anonyme qui a donné l’alerte. C’est le cas notamment de l'affaire Snowden.

Edward Snowden ©Capture wired.com


Edward Snowden, l’un des lanceurs d’alerte les plus célèbres de la planète, a voulu faire passer un message, un brin ironique, à François Hollande, mardi dernier, via Twitter. Alors qu’iTélé relayait en direct les propos du président de la République, qui clamait l’importance des lanceurs d’alerte dans notre société, une citation a particulièrement attiré l’œil de l’Américain, réfugié en Russie : "Il faut protéger les lanceurs d’alerte, ils font un travail utile et prennent des risquesCette phrase n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Edward Snowden l’a retweetée, en y allant de son petit commentaire (en français of course) : "Vraiment ?" Il faut dire qu’Edward Snowden a de quoi rire jaune : la France n’avait pas donné suite à sa demande d’asile, en juillet 2013, alors qu’il avait été inculpé par les États-Unis d’espionnage et de vol de documents appartenant à l’État.

Qui est-il ? Ex-technicien informatique à la CIA, l’homme travaillait (au moment des révélations) depuis quatre ans à la NSA (l’Agence nationale de sécurité américaine), en qualité d’employé de divers sous-traitants. Dell dans un premier temps, puis Booz Allen Hamilton, son dernier employeur en date.
Les révélations ? Il s’agit de l’une des plus grandes fuites de l’histoire des États-Unis. L’affaire éclate le 5 juin 2013, par le biais du quotidien britannique The Guardian, qui révèle que la NSA a collecté des millions de données téléphoniques auprès de l’opérateur américain Verizon. Dans la presse internationale, les révélations se succèdent : interceptions massives de métadonnées téléphoniques (horaires, durée, numéros appelés) et d’e-mails ; surveillance des réseaux sociaux, espionnage de grandes entreprises étrangères et des bureaux de l’Union européenne, écoutes des conversations de dirigeants étrangers, dont la chancelière allemande Angela Merkel.Ensuite ? Edward Snowden décide de dévoiler son identité juste après les premières révélations, le 9 juin 2013, en expliquant : "Je n’ai pas l’intention de me cacher, parce que je sais que je n’ai rien fait de mal". Le 17 juin, il déclare, dans une interview au Guardian: "Le gouvernement américain ne pourra pas étouffer cette affaire en m’emprisonnant ou en me tuant. La vérité est en marche et ne pourra pas être arrêtée".Au moment des faits, l’informaticien a déjà une longueur d’avance. Depuis le 20 mai 2013, Edward Snowden se trouve dans un hôtel de Hong Kong, loin des États-Unis. Inculpé d’espionnage en Amérique et de vol de documents appartenant à l’État, il s’envole le 23 juin 2013 pour Moscou. Date à laquelle il formule une série de demandes d’asile à 21 pays dont la France. Ce à quoi le gouvernement français avait répondu : "La France a reçu, comme beaucoup d’autres pays, par l’intermédiaire de son ambassade à Moscou, une demande d’asile de Edward Snowden. Compte tenu des éléments d’analyse juridique et de la situation de l’intéressé, il n’y sera pas donné suite".

Aujourd’hui ? Edward Snowden est désormais directeur de la fondation Freedom of the Press. Il vit toujours en Russie, avec sa compagne Lindsay Mills, qui l’a rejoint en juin 2014, selon le film documentaire Citizenfour. Aux États-Unis, il reste inculpé d’espionnage et de vol de documents appartenant à l’État. En France, des députés demandent, en 2014, que l’asile lui soit accordé, tout comme plus de 170 000 signataires d’une pétition intitulée "François Hollande, accordez l’asile politique à Edward Snowden". FG