Jennylee - Lawrence Rothman - Botanique ( Rotonde) - Bruxelles, le 6 mars 2016
Jenny Lee Lindberg, chanteuse/bassiste de Warpaint, se lance dans une carrière solo et sort sous le patronyme Jennylee, en décembre 2015, un premier album, ' Right on!'.
Avril 2016, elle vient présenter l'enfant en Europe, après une escale à Londres, c'est le Bota qui accueille la jeune trentenaire.
Sur le coup de 20:00, salle peu garnie, arrivée sur scène de celui qu'il faut absolument découvrir ( dixit les branchés), l'Angelino Lawrence Rothman!
Un joyeux journaliste, sévissant chez les Inrocks, s'épanche : "Lawrence Rothman fait passer Woodkid pour un minimaliste renfrogné et Antony et ses Johnsons pour Motorhead à la fête de la bière de Munich. "
C'est plus qu'osé !
On a vu un jeune gars, maniéré, arborant une perruque blonde, chaussé des ballerines de sa grand-mère, flanqué d'une choriste, mignonne et dotée d'un joli brin de voix, mais plus statique que l'électricité morte et d'un bidouilleur/sampleur/ homme à tout faire, proposant une dream/synth pop sympathique, chantée d'une voix effectivement pas banale ( un baryton étonnamment noir et dramatique), mais de là à crier au génie, il y a un gouffre que nous nous refusons à franchir malgré toutes les vidéos esthétiques et les collaborations prestigieuses ( Angel Olsen, Ariel Pink, Kim Gordon...). La différence entre la scène et le travail en studio est gigantesque.
Pas de setlist, des feuillets de lyrics traînent à ses pieds, un album est prévu pour 2016.
Un premier titre dansant nous rappelle au bon souvenir de vieilles gloires des eighties, Yazoo, Boy George, Soft Cell ( en moins disco) et de divas moins anachroniques, Antony Hegarty ou Perfume Genius.
La suivante se laisse écouter sans déplaisir, après la troisième, tu consultes ton bracelet-montre en te disant que tu as déjà vu et entendu des choses plus palpitantes sur scène.
Isadora Duncan poursuit son trip, tu as décroché!
Tu veux des titres!
On peut recommander 'Your kiss taste like dope' et son groove synthétique, le downtempo 'Forgive and forget' et les clips 'H' ou ' California Paranoia'.
Après trente minutes, le trio se retire dans les loges, Bruxelles applaudit poliment.
45' à patienter, Jennylee et acolytes doivent se soigner mais pas en ingurgitant des substances reprises par la pharmacopée européenne.. on verra plus tard la native du Nevada et son guitariste éclater de rire sans raison, présenter une certaine lenteur dans la coordination de leurs mouvements et d'autres symptômes pas catholiques...bof, c'est pas vraiment grave, docteur!
We're gonna play the record in full, prévient Miss Lindberg, on l'a fait hier pour la première fois.
Derrière elle, le batteur Norm Block, qui a co-produit l'album, et à ses côtés Wolf Woodcock ( un second bassiste) et un blondinet non-identifié, mais doué, à la gratte.
La playlist reprend ' Right on!' dans l'ordre chronologique, 'Blind ' ouvre, un des seuls titres pour lesquels Jenny maniera la basse.
Un chant bourré de reverb pour ce morceau sombre, lent et lancinant, rappelant Liz Phair.
Elle abandonne son instrument et entame le groovy 'Boom Boom' ayant été remixé par Trentemøller pour les amateurs de boîtes de nuit.
'Never' sera tout aussi remuant avec ce son de basse, légèrement post punk, t'invitant à la danse.
Premier fou rire incontrôlé, suivi d'un sourire de gamine espiègle avant de proposer le downtempo serein ' Long lonely winter'.
'Bully' renoue avec la gravité et les atmosphères brumeuses.
We've got a few more for you, annonce -t-elle après un coup d'oeil à la liste, five songs, in fact.
Countdown, ricane Wolf.
C'est parti pour les sonorités tribales de 'Riot', le morceau le plus allumé du set qu'elle termine à genoux en poussant des cris de hyène malade.
Solide titre!
Retour au calme relatif avec 'He fresh' suivi par 'Offerings' mixant ambiances gothiques et disco squelettique.
Cinq moins trois, il en reste deux, indique l'institutrice, euh, on vend des T-shirts et des sweaters, rendez-vous au merch dans 20'.
Place à l'exalté 'White devil' auquel succède 'Real life', un blues/lament profond qu'elle achève, une nouvelle fois, en position de prieuse habitée.
45' de show, au revoir les amis!
Les rappels..
We'll play a couple of songs of the other band ( c à d Warpaint).
Elle a récupéré sa basse et amorce 'C C', reconnu et généreusement applaudi par les fans.
Le show prend fin avec une version purulente de 'Disco/Very', a bad-ass dancetrack, hypnotique à souhait!
photos: JP Daniels - Concert Monkey