Madame H. : Nous sommes tous une peau à la recherche d’une autre peau. Moi, j’adore chercher et j’adore trouver. Je veux continuer à jouer. Les gens sont vieux quand ils ne peuvent plus jouer. Moi, je suis contre la vieillesse. Je me sens si bien. J’ai des fourmis dans les jambes. J’ai envie de mordre et de manger. J’ai envie de tourner sur mes talons, de faire voler ma robe à l’horizontale, qu’on voie mes jambes, mes jambes, c’est ce que j’ai de mieux, mes jambes, avec mes cheveux.
Patrizia : On ferait mieux d’arrêter ici. Dans deux semaines vous voudrez une robe à fleurs, des socquettes roses et des sous pour acheter une barbe à papa.
Madame H. : Quoi qu’il arrive, j’ai une dette envers vous.
Patrizia : 75’000 Euros hors taxes.
Madame H. : Je ne parlais pas en Euros.
Patrizia : Vous parliez en quoi alors ? En chameaux ?
Madame H. : Vous allez rentrer chez vous.
Patrizia : Dans deux semaines. Je suis fatiguée.
Madame H. : Il faudra trouver un appartement.
Patrizia : Et du travail.
Madame H. : À Lecce.
Patrizia : Oui, à Lecce. Avec mon fils.
Madame H. : C’est triste.
Patrizia : Je vous demande pardon ?
Madame H. : Vous avez devant vous une vie immense.
Patrizia : Une cuisine, une salle de bains plus un salon et deux chambres.
Madame H. : Vous ne voulez pas rêver plus grand ?
Patrizia : Je veux pas rêver. Je veux un appartement.
Madame H. : Et votre fils, il voudrait peut-être un jardin ?
Patrizia : Paolo n’a pas encore deux ans.
Madame H. : Un jour, il aura votre âge.
Patrizia : Et alors ?
Madame H. : Et alors ? Il sera comme vous, exactement comme vous à 23 ans : diplômé, sans emploi et à la recherche d’un appartement. Vous pourriez lui proposer autre chose, vous pourriez vouloir autre chose, non ?
Patrizia : Vous cherchez une femme de ménage ?