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Max | M Train

Publié le 06 avril 2016 par Aragon

patti88.jpgElle écrit comme elle respire. Écrire c'est respirer. Ce n'est pas dire. La vie tient à ça, parfois. Faut vouloir respirer, donner un coup de pied au fond après avoir coulé, remonter à la surface, respirer. Écrire.

Il n'est quasiment question, disent les Inrocks1061 et TRA3455, que d'écrivains dans son bouquin. La Beat, Burroughs, Genet, Murakami...

Ça commence par un rêve où un mystérieux cow-boy lui dit que "ce n'est pas si facile d'écrire sur rien". Alors elle écrit sur les petits riens de son existence, ses chats, les cafés qu'elle affectionne, les chambres d'hôtel, son pain complet trempé dans une soucoupe d'huile d'olive avec un peu de fleur de sel, son amour pour les séries policières, son frangin tant aimé, mort, Fred,son "jumeau-mentor-amant" tant aimé, mort, son mari, père de ses deux enfants, mort,c'est profondément mélancolique.

Ce bouquin, disent ces critiques, a des allures de testament sans jamais sombrer dans le pathos et c'est là que je prends le train avec elle, comme vous le ferez sans doute aussi. Je le prends par anticipation car je ne l'ai pas encore acheté, n'ai lu aucune ligne, mais je sais, je sais déjà... lire ces papiers, ces critiques, me font embarquer... parti pour le trip le mec, sans bagages, obligatoire. Deux mots et je suis barré, c'est fou quand même quand j'y pense. C'est vrai que miss Smith me colle à la peau depuis si longtemps, je ne pouvais pas rester sur le quai.

M-Train-Patti-Smith.jpg88.jpgblog.jpg

Quelques images toutes simples, zébrantes, déflagrantes, lumineuses : ce cow-boy étrange qui réapparaîtra plusieurs fois dans ses rêves, cet instant au Mexique où elle boit une tequila dans un café, ferme les yeux et voit un train vert avec un M à l'intérieur d'un cercle, le même vert décoloré que le dos d'une mante religieuse. Pas beau ça !  Si on avait bu ensemble je lui aurait parlé de ces autres M dans des cercles, autres mantes religieuses inquiétantes : M de la Marque Jaune d'Edgar P.Jacobs, celui du "maudit" de Lang, mais le sien est fort, sacrément fort, car c'est dans un train que ça se passe, et les trains sont trains, roulent tous à des trains d'enfer. Le train c'est la vie. J'en ai beaucoup parlé dans ce blogue.

Elle écrit comme elle respire et sa respiration écrite porte un regard immense, douloureux et joyeux sur les êtres. Plein de tendresse, d'amour infini. C'est la statue de Nikola Tesla qui lui parle à présent dans une rue de Manhattan, qui lui dit "qu'elle a perdu sa joie, qu'il faut la retrouver... que sans joie nous sommes morts... qu'il faut trouver ceux qui l'ont, se baigner dans leur perfection..."

Comme à la Claire Fontaine, elle se baigne Patti...


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