Les îles Galápagos, le Kilimandjaro, le Grand Canyon, la Grande Barrière de corail,...reconnus par l'UNESCO pour leur valeur universelle exceptionnelle, c'est-à-dire leur beauté naturelle, leur biodiversité, leurs caractéristiques géologiques ou écologiques, ces sites classés incarnent la notion d'aire protégée par excellence. Il n'existe pas de plus haut niveau de protection de l'environnement.
Et pourtant le rapport du WWF montre que la moitié d'entre eux, situés dans le monde entier, sont menacés par les activités industrielles et la surexploitation des ressources naturelles. Les principales menaces viennent de l'exploration ou de l'exploitation de gaz ou de pétrole, des mines, de l'exploitation forestière illégale, de la création de grandes infrastructures (barrages, ports de commerce, pipelines, voies routières
et ferrées,..), de la surpêche ou de la surexploitation des ressources en eau. Autant d'activités susceptibles de perturber des écosystèmes fragiles.
"Les sites inscrits au Patrimoine mondial occupent 0,5 % de la surface de la Terre. Si nous ne sommes pas capables de protéger cette toute petite partie de notre planète, qui peut penser que nous serons capables de protéger le reste ? " relève Pascal Canfin, directeur général du WWF France.
Dans un communiqué, le WWF exhorte aujourd'hui "les gouvernements nationaux à interdire toute activité industrielle pouvant avoir un impact sur la valeur universelle exceptionnelle des sites du Patrimoine mondial. Ils doivent notamment soumettre les multinationales aux normes les plus strictes en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE)."
"Ce que nous attendons des gouvernements et des entreprises, c'est qu'ils privilégient la création de valeur à long terme à une quête de profits à court terme et respectent le statut de ces lieux magiques. Les entreprises doivent s'engager à ne plus exercer d'activité susceptible de dégrader les sites du Patrimoine mondial et les investisseurs à cesser de financer tout projet ou toute entreprise impliquant une activité de ce type. Il est indispensable de se détourner des activités industrielles néfastes pour s'orienter vers des alternatives durables qui nous permettront à la fois de valoriser et de préserver ces sites qui sont sources de bénéfices économiques et non-économiques pour les populations locales mais aussi et plus largement pour nous tous" explique Marco Lambertini, directeur général du WWF International.
Protéger la nature pour protéger les Hommes
La protection de l'environnement mais également celle des populations est en effet en jeu. Selon le WWF, plus de onze millions de personnes, l'équivalent de la population du Portugal, dépendent des 114 sites menacés pour subvenir à leurs besoins, se loger, se soigner, travailler.
"Ces activités industrielles néfastes ont des impacts longs voire irréversibles. Elles sont particulièrement inquiétantes parce qu'elles affectent la durabilité des ressources dont les communautés locales ont besoin pour survivre. Elles sont aussi un risque pour leur santé, leur sécurité mais aussi leur bien-être" explique la rapport qui prend l'exemple particulièrement frappant du Réseau de réserves du récif de la barrière du Belize qui a été inscrit à la Liste du Patrimoine mondial en péril en 2009. Son inscription est due à la construction de stations balnéaires et de logements sur son territoire, construction qui s'est souvent accompagnée d'un défrichement massif des mangroves. D'autres menaces telles que la conversion des sols et l'octroi de concessions pétrolières ont conforté le classement du site sur la liste des sites en péril. Plus de la moitié de la population du Belize, soit 190 000 habitants vivant du tourisme et de la pêche seraient aujourd'hui menacés.
"Le temps est venu de reconquérir notre capital naturel qui est la base de notre économie car il n'y a pas d'un côté les enjeux de la biodiversité et d'un autre les enjeux économiques" explique Pascal Canfin. Oeuvrer pour la protection de l'environnement contribue à la fois à la stabilité sociale, à la croissance économique et au bien-être de chacun.
Cliquez ici pour lire le rapport du WWF "Protéger les Hommes en préservant la Nature. Les sites naturels du patrimoine mondial comme moteur d'un développement soutenable"
Stella Giani