La dernière édition du Festival International Quais du Polar qui s’est déroulée à Lyon le week-end dernier a confirmé si besoin était le succès croissant de l’événement auprès du public avec un bond de 10% de la fréquentation globale sur l’ensemble de la manifestation ( finalement, je pensais que les gens lisaient de moins en moins, voilà qui prouve joliment le contraire, non?).
Mmalgré l'affluence record, une ambiance chaleureuse, les chroniqueurs de baz'art qui ont pu y aller ( bon pas moi je faisais des infdélités du coté de la Bourgogne) ont pu y faire de belles rencontres et découvrir des auteurs et des livres qui les ont marqués... la preuve en ces trois chroniques :
1. Une offrande à la tempête; la trilogie de Dolores Redondo se clot en beauté..
« Ils ont besoin d’un bébé de moins de deux ans, qui sera sacrifié au cours d’un rituel. Le plus souvent, il sera saigné, mais dans certains cas, on le démembrera pour en utiliser des morceaux ; les crânes sont particulièrement appréciés, mais aussi les os longs comme les mairu-beso retrouvés dans la profanation d’Arizkun. Dans d’autres pratiques, ce sont les dents, les ongles, et les cheveux, en plus de la poudre obtenue par la mouture des petits os. Parmi tous les objets liturgiques utilisés en sorcellerie, les cadavres de nourrissons sont les plus appréciés… »
Une vallée de Navarre, au nord de Pampelune, où les traditions et les croyances ont la vie dure. Dans ses précédentes enquêtes, la jeune inspectrice Amaia Salazar a déjà affronté Basajaun, le seigneur hirsute qui vit dans la forêt, et Tarttalo le cyclope des légendes basques. Amaia est forte, aguerrie, professionnelle et cartésienne. Mais pour résoudre cette nouvelle enquête, une série de mort subite du nourrisson inexpliquée dans la vallée de Baztan, cette région qui l’a vue grandir, elle devra cette fois défier Inguma une créature maléfique qui étouffe les gens dans leur sommeil et, comme dans ses enquêtes précédentes, combattre aussi ses propres démons, ses secrets de famille et ses peurs.
La formidable trilogie de Baztàn se clôt. « Le gardien invisible » « De chair et d’os » « une offrande à la tempête », crimes violents, suicides, mutilations, folie, secrets enfouis, et un pays Basque sombre, pluvieux, marqué par une mythologie sylvestre inquiétante, Dolores Redondo connait et aime sa région. Elle entraine le lecteur dans des aventures policières et chamaniques où la tradition affronte le monde moderne, où le rationnel sera toujours mis en doute par l’irrationnel.
La romancière, très à l’aise, puise dans les forces telluriques et la puissance des lieux de ses intriques et nous donne une série de romans qui vont très rapidement devenir de sacrés films.
MD
2. Elisa Vix, Ubac: un thriller efficace sous fond de jumeaux maléfiques
"Je ne voulais plus être celle qui s'efface. Je ne voulais plus être une agnelle. Comme une louve, je défendrais mon petit jusqu'à mon ultime goutte de sang”…
Si Élisa Vix n'était pas présente le week end dernier pour dédicacer son nouveau roman, celui ci était sélectionné pour le PRIX POLAR EN SÉRIES décerné lors de la journée professionnelle du festival.
L'ubac du titre évoque le versant moins ensoleillé d'une montagne alpine, ce qui fait référence à la part sombre d'un individu.C'est le cas dans cette histoire vénéeuse qui à l'instar du faux semblant de Cronenberg insiste sur le coté pervers et trouvlant de la gémellité,
S'appuyant sur le côté troublant que peuvent parfois inspirer les comportements de certains jumeaux, la relation fusionnelle du frère et de sa sœur décrite dans Ubac, ajoute au malaise et à la tension développée.
Sur une intrigue de thriller psychologique a priori banal Elisa Vix maitrise totalement sa narration, et en racontant son récit à première personne du singulier par cellle qui semblerait etre la première victime de ce couple de jumeaux infernaux, Elisa Vix se permet de faire monter le suspense doucement mais surement. De la belle ouvrage!!
3. Millenium 4, David Lagencraz la suite tant attendue de la trilogie mythique
"Au bout d'un certain nombre d'années dans la profession, tout vous semble familier, à peu de choses près. Et même si, intellectuellement, vous comprenez qu'un sujet est bon, l'excitation n'est plus au rendez-vous."
Avant même sa sortie à la rentrée de septembre 2015, ce Millenium 4 a fait énormément parler de principalement parce qu'on confiait la suite d'une trilogie d’un auteur Stieg Larsson devenu mythique de manière posthume, à un journaliste dont le titre de gloire principal avait été d'écrire la bio de Zlatan Ibrahimovic, une bio honnête mais pas d’une grande maitrise formelle.
Si le fait de donner suite aux aventures de Mikael Blomqvist et Lisbeth Salander semble plus obéir à des visées marketing et mercantiles qu’artistes peu gêner, force est de reconnaitre que David Lagercrantz, présent lors du salon et qui a valu une bien belle affluence à son stand, réussit plutôt bien le challenge énorme auquel il était confronté, même si on met un peu de temps à entrer complètement dans l'histoire.
David Lagercrantz reprend une bonne partie des thématiques et du style de Larson, on sent qu’il n’a pas cherché à trop se démarquer du style de son auteur, un peu comme il avait collé au style Zlatan pour sa bio, mais parvient toutefois à nous maintenir en haleine tout du long, avec de ci et de la quelques surprises et révélations notamment sur le passé et la famille de Lisbeth
Ce tome 4 est en tout cas rempli de références et comme les autres épates par son aspect documentaire, les thématiques abordées sont nombreuses et restent dans la lignée des autres volets et ceux qui seront ennuyés quand on leur parle NSA, Wuikileaks passeront gentiment leur chemin.
La plume est alerte et fluide, quelques longueurs donnent à l’ensemble un coté répétititif bref tout n’est pas parfait dans ce Millenium 4ème du nom, mais, dans l’ensemble, il semble évident que David Lagercrantz a bien relevé son difficile pari, et les fans qui attendaient énormément cette suite ont de quoi être satisfaits…