Critique : "Grace is gone" de James C. Strouse

Par Alban Ravassard

Bonjour à tous,

Eh bien non vous ne rêvez pas, c’est bel et bien le retour des critiques de film sur ce blog ! Comme indiqué précédemment, dans une volonté de professionnalisation du contenu de ce site, les critiques se feront plus rares et plus ciblées. Ainsi, tous les films que je verrais ne bénéficieront pas d’une critique. De même, le retard de critiques pris jusqu’ici est tellement énorme qu’essayer de le rattraper n’a plus de sens car il ne colle plus à l’actualité cinématographique. Néanmoins, des critiques de DVD et des dossiers thématiques (sur des figures cinématographiques, des thèmes, des auteurs etc…) feront prochainement leur apparition afin de compenser ce manque.

Cette mise au point ayant été faire, passons à la critique du jour à savoir celle de « Grace is gone » de James C. Strouse.

 

« Grace is gone » est un road movie dramatique qui retrace le parcours de Stanley Phillips (John Cusack), et de ses deux petites filles, dont la vie bascule lorsqu'il apprend la mort de sa femme, Grace, tuée au service en Irak. Stanley ne sait pas comment annoncer l’évènement à ses deux filles et tente de repousser le moment de la révélation en les conduisant à un parc d’attractions de Floride. Mais ce voyage se révèle être une devient une fuite afin de tenter de faire face à ce deuil aussi cruel qu’inattendu.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, le film ne se place pas en dénonciateur de la guerre en Irak ou porteur de tout message politique ou politisant. L’auteur cherche moins la satire politique que la description du deuil immense auquel cet homme doit faire face et qu’il peine à annoncer à ses enfants. Il semble alors évident qu’il aurait pu être simple de tomber dans le mélodrame larmoyant. Mais James C. Strouse en évite de justesse les écueils en choisissant très justement de repousser la révélation de la mort de Grace à la toute fin du film.



Il préfère alors se concentrer sur le personnage de Stanley, formidablement interprété par un John Cusack transcendé et transcendant qui livre ici une des plus grandes performances de sa carrière. Le film prend la forme d’un road movie d’un ensemble assez inégal qui ménage de nombreuses périodes creuses (les trajets entre les différentes étapes notamment) et qui sont scandés par les appels de Stanley sur le répondeur téléphonique afin d’écouter la voix de sa femme.

Malgré ces quelques moments de creux qui permettent néanmoins d’approfondir la psychologie des personnages, notamment de l’aînée des deux filles qui commence son adolescence et donc son entrée dans l’âge adulte, le réalisateur parvient à intercaler des séquences assez exceptionnelles sans jamais tomber dans l’émotion facile ou le larmoyant. La séquence se déroulant chez la mère de Stanley en est un parfait exemple.



Enfin, arrivés au bout ce périple inégal arrive le superbe moment de la révélation, qui justifie tout le film et se déroule sur une plage où chacun se laisse alors porter par son deuil et sa tristesse. Les émotions sont à leur comble et le traitement simple et sobre de la scène ne la rend pas moins touchante et participe à l’établissement d’un étrange rapport de proximité immédiate avec ces personnages. Comme nous l’indique le titre Grace est partie, mais la grâce, elle, est bel et bien présente.

Note : 3/5