L’école caravagesque d'Utrecht désigne un groupe de peintres néerlandais qui, dans la première décennie du XVIIe siècle, partent à Rome en Italie dans le but de parfaire leur formation, comme beaucoup d’artistes à cette époque, mais qui y seront tout particulièrement influencés par les œuvres du Caravage. Après leur retour aux Pays-Bas, ils sont actifs à Utrecht où, durant une période relativement courte, de 1620 à 1630 environ, ils continuent à peindre dans un style inspiré par le maître italien. Ils font partie d’un courant européen plus large, connu sous le nom de caravagisme.
Hendrick Ter Brugghen
Les trois principaux représentants de cette école sont Hendrick Ter Brugghen (1588-1629), Gerrit Van Honthorst (1592-1656), et Dirck Van Baburen (ca.1595-1624).
On peut aussi citer l’œuvre d'Abraham Bloemaert (1564-1651), Jan Van Bijlert (ca.1597-1671) et Jan Van Bronckhorst (ca.1603-1661), ainsi que le « Maître des Musiciens de Kassel », dont l'identité exacte demeure inconnue, actif à Utrecht entre 1620 et 1630, et Matthias Stom (1600-1650).
Tout laisse à penser qu’en Italie, ces peintres ne sont pas seulement influencés directement par Le Caravage – qu’ils n’ont du reste pas pu connaître personnellement, à l’exception peut-être de Ter Brugghen –, mais également par des artistes qui depuis quelque temps déjà travaillaient dans son style, comme Bartolomeo Manfredi et Orazio Gentileschi.
Le caravagisme à Utrecht connaît une période de prospérité assez brève, puisqu'elle prend fin vers 1630, au moment où les principaux représentants soit sont morts, soit ont évolué vers un style différent, comme Van Honthorst, qui se met à peindre des portraits et des tableaux historiques influencés par les tendances flamandes popularisées par Rubens et ses suiveurs.
Dirck Van Baburen
Leurs œuvres se caractérisent par le réalisme et un traitement particulier de la lumière (le clair-obscur), deux traits empruntés au Caravage.
Pour ce qui est des sujets, ils exécurent d'une part des scènes bibliques – tirées le plus souvent du Nouveau Testament –, hagiographiques – notamment la légende de saint Sébastien – et mythologiques.
Ils réalisent également des scènes de genre, montrant le plus souvent des musiciens, des joueurs ou des buveurs représentés à mi-corps, qui s'inspirent notamment de certaines œuvres de Bartolomeo Manfredi.
Un thème particulier qui, de manière frappante, revient assez régulièrement dans leurs tableaux est celui de l’entremetteuse, toujours représenté sous les traits d'une vieille femme enturbannée.
Le fait que l’activité de ce groupe d’artistes est plutôt circonscrite à la ville d’Utrecht constitue un phénomène étonnant. Leurs œuvres, perçues comme étant assez éloignées de la culture néerlandaise ont, de ce fait, été pendant longtemps négligées. Aujourd’hui, ces peintres font l’objet d’un regain d’intérêt, et l’idée est apparue qu’ils ont pu constituer un chaînon important entre l’art baroque italien du Caravage, et celui d’autres peintres néerlandais qui ne sont jamais allés en Italie, tels Rembrandt (clair-obscur), Frans Hals (scènes de genre), Vermeer (utilisation de la couleur), ou encore Gerrit Dou, qui emprunte un genre popularisé par Van Honthorst, celui des représentations de personnages dans des « niches ».
D'après Wikipédia