Rencontre avec Franck Terreaux

Publié le 06 avril 2016 par Joseleroy

Le vendredi 15 avril, exceptionnellement, Franck Terreaux viendra chez José Le Roy partager avec nous son enseignement :

A Paris

Vendredi 15 avril 2016

20h30

Gratuit (nombre de places limité)

Renseignements : joseleroy29@gmail.com

Extrait de L'éveil pour les paresseux

" - Tu parlais de revenir en arrière, juste avant l'aube de notre quatrième anniversaire ...
- Si tu croises le regard d'un bébé, tu vas très vite te rendre compte qu'il n'y a pas chez lui de « Je regarde me sachant regardant », s'il y a regard, ce regard n'est le regard de personne. C'est toi qui apparais dans son regard, et s'il est vrai qu'aucun bébé ne ressemble à un autre, le regard, lui, est le même chez chacun d'eux. C'est un regard dénué de toute référence au déjà connu, de toute référence au déjà-vu; Ce regard est si pur que l'on pourrait aussi bien dire qu'il n'y a pas de regard. Il ne s'agit pas à proprement parler de regard, mais plutôt d'un étonnement de voir le monde le regarder sans même savoir qui s'étonne à le regarder. À ce stade, il n'y a qu' attention non attentive, il n'y a que « Suis ». Pourtant, tout est là : les rires, les larmes, les joies comme les peines, tout comme l'impatience qui fait tambouriner ces petits pieds contre la chaise haute, mais comme à ce moment-là nous n'étions pas encore nés, tout cela n'arrive à personne. Les joies, ainsi que toutes les vicissitudes de l'existence ne sont les joies et les vicissitudes de personne.
Chez bébé, il n'y a tout simplement pas d'autre, comme on pourrait aussi bien dire qu'il n'y a que l'autre. Le hochet qu'il porte inlassablement à la bouche n'est pas différencié de « lui ». Il attrape un glaçon, seule la main ressent le froid. Il n'y a pas de «J'ai froid » puisque personne n'est là pour s'en réclamer le percevant. Il n'y a pas encore d'existence au sein de l'être. Tout cela est d'une incroyable simplicité, et de ce fait d'une incroyable beauté.
- Tu dis que le hochet qu'il porte à la bouche n'est pas différencié de lui, est-ce que ceci est une perception, pour lui?
- Absolument pas, toutes les perceptions apparaissent en « lui », surgissent en « lui », cependant, il n'y a pas de lui, il n'y a que « Suis ». C'est un regard sans regardant. Lui ne se sait pas non attentif, il y a attention, mais sans personne pour être attentif. Il s'agit d'une attention non attentive. Seuls les yeux voient, seules les oreilles entendent, personne n'est là pour voir et entendre. Seulement cela ne dure pas car se profile au loin l'aube de notre quatrième anniversaire. Et c'est là que « Qui », le second cheval du tiercé, fait son entrée.
C'est en effet à l'aube de notre quatrième anniversaire que « Qui », tel un maître de l'hypnose, jette soudainement son immense voile d'illusion. Au sein de « Suis », au sein de l'être, un contenu vient de faire son apparition, ce contenu étant L'EXISTENCE en tant qu'image de soi. C'est d'ailleurs précisément là que la sage-femme aurait dû inscrire la date figurant sur notre fiche d'état civil, car maintenant il y a une vie à l'intérieur de la vie.« Qui» vient de générer l'impression d'existence. «Qui» vient ainsi de générer l'image de soi. Ainsi « Je » apparaît (le troisième cheval du tiercé). La vie de personne devient alors la vie de quelqu'un. Le glaçon que la main attrapait jadis devient : « mon glaçon », la sensation du froid, « j'ai froid » et la main « ma main ». Le pays de cocagne est cette fois investi par un emmerdeur professionnel. Les actes, les perceptions tout comme les pensées deviennent les actes, les perceptions et les pensées de quelqu'un. « Je » est né, bien qu'il ne soit qu'un intérimaire, un « Manpower » de la vie, le fameux intermittent du spectacle. « Qui » n'est en fait qu'un catalyseur générant l'impression d'existence, celle-ci n'étant qu'une impression puisque intrinsèquement nous ne sommes jamais nés."


Franck Terreaux