Un film de Emmanuelle Bercot (2013 - France) avec Catherine Deneuve, Claude Gensac, Nemo Schiffmann, Mylène Demongeot, Camille
Sacrée Deneuve...
L'histoire : Betty, une jolie femme d'âge mûr, très mûr même, vit seule avec sa vieille maman, à Concarneau, où elles tiennent un petit restaurant. Veuve, elle avait une liaison avec Etienne, déjà marié. Mais elle apprend brutalement que le monsieur est en fait parallèlement en train d'organiser son divorce... et ses noces avec une très jeune femme. Betty pète un câble et elle fuit. N'importe où. Pour changer d'air. Pour digérer. Que va-t-elle faire maintenant ? Etienne apportait un peu de piment à sa vie désormais réglée comme une horloge. Sa trahison est une peine en soi et la perspective d'une solitude qui s'annonce désormais, irrémédiable. L'avenir s'annonce comme un gouffre. Au travers de son errance, elle va découvrir qu'elle peut encore trouver de la joie et des surprises heureuses.
Mon avis : Cette histoire ne m'a guère touchée, comme tous ces récits de vie quotidienne qui me barbent, vu que pour moi, le cinéma doit être justement une porte ouverte sur "autre chose". Même si depuis quelque temps, certains films du genre arrivent de plus en plus à m'émouvoir.
Mais là, j'ai trouvé ça à peine crédible... A commencer par la voiture immatriculée dans le 56 (Morbihan) alors qu'elle vient de Concarneau (29). Je blague. On ne va pas s'arrêter à ça. Mais cette fuite soudaine, pour un chagrin d'amour, à cet âge... bof ; surtout quand on apprend que le type était déjà marié, entretenait en plus cette liaison avec l'héroïne, mais aussi une autre avec une jeune donzelle qu'il est sur le point d'épouser. Comment la mère Catherine ne s'est-elle rendue compte de rien ? Avec l'âge, on commence à les connaître, les bonshommes... Même si on peut encore souffrir, je vous l'accorde, de là à fuguer sans une culotte de rechange... Moi je partirais, oui, pourquoi pas, mais après avoir pris soin de me concocter un petit bagage avec mes indispensables ; à notre âge, on aime bien son petit confort. Ensuite, il y a cette relation avec le petit jeune, alors qu'elle est complètement beurrée... elle ne se rappelle plus de rien le lendemain ; début d'Alzheimer ? En plus, comme elle n'a pas emporté de fringues. Beurk. Et puis cette soudaine passion pour son petit-fils, il serait temps ! A ce propos, les dialogues sont peu naturels et le gamin a un comportement parfois étrange (juste mauvais comédien, peut-être). Et toute cette séquence, qui dure des plombes, avec les anciennes Miss France ! Nul, mais nul ! Pathétique même... C'est quoi, ce truc ? Bercot a été sponsorisée par le Comité ? Non franchement je n'ai pas adhéré.
C'est Deneuve qui m'a bouleversée, au début. Puis, peu à peu, comme l'histoire ne m'intéressait pas, j'ai lâché l'affaire, et je crois même que je me suis un peu endormie par moments.
Ah Deneuve. Je n'ai jamais énormément cette femme. Je ne sais pas trop pourquoi. Quand j'étais môme, elle m'a fait rêver dans trois films : La sirène du Mississippi, Le sauvage et Peau d'Ane. Pour le reste, je l'ai toujours trouvée trop belle, trop blonde, trop... vulgaire. Et oui, je sais que le monde entier considère qu'elle incarne la classe et l'élégance à la française. Sauf moi. Ces cheveux jaune paille, ces imprimés léopard (je la trouve toujours très mal habillée... sauf en smoking Saint Laurent), son amour immodéré pour la clope (dans la vie autant que dans le film)... Non. Et puis je crois que je n'ai jamais digéré la mort de sa soeur, qui était mon idole quand j'étais petite. Elle lui a volé sa place en quelque sorte. C'est freudien ce truc.
Mais je l'avoue, depuis quelques années, l'actrice me touche souvent intensément, et de plus en plus. De par son physique, elle a souvent joué les bombes, les femmes fatales, les princesses. Avec l'âge, on lui a proposé des rôles différents et c'est là que j'ai découvert à quel point elle était une immense comédienne. J'aime sa façon d'assumer à l'écran, sans façon, ses kilos de la ménopause, ses raideurs cervicales, ses rides... et même ce coup de botox sur les lèvres qui rend sa moue encore plus tremblante. Et son jeu devient tellement nuancé qu'on arrive à se demander si elle ne joue pas sa vie. Il faut la voir ici exprimer tous ces sentiments : colère, chagrin, inquiétude, émotion, stupeur, étonnement, tristesse, joie... le tout dans une sorte de joyeux j'm'en-foutisme extrêmement intéressant. Elle est incroyable et bouleversante.
A voir. Pour ELLE.
La presse a adoré, forcément. Ils ont toujours idolâtré la reine Catherine et les films de "gens qui vivent". Quelques rares voix discordantes, comme celle du Monde : "voyage un peu fourre-tout, où s'égrènent quelques clichés sur la France profonde (...), une reprise orageuse de liens familiaux distendus, une apologie du troisième âge florissant et une recomposition familiale qui se veut inattendue tout en étant réchauffée".
Les spectateurs sont beaucoup plus mitigés.
A noter que le petit Nemo Schiffmann est le fils de la réalisatrice.