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« Bloguer, ça sert à rien ».

Publié le 06 avril 2016 par Mister Gdec

Il y a quelques jours, un lecteur anonyme a cru bon de me signifier tout le mal qu'il pensait de mon blog, et de l'inutilité qu'il y avait à empiler des centaines et des centaines d'articles en pure perte. Lancer dans le vide ces kilomètres de lignes de texte dont on n'est même pas sûr qu'elles soient lues lui apparaissait totalement inefficace et sans intérêt. Et comme l'époque est au cynisme et à la raillerie facile il ne 'en est pas privé. Il a le droit de le penser, comme j'ai le droit quant à moi de penser tout autre chose. Depuis que ce blog existe, c'est à dire depuis près de 8 ans., je m'astreins à une discipline de fer pour écrire au moins un billet par jour, et plus idéalement 3 selon les les périodes et la disponibilité que me laissent mes occupations personnelles. Depuis que je suis sans emploi, cette passion personnelle m'aide de surcroit à me sentir utile, m'oblige à un minimum de discipline, à garder le rythme, et parfait mes compétences rédactionnelles. Cela m'a donné également le souci et le goût de l'argumentation, ce qui me sera profitable pour tout un tas d'autres activités, et notamment professionnelles. Ma connaissance de certains sujets devient en outre de plus en plus pointue, ce qui n'est pas anodin. Sur mes deux registres de prédilection, la politique et les droits humains, mes capacités d'analyse s'affinent, se complexifient, se nuancent. Mon regard critique sur les médias s'est considérablement approfondi. Ma perception du monde, du jeu de ses acteurs, et mon appréhension du paysage sociétal se sont accrus. Mais bien sûr, mon lecteur malveillant a raison, tout cela ne sert à rien : ça n'a aucune prise sur le monde, et ne me rapporte rien. Ce travail si personnel et intérieur de produit que des richesses personnelles inquantifiables, qui échappent à la logique marchande devenue seul maître étalon de ce monde. Il n'y a là qu'un travail intérieur qui agit sur mes petites aspérités personnelles. Le goût de l'effort, la curiosité et la stimulation intellectuelle, la patience, la maturation de mes silences pour en extraire des fruits plus mûrs et juteux que n'en auraient produit des réactions plus spontanées, tout cela en effet pour un regard extérieur purement matérialiste ne sert franchement à rien. Sauf à grandir, à mûrir, évoluer, et à ne pas se contenter des opinions de bistrot, de la pensée pré-mâchée et pré-digérée ainsi que des information qu'on nous sert sur un plateau de télé, de radio, ou dans des journaux de moins en moins bien écrits qui de surcroît respectent si peu leurs lecteurs, et l'orthographe. Et tout cela, la production la moins visible de cette activité si ingrate qu'est le fait de bloguer, elle est purement et extraordinairement intérieure. Il m'est donc surprenant de me voire dire ou écrire par des gens qui n'en font pas même l'effort, celui de se remettre en question chaque jour et de s'exposer ainsi publiquement, et donc oser commettre des erreurs (comme disait ma grand mère, quand on ne fait rien, on ne risque rien...) que ce que j'écris, c'est au mieux du vide, au pire de la merde. Ces lâches qui se sentent si forts derrière la protection illusoire de leur clavier ne devraient attirer que ma profonde indifférence. Mais je n'ai vraiment pas de bol : il me reste encore une dose personnelle de sensibilité. Que j'entends bien garder. Alors, face à la malveillance gratuite de certains, juste les effacer, les jeter à la corbeille, ou les balancer dans la catégorie des indésirables. Apprendre, enfin, à se protéger de la bêtise crasse d'une minorité sans intérêt, qui aura beau jeu ensuite de me qualifier de censeur alors qu'elle aura entamé ce qui aurait du être un dialogue par de l'agressivité, du mépris, ou des insultes. Cela aussi, bloguer me l'aura appris : gérer sans état d'âme la bêtise humaine. Et cela aussi, dans la vie, ça peut servir.


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