Depuis son premier long métrage, Frankie, mais aussi dans son très beau et trop méconnu second film, Pieds nus sur les limaces la cinéaste Fabienne Berthaud s'intéresse de près aux personnages brisés, en s'efforçant à leur trouver un rai de lumière au cœur des situations les plus brutales ou désespérées.
C'est encore le cas de SKY, son nouveau film avec à l'affiche Diane Kruger, Norman Reedus, Gilles Lelouche, Lena Dunham et Q'Orianka Kilcher, sort en salles ce mercredi 6 avril et que j'ai eu la chance de voir en séance de 22 heures lors de ma première journée passée vendredi dernier au Festival de Beaune du film Policier.
On peut comme certains festivaliers se sont interrogés sur la pertinence de la présence du film dans un festival du film policier, vu qu’à part les 20 premières minutes ( que je ne vous dévoilerai d’autant moins que rien n’y est montré dans la bande annonce, la surprise pour une fois étant plus axée sur le début du film que sur la fin c’est une des originalités du long métrage de Berthaud), il n’y aura pas l’ombre d’une intrigue policière à proprement parler, sky étant bien plus un road movie ou une chronique féministe qu’un film policier, contrairement à Thelma et Louise auquel le film pourrait faire penser pour sa virée dans l’ouest sous le regard de femmes.
Cela dit, contrairement au film de Ridley Scott, il ne s’agit pas de révoltes de deux femmes, mais bien d’un portrait d’une seule, à travers une bouleversante héroïne dont la cinéaste dévoile avec subtilité fissures et fragilités.
Et cette héroïne est jouée par la magnifique et très douée Diane Kruger, qui après ces fameuses vingt premières minutes se retrouve totalement seule dans une traversée échevelée et sans but précis de l’Ouest américain.
Et pour qui est fasciné par ce territoire et surtout pour qui, comme moi l’a déjà visite, ce "Sky" distille tout un long un charme certain et très tenace, que les quelques flottement dans le scénario n’altéreront en rien, bien au contraire tant cela contribue à coté mouvant et imprévisible de cette ballade magnifiée par superbe lumière signée Nathalie Durand qui capte avec beaucoup de talent. La beauté des décors naturels.
Fabienne Berthaud filme avec un beau regard le désert, le ciel et la nature sans que son film ne vire au contemplatif ennuyé. Au contraire, Sky est un film viscéral qui palpite autant que le cœur de son héroïne.
Cette belle héroine est donc jouée par une Diane Kruger qu’on n’a jamais vue aussi investie dans un rôle. Pour sa troisième collaboration avec sa cinéaste fétiche, Kruger, parfois cantonnée à des rôles de jolies silhouettes peu incarnées (comme dans le récent "Maryland") passionne comme rarement, pour ne pas dire comme jamais, dans ce role d’une femme un peu paumée, mais qui cherche à travers sa ballade américaine comment se reconstruire.
Et le duo qu’elle forme à mi parcours un Norman Reedus (mais dont j’ai vite appris à Beaune que c’était l’acteur fétiche de la série The Walking Dead et qu’il avait ses fans) touche et émeut profondément.