Plastique polluant les océans, à l'origine des vortex de déchets I © Gettyimages
"Il est grand temps de comprendre, d'expliquer et d'agir contre ce continent de 3,5 millions de km2". En 1997, Patrick Deixonne, fondateur et chef de la mission 7ème continent, a été le premier à découvrir la zone immense de plastique flottant dans le Pacifique : au moins 750 000 débris par km2, composé de plastiques à 90 % dont 80 % de déchets provenant de la terre via les fleuves. 267 espèces marines seraient affectées. Depuis cette découverte hallucinante, plusieurs expéditions se sont lancé en direction des différentes zones de déchets, dont celle de Patrick Deixonne mise en place l’an dernier vers l'Atlantique Nord. L’homme était accompagné de scientifiques du Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) pour cartographier les zones et du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique et de l’Université Paul Sabatier pour analyser les déchets. Des déchets plastiques qui représenteraient 30 à 40.000 tonnes sur l'ensemble des océans du globe. Sur l’Atlantique nord, ce sont 1000 tonnes de plastique qui sont répandues sur une surface grande comme l’Europe. 80% de ces déchets proviennent des continents et 6 millions de tonnes de débris sont rejetées chaque année par les navires, dont 10.000 containers.En formation constanteLe continent de plastiques se forme actuellement entre les côtes du japon et de l'Amérique du Nord, à partir de millions de tonnes de détritus plastiques charriés par les courants océaniques. Dans cette région du globe, les courants tournent dans le sens des aiguilles d’une montre et créent une spirale interminable, un puissant vortex qui fait tourbillonner les déchets en plastique tout comme le ferait le vent. Sur l'essentiel de sa superficie, la couche de plastique de ce tourbillon d'ordures atteint une épaisseur pouvant aller jusqu’à 30 mètres.Micro et nano particules de déchets plastiqueL'étude 7ème continent démontre qu’après deux années de recherches en Atlantique Nord cette soupe de plastique produit des débris qui ne font pas plus un demi-centimètre. Une étude récente (Eriksen, PlosOne 2014) estime que cinq mille milliards de particules flottent dans nos océans. Des chercheurs ont également estimé (Jambeck, Science 2015) que sur les 300 millions de tonnes de plastique produites dans le monde chaque année, 8 millions de tonnes finissent piégées dans les gyres sub-tropicaux (tourbillons où les courants contribuent à concentrer les débris rejetés dans les eaux). "À l’image d’un puissant siphon marin, le vortex attirerait vers lui tous les résidus de notre société", résume Patrick Deixonne. Avec des conséquences désastreuses pour les écosystèmes présents : "Dans cette zone la plupart des morceaux de plastique sont très petits. […] Ils ont la même taille que le plancton dont se nourrissent les poissons. Pire encore, en 2025 ce chiffre sera multiplié par 10 ; soit 80 millions de tonnes de plastique déversées chaque année dans les océans." Ces nanoparticules sont plus mobiles que les plus gros fragments et seraient plus accessibles aux organismes. Les résultats de l’étude confirment la complexité des projets de ramassage en mer et l'importance de se mobiliser à terre pour changer les comportements afin d'éviter que ces déchets de plastique ne se trouvent dans la nature, voire dans l’assiette. FG