Depuis que j’ai l’âge de comprendre comment se déroule l’élection présidentielle sous la Vème République, j’ai toujours été choqué par le système des 500 parrainages nécessaires pour pouvoir déposer sa candidature. Avec l’âge, j’ai fini par comprendre l »intérêt de cette procédure, qui réduit le spectre des petits candidats qui ne feraient que brouiller le message démocratique, et permet non seulement à un individu, mais surtout à une organisation politique de prendre le pouvoir. Pourtant, le gouvernement – et avec lui une partie de l’opposition silencieuse – a décidé de modifier subtilement ce mode de sélection. Notre démocratie en sort-elle gagnante?
J’en doute. Avec le nouveau mode de désignation, il sera beaucoup plus facile, aux partis déjà établis, de faire pression sur les maires récalcitrants qui seraient prêts à soutenir un candidat atypique, ou non issu d’un des principaux partis au pouvoir. C’est d’ailleurs sur ce rapport aux partis qu’est fondée la vie politique française; je crois sincèrement qu’en découlent une partie de ses dérives.
La Vème république est née il y près de soixante ans, à une époque où internet n’existait pas, où l’homme avait à peine commencé à se promener dans l’espace, une époque où filles et garçons étudiaient encore dans des établissements scolaires séparés et où le bac se passait en deux ans. La société française a évolue, fort heureusement, mais ses instituions politiques, elles, sont restées quasiment les mêmes. Elles sont dépassées.
Il est inimaginable qu’aujourd’hui encore, le pouvoir politique soit réserver à deux ou trois partis. Il est incroyable que dans notre pays, un leader qui n’aurait pas été adoubé par une des ces formations politiques dont naissent chaque année deux ou trois scandales financiers, qu’un tel leader ne puisse pas se présenter à l’élection présidentielle. Il faut proposer une alternative, élargir le débat, ouvrir à d’autres candidats issus de la société dite civile, sans pour autant noyer l’élection sous des dizaines de candidats. La règle des 500 parrainages avec du bon car elle permettait de filtrer le nombre de candidats potentiels, mais son intention n’était pas de filtrer leur origine.
Il existe environ 35 000 communes en France, donc autant de maires, pour 65 millions d’habitants. Le soutien de 500 maires, c’est ‘équivalent du soutien de 130 000 habitants. Alors pourquoi ne pas autoriser la candidature d’un citoyen, quelqu’il soit, pourvu qu’il soit intègre et que son casier judiciaire soit vierge, susceptible de prouver – par un moyen digital, par exemple – le soutien de 130 000 habitants, voire 100 000 en ne gardant que ceux en âge de voter?
La France digitale, ce n’est pas qu’une question de logos, de startups, de conseils du numériques ou de discours creux. C’est une question de décisions et de transformations. Il est grand temps qu’elles s’opèrent.
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