Vinyl // Saison 1. Episodes 7 et 8. The King and I / E.A.B..
Dans un sens, Vinyl n’a pas forcement raté le coche. C’est une série qui parle de musique et qui tente de nous permettre de suivre les traces des légendes au travers d’une époque. Cela ne veut pas dire que ces deux épisodes ne parlent pas d’autres choses que la musique, mais disons que la série prend probablement conscience aussi de ses problèmes petit à petit. Peut-être est-ce pour ce qu’en associant la musique aux traits de caractère les plus réussi de Vinyl dans « E.A.B. », elle délivre alors le meilleur épisode de la saison jusqu’à présent. L’univers de Vinyl est facile à pénétrer dans le sens où la musique et les personnalités connues de tous permettent justement de se plonger rapidement là dedans sauf que le récit qui nous est conté n’est pas aussi facile à cerner ou en tout cas à pénétrer. Non pas que la narration soit complexe, dans le sens où la série incarne très bien l’époque, dans des dialogues assez faciles et des représentations classiques, mais disons qu’elle est complexe dans le sens où elle ne permet jamais de réellement cerner où est-ce qu’elle veut en venir. Elle navigue souvent dans le flou, oscillant entre de bonnes idées et des trucs qui n’ont pas de grand intérêt et alourdissent presque le propos. Sans compter que le montage, très clipesque n’aide pas forcement à entrer dans la vie de ces personnages tant l’on n’a pas forcément le temps de s’en imprégner.
Vinyl c’est aussi l’envie de Martin Scorsese de tout mettre dedans, toutes les icônes de l’époque, quitte même à s’égarer légèrement. « The King and I » est donc plus l’épisode de Richie que des icônes, comme si la série parvenait aussi enfin à faire ce qu’elle doit faire depuis le début. Elle doit créer la personnalité de Richie et elle le fait plus ou moins bien dans cet épisode. Richie a entendu une rumeur selon laquelle Elvis Presley n’est pas satisfait par son label, RCA. Il sent alors une opportunité qui va le conduire avec Zak à Vegas afin de faire signer le King à ACR. Par rapport au temps que Vinyl passe à Las Vegas, la ville du péché, elle tente aussi en parallèle de rappeler la personnalité de son héros tout en développant un peu plus le reste. Richie garde son oeil sur le prix qu’il espère ramener à ACR, restant loin de l’alcool qui le tente et même de la cocaïne que deux jeunes femmes vont lui proposer à la piscine de l’hôtel. Comme quoi, Richie peut faire de bons choix dans sa vie quand il parle business. Surtout que là, c’est un gros business, une négociation difficile qu’il va falloir amorcer petit à petit. L’épisode prend son temps et malgré les défauts, j’ai entrevu ici ce que « E.A.B » a réussi à être par la suite.
Nous avons aussi la main de fer du manager d’Elvis, le Colonel Tom Parker, qui est là pour mettre en péril l’accord. Quoi qu’il en soit, Vinyl s’amuse ici à devenir autre chose qu’une série sur de la musique avec des tas de titres dans tous les sens, quitte même à perdre et encombrer nos oreilles. Du coup, on retrouve aussi ici le Scorsese que l’on aime, celui qui aime les villes de péchés. Il a déjà délivré une représentation d’Atlantic City assez intéressante dans Boardwalk Empire avec Terence Winter. Il tente de faire la même chose dans cet épisode avec Vegas. Ce n’est pas pour autant un épisode de mafioso, mais on retrouve l’esprit et le ton de ce que j’avais envie de voir dans Vinyl depuis le début, des négociations plus que de la drogue et de l’alcool avec des titres que l’on enchaîne comme dans un jukebox. Je crois que toute l’historie sur Elvis est l’une des choses les plus intéressantes que Vinyl ait raconté pour le moment, même au delà de l’épisode suivant que je trouve à croquer. Winter s’amuse et Vegas était peut-être un terrain de jeu plus judicieux pour lui et donner un véritable sens à Vinyl. Bon, pour le moment la série s’est beaucoup cherché et semble enfin se trouver, ce qui est déjà une très bonne nouvelle. « E.A.B » réussi à permettre de comprendre que Vinyl est toujours une série sur le monde de la musique mais cette fois-ci sur la façon dont elle est fabriquée.
C’est important de parler de l’écriture de la musique, de la distribution, du marketing, etc. Plus que de nous montrer des chanteurs errer sur scènes tout au long des épisodes. Je ne regarde pas un documentaire sur tel ou tel groupe, ou tel ou tel artiste, mais une série sur l’univers de la musique. Je me demande si au fond, ce qui manquait à Vinyl ce n’est pas un cadre qui définit chaque épisode, en somme une sorte de formule. Ce n’est pas magique, les séries l’utilise depuis des années. Le fait que Vinyl n’était pas vraiment une série à formule auparavant était peut-être justement l’un des échecs. Ici, elle s’emploie à véritablement raconter quelque chose et surtout à s’y tenir du début à la fin de l’épisode. Pour le coup, cela fonctionne très bien car justement, la narration fluide s’empresse de nous raconter comment fonctionne la musique à cette époque. Cela aurait pu être un échec, mais c’est tout le contraire par chance. Avec Richie enfin devenu un héros dans l’épisode précédent, Vinyl parvient donc enfin à construire quelque chose alors que l’on approche peu à peu de la fin de la saison. Je pense donc surtout que Terence Winter a enfin trouvé la formule qui va avec Vinyl. Pourquoi pas mais il va falloir s’y tenir pour les deux derniers épisodes.
Note : 8/10 et 8.5/10. En bref, il était temps que la série se réveille.